La fresque sera transférée au Bardo dans un cortège de bus habillés des drapeaux des pays dont sont originaires les victimes Réalisée par 134 artisans et spécialistes en mosaïque et micromosaïque, la fresque commémorative travaillée dans les quatre ateliers spécialisés dans ce domaine dans la ville d'El Jem quittera le «Colisée de Thysdrus» le 17 mars, un jour avant la commémoration de l'attentat du musée du Bardo (18 mars 2015), a annoncé Abdellatif Mlayeh, président de l'association à vocation éducative et culturelle «Nous sommes tous Bardo». Conçue dans «un geste symbolique» à la mémoire des 21 croisiéristes et de l'agent de la brigade antiterroriste Aymen Morjane, la fresque en mosaïque sera installée au Jardin du musée le 17 mars avant son inauguration le lendemain, et ce, «après coordination avec le conservateur du musée», a précisé Mlayeh. Cette annonce a été faite lors d'une conférence de presse tenue hier à Tunis, en présence notamment de la figure sportive Faouzi Benzarti, président d'honneur de l'association, les amis fidèles de l'association et le coordinateur artistique, Naceur Bouslah, le doyen des artisans dans la ville d'El Jem. Réalisée à base de pierre et de marbre, la fresque a nécessité un coût de l'ordre de 40 mille dinars, un montant réservé à la main-d'œuvre uniquement, a précisé le président de l'association. «Tous Bardo, tous pour la Tunisie» dans les 10 langues «Accompagnée de 10 bus enveloppés dans les drapeaux des pays de toutes les victimes (Italie, Japon, Pologne, France, Espagne, Colombie, Russie, Belgique, Grande-Bretagne et la Tunisie) et illustrée d'affiches écrites dans les 10 langues «Tous Bardo, tous pour la Tunisie», la mosaïque sera transportée, étant donné son poids et sa taille de 11 mètres sur deux mètres et demi, dans un semi-remorque spécial conçu à cet effet, a déclaré à l'agence TAP Naceur Bouslah. Le tableau sera transporté dans un grand cortège à partir de l'amphithéâtre d'El Jem avant de faire l'itinéraire : Ouardanine, Msaken, le circuit touristique de Sousse et Hammam-Sousse (où est né Aymen Morjane), avant de prendre la route, destination musée du Bardo. Parlant de la provenance des photos des 21 victimes de neuf nationalités qui ont fait objet de portraits en micromosaïque, le président de l'association a fait savoir qu'ils ont «été pris grâce à un grand effort associatif qui a procédé à des recherches sur la Toile et les réseaux sociaux». Un métier délaissé, celui des mosaïstes Dans son allocution, Faouzi Benzarti s'est montré «fier» de cette initiative et du travail «héroïque» mené en un temps record pour ne pas léguer aux oubliettes ces croisiéristes venus découvrir la Tunisie et ses multiples richesses, notamment le musée du Bardo, patrimoine mondial de l'humanité. Cette initiative, a-t-il ajouté, est une manière aussi d'inciter les touristes à venir découvrir un pays, son patrimoine et son potentiel humain dont ses artistes et artisans qui disposent d'un savoir-faire ancestral, notamment en mosaïque. Selon Jalel Dahs, l'un des parraineurs fidèles de l'association, il s'agit «d'un exemple édifiant pour montrer, une fois encore, que le fléau du terrorisme ne peut être combattu que par le savoir, la culture et l'art», signalant que la réalisation de cette fresque est venue rappeler que l'histoire de la mosaïque en Tunisie remonte à plus de 40 mille années. «Tous Bardo» en attendant «Tous Ben Guerdane» «Ce qu'on peut dire, a ajouté le doyen des artisans d'El Jem, Naceur Bouslah, c'est que cette œuvre d'art s'est faite dans un style romain et non moderne afin qu'elle cadre mieux avec le contexte d'un musée comme celui du Bardo», le deuxième mondial après le musée de Zeugma en Turquie, en termes de collections de mosaïques romaines. Plus encore, l'élaboration de cette œuvre a permis la relance du métier de mosaïste, qui est malheureusement délaissé. Et pourtant, a-t-il relevé, ce secteur pourvoyeur de postes d'emploi et vecteur important pour le développement de cette discipline qui nécessite précision, rigueur et beaucoup de technicité. Cela dit, affirme de son côté le parrain Makram Guezguez, cette initiative donne les prémices d'une belle volonté des Tunisiens de veiller à redynamiser le secteur du tourisme et surtout à relancer les actions en panne des armateurs exprimant la nécessité d'appuyer «Nous sommes tous Bardo» en attendant «Nous sommes tous Ben Guerdane».