Des renseignements étaient parvenus depuis janvier dernier à la direction des enquêtes douanières annonçant l'arrivée de la cargaison depuis le port de Gênes. Un guet-apens a été ingénieusement organisé, dans le plus grand secret, par un nombre très restreint d'enquêteurs. Deux ressortissants belges et une Tunisienne ont été à ce jour arrêtés. Pour une première, c'en est une : un citoyen belge impliqué dans une affaire de trafic d'armes introduites sur le sol tunisien dans un conteneur via le port de Radès. Les services douaniers se sont distingués dans cette affaire puisqu'à la suite de renseignements parvenus en janvier dernier faisant état d'une tentative d'intrusion d'armes sur le sol tunisien par un étranger via le port de Radès, ils ont mis au point un guet-apens qui a permis de débusquer, mardi dernier, le passeur belge pris en flagrant délit. Les instigateurs du coup de maître, un groupe très restreint de responsables douaniers avec l'aide des services de renseignements notamment, ont suivi la morbide cargaison depuis le port de Gênes où elle a été embarquée jusqu'à sa destination finale à Nabeul, où elle devait être entreposée, via le port de Radès. Selon le directeur général de la douane, Adel Ben Hassen, et le colonel-major Wahid Saïdi, chef de la direction des enquêtes douanières, le conteneur n'a pas été volontairement saisi au port de Radès parce que « nous voulions débusquer l'ensemble du réseau, s'il y en a, et connaître toutes les personnes impliquées dans cette affaire ». Un arsenal de guerre Outre des effets personnels et autres matériels, le conteneur était chargé d'un arsenal de guerre et d'autres équipements sophistiqués. Selon la brigade des enquêtes douanières, le conteneur comptait notamment un fusil-mitrailleur, des revolvers et un millier de cartouches de différents calibres, d'autres armes démontées, un drone, des équipements de plongée sophistiqués, sept passeports étrangers, sept bombes à gaz paralysant et trois véhicules miniatures téléguidés. Mais encore : des faux bijoux. Mardi, un ressortissant belge et un deuxième ressortissant étranger ont été arrêtés. Le premier, résidant dans la capitale du Cap Bon, aurait prétendu avoir l'intention de monter à Nabeul une affaire de fabrication et de vente de faux bijoux. L'enquête qui suit toujours son cours a révélé que le conteneur appartient à un Belge, résidant à Nabeul, opérant dans l'import-export et bénéficiant du régime entrepôt douanier. Hier matin, c'est une femme tunisienne qui a été interpellée. Elle aurait des liens avec les deux étrangers qui possèdent deux yachts amarrés à la marina de Yasmine-Hammamet. La femme aurait passé la nuit sur l'un des yachts en question. Sept passeports étrangers : pour qui ? Le suspect belge a prétendu chercher à s'armer pour se protéger et se défendre. Contre qui ? Contre quoi ? L'enquête suit son cours pour savoir à qui étaient destinées ces armes et à quoi devaient servir les équipements de plongée sous-marine. Une autre énigme à éclaircir : d'où viennent les sept passeports trouvés en sa possession et à qui devaient-ils servir ? Au cours d'une conférence de presse tenue hier, le directeur général de la douane a tenu à souligner que les services douaniers sont eux aussi engagés dans la guerre contre le terrorisme au même titre que les forces armées et sécuritaires. Une autre question se pose : y a-t-il un lien entre cette grosse affaire de trafic d'armes impliquant des étrangers, et sans doute des Tunisiens, et l'imminence de l'intervention militaire occidentale en Libye? La concomitance peut-elle être fortuite ?