De nombreux individus arrêtés en flagrant délit et des locaux publics incendiés Le ministère de l'Intérieur (MI) a décidé de décréter un couvre-feu dans tous les gouvernorats du pays de 20h00 à 05h00, et ce, à partir du vendredi 22 janvier. Dans un communiqué publié sur sa page « Facebook », le MI indique que toute violation de cette mesure sera passible de poursuites judiciaires. Les seuls cas tolérés sont les urgences médicales et les travailleurs de nuit, lit-on dans le même communiqué. Cette mesure a été prise face à la poursuite des protestations et à la détérioration de la situation suite aux violences et aux actes de saccage auxquels se livrent les manifestants. Routes fermées Ainsi, la route entre les échangeurs de la ville de Hammam-Lif nord et sud, au niveau de la route nationale n°1, sera fermée dans la nuit de vendredi à samedi (22 et 23 janvier 2016), à partir de 22h00 jusqu'à 2h00 du matin, a annoncé hier dans un communiqué la direction générale de l'équipement de Ben Arous. Les usagers de la route ont la possibilité d'emprunter les deux échangeurs à travers l'avenue Farhat Hached, tout en respectant la signalisation routière. La fermeture de la route entre les deux échangeurs de Hamma-lif s'insrit dans le cadre du projet de sécurisation de la circulation sur la route nationale n°1. De leur côté, des protestataires pacifiques ont bloqué hier la route nationale n°8 au niveau du tronçon Mnihla-Centre commercial «Géant». Ils revendiquaient de meilleures conditions de vie et le droit au logement social. Les forces de l'ordre s'emploient à convaincre les manifestants d'ouvrir la route, selon le chargé de l'information au sein du ministère de l'Intérieur, Walid Louguini. Une vague de protestations a gagné, ces derniers jours, plusieurs régions du pays, suite au décès du jeune Ridha Yahyaoui, mort électrocuté alors qu'il participait à une manifestation en réaction à la suppression de son nom de la liste publiée par la commissariat régional à l'éducation de Kasserine. Depuis, des affrontements entre protestataires et sécuritaires se poursuivent dans différentes régions du pays dont la capitale. Locaux publics incendiés... A Kairouan, des groupes d'individus ont attaqué, dans la nuit de jeudi à vendredi, le siège des Douanes et y ont mis le feu, ont indiqué des sources sécuritaires et des témoins au correspondant de la TAP dans la région. Les assaillants ont également pris d'assaut deux dépôts, ont précisé les mêmes sources. Les forces sécuritaires ont été dépêchées sur les lieux et ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les assaillants et maîtriser la situation. Les flammes ont ravagé les lieux et ont détruit également deux véhicules appartenant aux services des Douanes, selon les mêmes sources. Des individus arrêtés pour pillage Les unités de la Garde nationale ont arrêté 10 individus à bord de deux camions chargés de marchandise volée dans l'entrepôt de la douane dans la région, a indiqué, Khalifa Chibani, chargé de l'information et de la communication à la Direction générale de la Garde nationale. Plusieurs personnes ont pris d'assaut, jeudi, le siège de la douane à Kairouan où ils ont pillé le contenu et y ont mis le feu avant de brûler deux de ses entrepôts, selon des témoins oculaires et des sources sécuritaires dans la région. Seize autres individus ont été interpellés à l'aube par les unités de la Garde nationale pour vol et pillage d'un certain nombre de commerces à Cité Ettadhamen à Tunis. A Gabès, des groupes de jeunes ont bloqué, dans la nuit de jeudi à vendredi, les artères principales de la ville de Gabès et ont mis le feu à des pneus provoquant une perturbation de la circulation. Des jeunes ont également pris d'assaut le dépôt municipal de Gabès. Des habitants de la région ont condamné ces actes de vandalisme et de violence, rappelant l'objectif des protestations, à savoir revendiquer le droit au développement et à l'emploi, a constaté le correspondant de la TAP dans la région. Les actes de violence condamnés A Sidi Bouzid, des groupes de jeunes dans les délégations de Regueb, Meknassi, Jelma et Bir Lahfay, ont poursuivi, dans la nuit de jeudi à vendredi, leur mouvement de protestation pour revendiquer le droit au développement et à l'emploi. Dans la délégation de Jelma, les protestataires ont bloqué la route nationale n°3, et à Meknassi les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants qui attaquaient avec des jets de pierres. A Regueb, des groupes de protestataires ont mis le feu à des pneus à la place du Martyr, provoquant une perturbation de la circulation au niveau de la route reliant les délégations de Regueb et de Saiida. La coordination régionale du Front populaire à Sidi Bouzid, a appelé, dans un communiqué, les forces sécuritaires et militaires à assurer la protection des établissements publics et privés, tout en affirmant que le mouvement de protestation pacifique est un droit garanti par la Constitution. Le Front populaire a condamné dans ce même communiqué les actes de violence et de pillage perpétrés lors des mouvements de protestation. Le Front populaire appelle, dans ce même ordre d'idées, le gouvernement à assumer sa responsabilité face à la détérioration de la situation générale, qui selon le communiqué, est le résultat d'un échec du processus de développement adopté. Au Kef, des jeunes de la ville de Tajerouine ont attaqué, dans la nuit de jeudi à vendredi, le siège du district de la sûreté nationale dans la ville, ont pris d'assaut un espace commercial dans la région et ont bloqué, avec des pneus en feu, les artères principales de la ville. Une source sécuritaire dans la région a précisé que des assaillants ont attaqué le siège du district de la sûreté nationale