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Francophonie : Pourquoi l'Afrique anglophone cartonne alors que la francophone stagne?
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 06 - 2021

L'Afrique évolue à deux vitesses. Il y a, d'un côté, l'anglophone qui cartonne et, de l'autre, la francophone qui peine à suivre.
Le constat est, on ne peut plus, édifiant. Selon le dernier classement établi par la Fondation Mo Ibrahim pour la bonne gouvernance, les pays qui occupent la tête du peloton en matière de croissance et de développement humain sont tous anglophones. Il s'agit de l'Ile Maurice, du Cap Vert, du Botswana, de l'Afrique du Sud, de la Namibie, des Seychelles et du Ghana. Alors que ceux qui ferment le classement sont majoritairement francophones.
L'écart séparant les deux Afriques est, de surcroît, perceptible à travers divers indicateurs. Selon le Fonds monétaire international (FMI), les pays anglophones ont longtemps expérimenté une croissance de 6 à 7%. Entre 2010 et 2020, leur croissance a été à deux chiffres, hors produits pétroliers.
Alors que les pays de la Zone franc, à savoir les huit membres de l'Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) et les cinq Etats de la Cemac (Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale) ont enregistré une croissance moyenne beaucoup plus faible, durant la même période, passant de 3,4% en 2009 à 4,9% en 2020.
Abondant dans le même sens, les différents rapports Doing Business des dernières années notent que le climat des affaires chez les anglophones d'Afrique subsaharienne était et l'est «nettement plus propice».
Environnement des affaires : les anglophones sont les meilleurs
Les mêmes documents soulignent que les quatre meilleurs réformateurs de leur environnement d'affaires sont anglophones. L'Ile Maurice, le Rwanda, le Botswana et l'Afrique du Sud dépassent même les pays du Maghreb, en l'occurrence la Tunisie et le Maroc qui occupent respectivement à la cinquième et sixième position.
Un autre indicateur qui n'est pas des moindres: le premier TGV (Train à grande vitesse) de l'Afrique de l'Ouest n'a pas vu le jour dans un pays francophone, mais plutôt au Nigeria, pays du Commonwealth (organisation intergouvernementale composée de 53 Etats membres qui, pour la plupart, sont d'anciens territoires de l'Empire britannique).
Que disent les géopoliticiens ?
S'attardant sur les raisons de ce «retard accusé par les Africains d'expression française par rapport à ceux d'expression anglaise», des géopoliticiens de renommée mettent en cause plusieurs facteurs.
Pour le professeur béninois des Relations internationales à l'Institut Pratique du journalisme de France (IPJ), Francis Laloupo: «A l'origine de cet écart, il y a le politique et par conséquent l'économique et le culturel».
«Les anciennes colonies françaises ne se sont pas bien préparées à l'Indépendance», explique-t-il.
Ces pays peinent toujours, selon lui, à s'assurer une autonomie complète. Ce qui explique, en partie, les incessants déplacements de certains chefs d'Etats à destination de Paris.
La dépendance de ces pays d'Afrique francophone à l'égard de la France est régie, note Laloupo, par un « pacte colonial qui sert en premier les intérêts français».
Franc CFA arrimé à l'euro
«Au plan économique, le Franc CFA, hérité de la colonisation et qui est arrimé à l'euro, ne permet pas aux Etats africains francophones de mener une politique monétaire correspondant à l'état de santé de leurs économies respectives. Car le Fcfa est piloté à partir de la Banque centrale européenne (BCE) qui reçoit les réserves des pays de l'Uemoa et de la Cemac», détaille le géopoliticien.
Ce handicap de taille empêche, dit-il, l'industrialisation des pays francophones qui se contentent jusque-là d'une économie de services peu rentable, à grande échelle.
«Si le Nigeria pèse lourd, aujourd'hui, sur le plan économique et à l'échelle continentale et mondiale, c'est parce qu'il a très tôt investi dans l'industrialisation ainsi que dans la migration d'une économie de consommation vers une autre de transformation », fait observer le géopoliticien, soulignant qu'il est beaucoup plus facile de créer une entreprise dans un pays anglophone que dans un Etat francophone. Les francophones ayant hérité d'une «bureaucratie assassine».
Mieux armés pour la mondialisation
Volet culturel, Laloupo estime que les anglophones sont mieux armés pour la mondialisation, vu que la langue de Shakespeare domine le monde. « D'autant qu'ils disposent d'un système éducatif mieux ouvert et plus adapté au marché de l'emploi », poursuit-il.
De son côté, Michel Galy, politologue spécialiste de l'Afrique et professeur à l'Institut Libre d'Etude des Relations internationales (Ileri), rattache l'écart séparant les deux Afriques aux systèmes politiques hérités de la période coloniale.
«Il ne faut pas oublier que le système britannique, dont ont hérité les anciennes colonies de la Grande-Bretagne, adopte le régime parlementaire, ce qui garantit une large participation dans la prise de décisions nationales», affirme-t-il.
De ce point de vue, Galy pointe la longévité au pouvoir «des Kabila en République démocratique du Congo, des Nguesso au Congo Brazzaville et des Gnassingbé au Togo, entre autres». De telles situations ne font qu'entretenir, selon lui, les mêmes pratiques, d'autant qu'elles favorisent le maintien des mêmes réflexes et habitudes largement en déphasage avec les profondes mutations que connaît le monde.
Pour le politologue et professeur en géopolitique, le chiffre de plus de 50 interventions militaires françaises en Afrique subsaharienne en près de cinquante ans dira mieux sur l'état de santé des pays francophones, sur les plans politique, économique, social et culturel.
Présageant, au demeurant, un bon réveil de l'Afrique francophone, Galy note que les opinions publiques qui ont donné de la voix ces dernières années pourraient déclencher un processus de changement dans ces contrées africaines qui cherchent encore une place dans le concert des nations.


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