Il est doté d'une solide vision politique. Il n'est pas resté figé dans son passé de militant de gauche. Jalel Ben Brik Zoghlami est un éternel agitateur mais en phase avec son présent et qui a la capacité d'anticiper sur le déroulement des évènements. Il prend goût à faire bouger les lignes et il gagne à tous les coups. Car ses prévisions s'avèrent justes. Il appartient à une espèce rare de politiciens. Ceux qui ne font pas de la politique pour le business mais par amour de la patrie et des Tunisiens. Il peut être aussi fervent que Nasser et aussi efficace que Sadate, aussi volontaire que Tito et aussi rusé que Bhutto, aussi épique qu'un de Gaulle et aussi réaliste qu'un Helmuth Schmidt, aussi cultivé qu'un Senghor et aussi « sorcier » qu'un Houphouët. Parfois, il apparaît sous le signe du magicien, et parfois avec la règle la plus stricte. Ses publications effectuées des jours avant l'activation de l'article 80 de la Constitution par le Chef de l'Etat témoignent de sa grande capacité à anticiper sur les évènements. Dans un post intitulé « La 2e révolution à nos portes! Ne la ratons pas ! », il écrit que « la situation s'ouvre grandement et d'une façon imminente à la deuxième révolution tunisienne...et les révolutionnaires avec les masses qui se soulèveront doivent cette-fois saisir son moment exact, ne pas tarder ou décaler de jours ou mois/années comme ce fut le cas en février 2011, février 2013 et août 2013, jusqu'au moment de la victoire d'une révolution, il ne s'agit pas d'un mouvement d'intensification linéaire, de sorte par exemple que, dans une évolution favorable au prolétariat, la situation après-demain soit nécessairement meilleure que demain, etc. Il faut dire au contraire qu'à un certain moment, la situation exige une décision, pour laquelle après-demain il sera peut-être trop tard». Et de poursuivre dans un autre post : « Ces jours-ci, notre 2e révolution est possible. Colonialistes en Tunisie, vous ne réussirez pas à imposer le scénario Al Sassi d'Egypte ; et on n'acceptera pas le scénario de 2013, celui d'une conciliation faussement nationale qui donne le pouvoir aux nahdhaouis salafistes et aux benalistes ripoux». Mais quelles sont les tâches urgentes aujourd'hui pour la révolution ? Jalel Ben Brik Zoghlami dresse la feuille de route. « Après avoir balayé les nahdhaouis et enterré le Parlement et le gouvernement de criminels et de traîtres ! Les actions les plus urgentes dans les premiers jours doivent concerner la protection de la révolution et son immunisation contre les renégats et ce en instituant les noyaux de la nouvelle gouvernance. Nous avons également besoin d'un instrument politique qui mobilise les masses à les exhorte à imposer le programme de la révolution, qui est national et vise la justice sociale. Par conséquent, dès aujourd'hui, nous devons : 1/ Instituer l'autorité des localités populaires dans les villages, les zones rurales et les quartiers populaires, de manière à les coordonner en conseils régionaux pour aboutir à l'Autorité populaire nationale. 2/ La mise en place du bras politique, qui est un rassemblement des forces révolutionnaires au sein de l'Union Belaïd / Brahmi pour la justice sociale et l'émancipation. Car pour lui, « le peuple veut, a voulu et accompli à Tozeur, à Jebaniana, à Sousse et Béja, et bien sûr au Bardo… Il a balayé Ennhadha et sa ceinture gouvernementale. Maintenant, nous appelons les masses dans leurs localités à accomplir leurs conseils de gouvernance! Nous appelons le Président de la République et la direction de l'Ugtt à s'unir pour former un gouvernement populaire national adossé aux conseils de gouvernance », souligne-t-il. Il adresse aussi un message au Chef de l'Etat : « S'il vous plaît, ne sauvez pas Ennahdha car si vous le faites, il vous croquera et après avoir affamé le peuple, il l'écrasera ». Sur un autre plan, Jalel Ben Brik Zoghlami, qui n'a pas la langue dans sa poche, tire à boulets rouges sur tous ceux qui se sont dressés contre les décisions de Saïed, même parmi ses anciens camarades. C'est ainsi qu'il a épinglé « Yadh Ben Achour (qui) s'est exprimé à La Presse avec arrogance, contre la révolution de notre peuple et notre Président ». La réponse de Yadh Ben Achour qui considère que «le recours à l'article 80 est un simple alibi qui ne peut tromper que les gens naïfs» irrite Jalel qui répond : « … avant que notre cher Président aie recours à cet article, ce sont les jeunes révolutionnaires avec des vieux radicaux qui ont appelé le Chef de l'Etat à activer ces dispositions et ce depuis plusieurs mois … » et d'ajouter que « le moins intelligent de ces jeunes maîtrise au moins quatre langues ; et toi, tous tes confrères savent que t'es pauvrement unilingue… Le plus jeunes étudiant en 1ère année droit, si t'acceptes un débat public, t'écrasera dans ton domaine », a-t-il asséné.