Ahmed El Karam, ancien président de l'Aptbef: « Le changement du régime s'est avéré indispensable. On ne peut pas parler de justice économique sans engager des transformations stratégiques majeures, eu égard à son lien avec l'Etat. En cas d'annulation des autorisations et d'ouverture du marché à une véritable concurrence, tout en digitalisant l'administration de manière complète, la justice économique peut être réalisée. La Tunisie vivait, jusqu'à présent, sans plan ni vision. Mais, actuellement, la coordination est devenue possible étant donné qu'il n'y a qu'un seul organe exécutif qui gère les affaires. Comment est-il possible de gérer une économie, au XXIe siècle et à la lumière des changements numériques mondiaux, avec des dispositions datant des années soixante-dix. Il est nécessaire de lancer des réformes de rupture. Le monde n'accepte plus une vieille façon de penser qui se contente de modifications partielles. Il faut imposer des réformes profondes et changer radicalement ce qui a toujours existé. La Tunisie ne peut pas avancer avec un régime parlementaire basé sur l'hégémonie des partis politiques. Le pays doit être dirigé selon un régime présidentiel, avec un gouvernement doté de toutes les prérogatives sans l'ingérence du parlement. Le régime présidentiel sera privilégié et il est nécessaire d'accélérer le processus de révision de la Constitution et d'organiser le plus rapidement possible un référendum pour décider du régime politique à adopter, outre l'organisation d'élections législatives anticipées pour que le Parlement reprenne ses activités sans interférer dans le travail du gouvernement ou l'influencer d'une manière ou d'une autre. La reprise des négociations avec le FMI est également un bon signe révélateur de l'intention du gouvernement d'aller dans le sens des réformes et d'entamer sérieusement des négociations avec les bailleurs de fonds, afin de restaurer la confiance des institutions financières internationales. Le FMI ne croit plus aux promesses creuses de la Tunisie. C'est pourquoi le gouvernement doit œuvrer, avec la coopération de l'Ugtt, à restaurer sa confiance et à s'engager dans des réformes structurelles et économiques ». Ezzeddine Saïdane, économiste et expert en finance: « La rencontre qui a eu lieu récemment entre le gouverneur de la Banque centrale, et les ministres de l'Economie et de la Planification, et des Finances, d'un côté, et une mission du FMI, conduite par le directeur du département Moyen-Orient et Asie centrale (Mena), Jihad Azour, de l'autre, s'inscrit dans le cadre des discussions, et non des négociations. Si la Tunisie réussit à convaincre le FMI, l'on passera à des négociations, et peut-être à un accord avec le Fonds monétaire international, et tous les bailleurs de fonds vont redonner confiance à la Tunisie. Notre pays avait entamé les discussions avec le FMI avec une crédibilité très écornée, étant donné qu'elle ne s'est pas engagée dans un programme de réformes. Les discussions techniques ont commencé avec le Fonds monétaire international, sans le parachèvement de la loi des finances complémentaire de l'année 2021, et la loi des finances de l'année 2022. Quelles réformes la Tunisie pourrait-elle présenter afin de convaincre le FMI ? Car il est important de rétablir la confiance avec ce dernier. Le déficit budgétaire, qui est dans la limite de 14 à 15 % cette année, bloquera les discussions avec le FMI et tous les bailleurs de fonds. La Tunisie est dans une impasse financière réelle et des solutions s'imposent ».