avec des cocktails molotov. Les forces sécuritaires ont réussi à rétablir le calme hier matin, selon la même source. Tentatives d'attaques planifiés A Béja, les ouvriers de la sous-traitance relevant de la direction régionale de Tunisie Télécom ont observé hier un sit-in de protestation devant le siège de la direction pour revendiquer leur intégration au sein de Tunisie Télécom et ne pas mettre fin à leur contrat de travail, a indiqué Temim Selmi, secrétaire général du syndicat de base de Télécom. Les ouvriers de la sous-traitance à Tunisie Télécom sont constamment menacés de la fin de leur contrat, a ajouté la même source, précisant que 20% sont généralement «renvoyés» chaque année. Il a appelé à intégrer ces ouvriers qui sont moins de 30 personnes et prendre en considération leurs efforts fournis durant la période de travail au sein de Tunisie Télécom. Des employés de Tunisie Télécom ont exprimé leur solidarité avec les ouvriers de la sous-traitance lors de ce sit-in de protestation. A Nabeul et Hammamet, les forces sécuritaires ont mis en échec, dans la nuit de jeudi à vendredi, des tentatives d'attaque planifiées par des groupes d'individus qui tentaient de prendre d'assaut des biens publics et privés dans ces villes, ont indiqué des sources sécuritaires au correspondant de la TAP dans la région. Des groupes d'individus cagoulés se sont rassemblés, tard dans la nuit de jeudi à vendredi, à proximité des locaux de commerce, dans des zones à Hammamet et à Nabeul et ont mis le feu à des pneus pour mener des actes de vandalisme et de pillage, a précisé la même source. Nuit de colère Dans le gouvernorat de Sfax, les unités de la garde et de la police nationales ont déjoué, dans la nuit de jeudi à vendredi, des tentatives de violence dans les délégations de Mahrès, Agareb et Menzel Chaker, ont indiqué des sources sécuritaires au correspondant de la TAP dans la région. Des groupes de délinquants ont mis le feu à des pneus au niveau des artères principales de la ville et ont provoqué une perturbation de la circulation. Le porte-parole du district de la garde nationale à Sfax, Foued Hamdi, a souligné que les forces sécuritaires ont empêché, avec le soutien des habitants hostiles aux actes de violence, les groupes de délinquants de s'introduire dans le district de la garde nationale et du dépôt municipal à Mahrès. L'intervention des représentants de la société civile aux côtés des forces de la garde nationale a permis de lever le sit-in observé au niveau de l'artère principale dans la délégation de Menzel Chaker. D'autre part, différents établissements publics à Skhira (gouvernorat de Sfax) à l'exception du bureau de poste et des établissements éducatifs, ont été fermés, hier vendredi, par des protestataires, a constaté le correspondant de la TAP dans la région. Une délégation représentant ces manifestants s'est déplacée pour rencontrer le gouverneur de Sfax, Habib Chaouat. Selon des protestataires, les négociations ont été axées sur l'impératif de déterminer une date pour proclamer les résultats du concours sur dossier pour le recrutement au sein de la société tuniso-indienne des engrais «Tifert». Vol et pillage A l'Ariana, des protestataires ont bloqué, hier matin, la route reliant la localité El Bokri, relevant de la délégation de Sidi Thabet (gouvernorat de l'Ariana) et un centre commercial sur la route de Bizerte pour revendiquer l'emploi et le développement, ont indiqué des sources sécuritaires à la correspondante de la TAP dans la région. «La fermeture des routes a causé la perturbation du trafic routier, alors que des unités de la garde nationale ont tenté de disperser les protestataires», ont précisé les mêmes sources. Le chargé de l'information au ministère de l'Intérieur, Walid Louguini a déclaré à la TAP que les forces de sécurité ont tenté de convaincre les protestataires de lever le sit-in. Les affrontements entre les protestataires et les unités de la garde nationale ont repris dans la région Ennogra à la cité Ettadhamen et El Intilaka. Le délégué de la cité Ettadhamen Hosni Larguet a affirmé à la correspondante de la TAP que cette région a connu hier soir, des opérations de vol et de pillage des banques et quelques locaux commerciaux. Après des affrontements, jeudi soir, entre des jeunes et les forces de l'ordre, un calme précaire régnait hier dans la localité de Mnihla. Par ailleurs, le porte-parole de la Garde nationale, Khélifa Chibani a indiqué que 16 personnes ont été arrêtées dans le gouvernorat de l'Ariana, suite aux incidents survenus jeudi soir, à la cité Ettadhamen, ajoutant que des patrouilles sécuritaires mènent des opérations de ratissage dans les cités Ettadhamen et El Intilaka. A Médenine, le calme est revenu, hier vendredi matin, dans la ville de Médenine. Les établissements administratifs, économiques et éducatifs ont repris leurs activités ordinaires, après une vague de protestation jeudi, pour revendiquer l'emploi et le développement. Des tentatives de vol de voitures et de pillage ont été enregistrées dans la région et des affrontements ont eu lieu entre des protestataires et des forces de l'ordre qui ont fait usage de bombes lacrymogènes pour assurer la protection des biens publics et privés. A Ben Guerdane, un sit-in a été organisé par des jeunes sans emploi devant la délégation avec la participation des composantes de la société civile, d'organisations et de plusieurs partis. Ces jeunes protestataires ont appelé le gouvernement à «traiter le dossier de l'emploi qui a été marginalisé», tout en optant pour la ségrégation positive en faveur de la région. Ils ont également appelé à la mise en œuvre des projets décidés en faveur de la région, outre le traitement des dossiers de la corruption.