A défaut d'arguments convaincants dans le jeu, le réalisme et le métier des hommes de Kasperczak suffiront-ils, mardi prochain, à Lomé ? L'équipe de Tunisie a confirmé la déliquescence de son jeu constatée depuis plusieurs mois déjà. Au lieu de la libérer, la victoire de vendredi la renvoie plutôt à ses doutes. Il y a jusqu'au sélectionneur togolais, Tom Saint Siet, à se montrer étonné par la production tunisienne. «Je suis surpris par la prestation moyenne des Aigles, notamment en première période», a-t-il dit après le match. Manquant de fluidité et de rythme, péchant par un nombre incalculable de passes à l'adversaire, de déchets et de choix techniques malheureux, dans le sillage d'un Aymen Abdennour lui aussi passé complètement à côté de son match et qui aurait pu être expulsé dès la 27e pour un «attentat» sur Atakora, les «Rouges» peuvent s'estimer heureux d'avoir obtenu les trois points. Pas tellement parce que les Eperviers méritaient davantage, car, eux aussi, ils ont déçu, mais parce qu'ils ne montrèrent vraiment rien dans l'une de leurs plus mauvaises sorties de ces dernières années. Beaucoup de joueurs ont invoqué l'état de la pelouse. Il faut dire que le nouveau gazon du stade Ben Jannet implanté il y a à peine un mois n'a pas achevé sa phase de développement. Il aurait fallu attendre une semaine ou dix jours supplémentaires avant d'évoluer dessus, soulignent les «jardiniers» du stade. Voilà d'ailleurs pourquoi l'équipe de Tunisie a été contrainte d'aller effectuer ses deux premières séances de la semaine au stade olympique de Sousse. L'Union Sportive Monastirienne, elle, n'effectua aucune séance d'entraînement sur ce nouveau gazon. Elle dut même recevoir l'Association Sportive de Djerba à ...Jammel, jeudi dernier pour le compte de la 17e journée de L2. Cet élément ne justifie pas pourtant le fait que les Aigles aient souvent perdu la bataille du milieu et beaucoup de duels et que leur bloc ait été aussi «lâche» et leurs lignes distendues. La finale à Kégué Le constat d'échec a été aussi bien collectif qu'individuel. En fait, sa réussite sur le but de la délivrance ne doit pas faire oublier la première période opaque de Youssef Msakni. De son côté, Mohamed Ali Moncer a été nettement dominé physiquement par son vis-à-vis côté droit. Le plus souvent isolé, Ahmed Akaïchi n'eut jamais de bons ballons à se mettre sous la dent. Il dut même parfois permuter avec Msakni à la pointe de l'attaque. Ali Maâloul, qu'on connaissait plus saignant côté gauche, ne fut presque d'aucun secours en phase offensive. L'absence de Wahbi Khazri se fit cruellement sentir, notamment sur les balles arrêtées. Le nouveau venu, Mohamed Wael Larbi, se chargea de l'exécution de ces balles arrêtées sans réussir à faire oublier le joueur de Sunderland. A présent, il faut estimer à leur juste valeur ces trois points qui replacent l'équipe de Tunisie à hauteur du Togo et du Liberia. A l'entame de la phase retour de ce mini-championnat, c'est comme si l'on partait de zéro. Avec toutefois le handicap de devoir jouer deux matches sur trois à l'extérieur: à Lomé mardi, et à Djibouti en juin prochain. Si ce dernier déplacement ne devrait être qu'une simple formalité, on comprend parfaitement que mardi, au stade Kégué, c'est pratiquement une sorte de finale du groupe A qui va se jouer. Les Aigles n'auront plus d'excuses: la pelouse sur laquelle ils vont s'exhiber et les espaces dont ils vont bénéficier devraient leur convenir. Toutefois, ce qui fera la différence, c'est l'envie, le cœur et un esprit de conquérant. S'ils n'ont pas donné des garanties de ce côté-là vendredi dernier malgré le fervent soutien du public de Monastir, ils doivent se rattraper en terre togolaise où le billet de la CAN «Gabon-2017» va certainement se jouer.