Tanit d'or du court métrage lors de la dernière session des JCC, Diaspora de Alaeddine Abou Taleb a permis à son réalisateur d'aller encore plus loin dans l'aventure de l'animation. Comment retenir le spectateur pendant 13 minutes dans un court métrage sans musique et seulement la sculpture d'une tête sans expressions faciales ? Voici le défi que relève le film Diaspora de Alaeddine Abou Taleb. Un défi qui a donné beaucoup de fil à retordre à ce jeune réalisateur qui en est à son troisième court métrage d'animation. Un troisième court métrage qui lui a valu un Tanit d'or lors de la dernière session des JCC et une sélection officielle au festival international du film de Dubaï. Que raconte Diaspora ? C'est « L'histoire d'une tête qui vit seule dans un fauteuil roulant pendant de longues années dans un appartement au centre-ville. Elle tombe dans la routine en subsistant sur les médias, jusqu'à ce que, un jour, elle tombe sur une annonce d'emploi. En fin de compte, elle finit par abandonner son isolement et quitte son fauteuil roulant. Voilà ce qu'annonce le synopsis de ce court métrage animé avec une grande maîtrise par le papier découpé et le stopmotion. L'autre défi auquel il fallait s'attendre, c'est que la tête en question, celle d'un très vieux bonhomme, ressemble à une grande personnalité politique et c'est justement après l'annonce d'emploi que cette tête «se ramasse» et sort des vieux tiroirs les autres membres de son corps pour reprendre du service. «L'histoire, je l'ai écrite en 2012 et parlait d'une jeunesse pleine d'ardeur à peine sortie de la dictature qui a des rêves et qui contraste avec ces intellectuels qui ont passé des années dans une sorte de léthargie; dans la peur et l'immobilisme et, un jour, ils découvrent une révolution dont ils ne sont pas responsables. C'est ainsi qu'ils ont pu réaliser leur rêve. Ils se sont retrouvés au-devant de la scène, dit Alaeddine Abou Taleb. Au début, j'ai voulu documenter ce que j'ai vu pendant cette période ensuite, j'ai voulu parler de ces gens qui auraient pu sauter le pas et qui ne l'ont pas fait». C'était aux jeunes qui ont déclenché la révolution de prendre le flambeau mais voici que les anciens cachés dans des tiroirs qui en profitent, c'est voici en substance le propos de ce film. Pourquoi le choix de l'animation ? «Parce qu'à l'origine, je suis dessinateur et plasticien. J'essaie de visualiser mes idées avec beaucoup de détails et j'ai trouvé que le médium qui m'offre le plus d'espace de liberté, c'est l'animation .En tant que cinéaste qui maîtrise les arts plastiques, je peux exprimer tout ce que je veux. Cela ne m'empêche pas de réfléchir à un long métrage de fiction avec de vrais personnages». Et le jeune réalisateur parle de projets d'animations avec tout ce que cela entraîne en termes de production sur le plan financier. Le prochain court métrage d'animation de Alaeddine Abou Taleb a déjà obtenu une subvention du ministère de la Culture et il semblerait que ce soit aussi un grand défi technique. Le court métrage d'animation n'est d'ailleurs pas étranger à ce jeune réalisateur, son premier, «Mazamir», remonte à 2005 et traitait de l'extrémisme religieux «Mon deuxième film, je l'ai réalisé avec Exit production, dit Alaeddin Abou Taleb ,une production indépendante; il porte le titre de «Coma» et traite du concept de la dictature sous l'ancien régime il a failli ne pas passer mais enfin de compte, il a bénéficié d'une projection pendant les JCC dans la section Panorama. C'était mon premier court métrage dans le cadre professionnel».