Cette année, le soixantième anniversaire de l'indépendance a coïncidé avec la soixantième session de la commission sur la condition de la femme organisée par l'ONU à New York. La Tunisie y était, cette année, représentée par le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance. Soixante ans d'expérience tunisienne dans le domaine des droits de la femme, ça compte énormément. Chaque année l'Organisation des Nations unies, dans le cadre de son Conseil économique et social, réunit des femmes et des hommes du monde entier pour discuter et renforcer davantage la question de la parité et l'égalité entre les sexes. Cette année, cette commission s'est réunie du 14 au 24 mars avec pour thème prioritaire «L'autonomisation des femmes et le lien avec le développement durable », pour discuter des initiatives et des stratégies politiques clés visant à accélérer la mise en œuvre de l'agenda 2030. A l'ouverture de cette session, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a insisté sur la lutte contre toute forme de violence et de discrimination à l'égard des femmes. La directrice exécutive chargée de la femme à l'ONU a souligné pour sa part l'importance de traiter des problèmes tels que le mariage précoce, l'accès à la santé et aux postes de décisions pour les femmes. D'autres thèmes tels que la protection des défenseurs des droits de l'Homme pour assurer le développement durable ont été débattus. Emergence de nouvelles formes de violence Rappelons que les résultats de l'enquête nationale sur les violences à l'égard des femmes en 2010 confirment l'ampleur de ce problème. Ainsi 47,6 % des femmes âgées entre 18 et 64 ans déclarent avoir subi au moins une des formes de violences au cours de leur vie (physique, sexuelle, psychologique et économique). Après le 14 janvier, le phénomène semble avoir pris de l'ampleur avec l'émergence de nouvelles formes de violences jusque-là méconnues dans la société tunisienne. La délégation tunisienne était composée de Mmes la ministre Samira Merai Friâa, Najoua Khouaja Bennaceur, Sonia Abbassi, Ahlem Amri, Dalenda Largueche et de M. Fayçal Sahraoui. Dans son intervention, la ministre a indiqué que le plan de développement durable pour l'année 2030, date à laquelle on devrait atteindre l'égalité entre les genres, est une réponse aux nouvelles exigences et aux nouveaux défis que la situation économique, sociale et environnementale impose. Dans cet ordre d'idées, la ministre a exposé le modèle tunisien et son ouverture qui ne cesse de promouvoir les droits de la femme par le Code du statut personnel (CSP), qui fêtera cette année ses soixante ans, jusqu'à la nouvelle constitution de 2014, celle de la IIe République tunisienne. Elle a mentionné également que le ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance veille sur l'institutionnalisation de l'approche genre dans tous les domaines ainsi que du budget sensible genre. Un projet national de l'autonomisation économique de la femme, rurale ou diplômée, et l'encouragement de son esprit d'initiative est déjà sur pied pour porter le taux actuel d'activité de la femme de 28 à 35% en 2020. Plaidoyer Cela dit, l'un des points les plus importants de cette intervention et qui constitue un travail de pionnier du côté de la Tunisie en matière de droits de la femme est celui de la loi intégrale contre la violence à l'égard des femmes et des jeunes filles. Cette loi passera très prochainement par le Conseil ministériel, pour être par la suite adoptée par le Parlement ! Une démarche qui sera renforcée par un plaidoyer où la société civile jouera un rôle important. Cette loi intégrale contre la violence à l'égard des femmes a le mérite de bien définir toutes les formes de violences et d'apporter le côté prévention et protection des victimes en leur offrant une multitude de services physiques et psychologiques dans des centres d'accueil où elles seront prises en charge.