L'Indicateur synthétique de perception du climat des affaires révèle que ce dernier a reculé en 2015 pour s'établir à 0,627, contre 0,629 en 2014. L'Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives (Itceq) a présenté, mardi 23 février, les principaux résultats de l'enquête sur le climat des affaires en 2015. Cette enquête, qui a été réalisée sur un échantillon de 1200 entreprises opérant dans l'industrie et les services, a mesuré l'Indicateur synthétique de perception du climat des affaires (Ipca) — mis en place depuis 2007 — et révèle que ce dernier a reculé en 2015 pour s'établir à 0,627, contre 0,629 en 2014. L'enquête réalisée annuellement par l'Itceq — depuis l'année 2000 — constitue un document de référence pour les décideurs — ministère de l'Investissement et de la Coopération internationale — sur l'évolution de la perception des hommes d'affaires de l'environnement des affaires en Tunisie, prenant en considération des paramètres réglementaires et institutionnels. Politique et sécurité Réalisée entre le 1er octobre et le 15 novembre 2015, il ressort de cette enquête que la situation politique est la première contrainte à l'investissement et au développement de l'activité, selon 53% des entreprises interviewées. 33% d'entre elles affirment que c'est un facteur déterminant du non-investissement. La situation sécuritaire suit avec 49% des entreprises qui estiment que le terrorisme est une contrainte majeure à l'investissement et 47% affirment que la situation en Libye nuit considérablement à l'environnement des affaires et affecte leur activité. D'ailleurs, 22% des entreprises indiquent qu'elles n'ont pas investi en 2015. La corruption est également une contrainte majeure pour les entreprises, bien que son indice ait accusé une baisse substantielle entre 2014 et 2015, passant de 0,643 à 0,582, selon l'Itceq. Mais, au niveau institutionnel, 49% des entreprises sondées indiquent que la corruption s'est accentuée. 29% affirment qu'elles ont été contraintes d'effectuer des paiements informels dans le cadre de leurs opérations avec des institutions publiques. Selon les estimations de l'Itceq, la valeur de ces paiements représente 0,62% du chiffre d'affaires des entreprises qui ont accepté de répondre. En tête des institutions publiques concernées, figure la douane, suivie par les services publics, les marchés publics, l'inspection et le contrôle et, enfin, le système judiciaire. L'enquête révèle aussi que le financement bancaire impacte la volonté d'investir de la part des entreprises, dont cette perception négative n'a pas beaucoup changé au fil des années, essentiellement chez les PME. Les contraintes sont relatives aux taux d'intérêt, aux garanties exigées, à l'autofinancement, etc. La concurrence déloyale constitue également un souci grandissant pour la compétitivité des entreprises (37%); de même que le commerce parallèle (35%) et les pratiques anticoncurrentielles (31%). Infrastructure En ce qui concerne le climat social, Haïthem Zammali, économiste principal à l'Itceq, indique que les entreprises ne sont pas assez conscientes de leur rôle dans l'amélioration de la compétitivité. 6% seulement considèrent que la cohésion sociale au sein de l'entreprise est un élément déterminant de leur compétitivité. Selon l'enquête, le taux d'absentéisme a baissé de 6,66% en 2013 à 4,87% en 2014, avec un impact sur le chiffre d'affaires de 1,25% en 2014 contre 3,31% en 2013. D'un autre côté, l'infrastructure constitue «la bête noire» des investisseurs en Tunisie. 29% des entreprises interrogées considèrent qu'elle est un obstacle pour le développement de leurs activités. Au plan régional, ce taux s'élève à 53,9% dans le centre-ouest et à 46,8% dans le sud-ouest. L'infrastructure du transport reste la principale contrainte pour une majorité d'entreprises. Pour ce qui est de la vision des entreprises de l'année 2016, elle est plutôt négative. 25% estiment que l'économie nationale est en perte de vitesse et 44% ne donnent pas de réponse. D'ailleurs, 17% voient que leur activité se détériorera, contre 33% qui n'ont pas donné de réponses. Pour l'investissement, 22% des entreprises affirment qu'elles n'envisagent pas d'investir en 2016 et 43% se disent hésitantes. Par ailleurs, 87% estiment qu'elles envisagent d'investir dans le même gouvernorat. Sur les 13% qui envisagent d'investir dans d'autres gouvernorats, 24% d'entre elles entendent le faire dans des régions intérieures et à priorité de développement. Une orientation qui est certainement liée à l'infrastructure disponible dans ces régions. Ce qui devrait inciter les décideurs à mieux cerner cette problématique qui nuit considérablement à l'investissement et trouver des solutions pour désenclaver les régions intérieures de leur marginalisation historique. Les responsables de l'Itceq indiquent que le nouveau code de l'investissement devrait faciliter encore plus les procédures administratives. Selon une étude réalisée par l'institut, les incitations financières et fiscales ne constituent pas la principale motivation à l'investissement et figurent à la dernière place. La facilitation des procédures et l'amélioration de l'infrastructure sont des facteurs déterminants pour qu'une entreprise donnée prenne la décision cruciale d'investir. De même, il existe un handicap au niveau du suivi des programmes de mise à niveau et des incitations, dont certaines entreprises ignorent même l'existence et n'en profitent pas.