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Deux monstres s'en vont
Egypte
Publié dans La Presse de Tunisie le 18 - 02 - 2016

En vingt-quatre heures à peine, la terre des Pharaons a perdu, coup sur coup, deux des plus grandes sommités qu'elle a enfantées ces derniers siècles. Elles ont pour noms Boutros Boutros-Ghali et Mohamed Hassanine Heikel
Issu d'une grande famille copte — son grand-père fut Premier ministre au début du siècle dernier —, Boutros Ghali (1922-2016) était destiné à la brillante carrière qu'il a embrassée et qui l'a mené jusqu'à la «maison de verre» comme il a baptisé le siège des Nations unies dans l'un de ses livres.
La fierté du monde arabe et africain
Après une licence de droit à l'université du Caire, il pousse ses études en France où il décroche un doctorat en droit international à l'université de Paris (il y retournera en tant que professeur invité), puis un diplôme de l'Institut d'études politiques de la même ville, avant de revenir au Caire pour enseigner le droit international et les relations internationales (1949), une discipline dans laquelle il brillera de mille feux. Membre ou président de moult sociétés, forums ou organisations dans la spécialité, il est appelé, dans quasiment la logique des choses, par Sadate à occuper le poste de minister d'Etat aux Affaires étrangères; un poste qu'il occupera sans discontinuité de 1977 jusqu'à 1991. Hosni Moubarak l'élèvera même au rang de vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères. Et si les pro-accords de paix avec Israël, tout comme ceux qui y sont opposés, ne retiennent de son passage dans son ministère que son apport décisif dans le rapprochement des deux grandes puissances du Moyen-Orient qui étaient en guerre pendant des décennies, il est juste de lui reconnaître ses efforts et sa réussite dans le regain du rayonnement de la diplomatie égyptienne et dans sa quête d'intérêt et d'adhésion, au niveau international, à la cause palestinienne qu'il a portée dans les joutes du monde.
L'apothéose de son parcours, il la connaîtra en étant le premier Arabe et Africain à être élu secrétaire général de l'ONU. Son mandat (1992-1996) sera marqué particulièrement par sa contribution essentielle à la doctrine de diplomatie préventive et par son intransigeance quant au paiement des arriérés des pays membres, dont les Etats-Unis. Cela ne lui vaudra pas beaucoup d'amis. On lui reprochera, d'ailleurs, l'échec onusien dans l'ex-Yougoslavie, le Rwanda et le Sahara occidental. Pouvait-il y faire davantage, quand on sait que les Américains (ils se sont opposés à un deuxième mandat pour Boutros-Ghali) ne le portaient pas dans leur cœur ? Albright ne lui a-t-elle pas ouvertement signifié qu'il n'était pas le candidat des Etats-Unis : «Vous symbolisez l'ONU et le Congrès n'aime pas l'ONU» (sic)?
Le diplomate, qui ne fuyait pas les questions gênantes ou les sujets brûlants, affichait les choix et les positions politiques d'une manière rationnelle mais pas froide, convaincue sans la vouloir comme indiscutable. Fin analyste, aimable, courtois et raffiné, ce francophone et francophile, qui maîtrise à la perfection l'anglais et bien sûr l'arabe, s'est retrouvé, juste après son expérience onusienne, secrétaire général de la Francophonie (1997-2002). Un passage marquant et remarqué d'un homme de trempe internationale qui a été également, et entre autres, président du Curatorium de droit international de La Haye et membre du comité de parrainage du tribunal Russel sur la Palestine. Boutros Boutros-Ghali compte plusieurs ouvrages dont «Démocratiser la mondialisation», «Mes années à la maison de verre», «Francophonie et démocratie», «Entre le Nil et Jérusalem», «Agenda pour la paix», «En attendant la prochaine lune».
Le maître
Né un an après Boutros Boutros-Ghali, Mohamed Hassanine Heïkel (1923-2016) a commencé très jeune dans le journalisme où, dès 1942, il couvrait la bataille d'Al Alamein entre les troupes britanniques et l'Afrikakorps allemande. Rien ne le prédisposait à cette époque-là, dominée par les Mustapha et Ali Amin, Mohamed Tabaï... à devenir «Al Oustadh» (le maître). C'est que le jeune journaliste ne se distinguait ni par un genre de sujets particulier, ni par une plume d'exception, encore moins par une approche idéologique particulière. Un touche-à-tout dont l'univers et la destinée changeront dès que le hasard — ou son côté entreprenant — le mettront en présence du récent «Raïs» (président) Jamel Abdenasser, dont très vite il devient l'ami, puis le confident et enfin le conseiller. C'était au milieu des années 1950. Grâce à cette confiance et à cette amitié, il cultivera les relations à l'échelle nationale et internationale, accumulera les sources d'information et enrichira sa documentation et ses archives, au point que ses écrits deviennent une référence de choix. Nommé en 1957 à la tête d'«Al Ahram», il en fait une véritable institution régionale en variant son produit et en faisant appel aux plus grandes plumes journalistiques et littéraires (Néjib Mahfoudh, Taoufik Al Hakim, Youssef Idriss, Youssef Sebaï y ont écrit). «Al Ahram», qu'il a dirigé jusqu'en 1974, a constitué sa raison d'être, au point qu'il ne l'a pas cédé, même lorsqu'il a été nommé ministre de l'Information par Anouar Sadate en 1970.
Reconnu comme «mémoire vivante» de l'Etat égyptien, il consolidera cette dimension en se rapprochant de Sadate dont, à côté de ses responsabilités de ministre et de patron d'«Al Ahram», il deviendra le proche conseiller. Sa «loyauté» envers le nouveau «Raïs» est démontrée par sa contribution à «Al Thaoura Attashihia» (mouvement réformiste) par laquelle Sadate s'est retourné contre la pensée nassérienne et les nassériens. Il tombera en disgrâce aux premières années de 1970, après avoir affiché sa désapprobation quant aux prémices des accords de paix du kilomètre 101 ayant suivi la guerre d'octobre 1973, et au rapprochement égypto-américain aux dépens de l'ex-Union soviétique. Il connaître alors les affres de l'assignation à résidence (1977) et même de la prison (pendant deux semaines) en 1981.
Mohamed Hassanine Heïkel, autant par ses articles que par ses livres, demeure l'un des plus grands journalistes qui ont donné une autre dimension au métier, par la justesse de l'analyse, la précision de l'information et l'acuité des événements. Jamal Abdennasser a été une chance et une opportunité qu'il a saisies et entretenues, au bonheur d'«Al Ahram», de ses lecteurs, des Egyptiens et de nous autres Arabes.
Parmi ses écrits, «L'automne de la colère», «Le sphinx et le commissaire», «L'apogée et la chute de l'influence soviétique au Moyen-Orient», «Moubarak et son époque : du podium à la place» (Ndlr : Attahrir».


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