Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU, assiste aujourd'hui à la conférence nationale de l'emploi et sondera «en personne les craintes et les attentes des jeunes» en quête d'emploi Jim Yung Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, promet à la Tunisie un prêt de 5 milliards de dollars qui seront consacrés à la promotion des régions du Sud et de l'Ouest du pays C'est la 4e visite que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, effectue les 28 et 29 mars en Tunisie depuis la révolution de la liberté et de la dignité. La nouveauté, cette fois, est qu'il est accompagné de Jim Yung Kim, président du Groupe de la Banque mondiale, et qu'il assiste aujourd'hui à la conférence nationale sur l'emploi qu'organise la présidence du gouvernement. L'événement est de taille dans la mesure où pour la première fois dans l'histoire de notre pays, deux personnalités internationales d'une telle envergure se retrouvent en Tunisie et que leurs approches convergent sur «l'importance des réformes et de la création d'emplois au profit de la jeunesse défavorisée», comme le souligne clairement le président du Groupe de la Banque mondiale. Et pour une fois, les deux institutions internationales, l'ONU et la Banque mondiale, dépassent les déclarations diplomatiques d'usage et vont au fond des choses. «La Tunisie a réussi sa transition démocratique et, aujourd'hui, nous sommes ici pour appuyer les dirigeants à faire face aux défis économiques, tout en veillant à créer des emplois, notamment pour la jeunesse», souligne encore M. Jim Yung Kim. Assurer une croissance partagée Et la Banque mondiale de relever: «La Tunisie se trouve à un carrefour décisif, l'accent devra être mis sur le renforcement du contrat social, l'amélioration des services publics, la croissance économique et la justice sociale». Un véritable programme pluridisciplinaire qui n'oublie pas «l'élément humain dans lequel il faut investir à travers une meilleure qualité de l'éducation et des services de santé, le meilleur moyen pour éradiquer la pauvreté et assurer une croissance partagée». La confiance de la Banque mondiale en la possibilité de la Tunisie et de son économie de surmonter les conséquences des attentats terroristes reste intacte. Le président du Groupe de la BM le dit sans ambiguïté: «Les institutions fortes de la Tunisie, ses performances économiques passées et sa société civile dynamique confortent notre optimisme quant à la capacité du pays de rebondir». Et cet optimisme se matérialise à travers une stratégie de partenariat qui «s'étendra sur une durée de 5 ans et prévoit une enveloppe de prêts de l'ordre de 5 milliards de dollars». Cette stratégie visera principalement «la création d'opportunités pour les jeunes et la promotion du secteur privé, notamment dans les régions du Sud et de l'Ouest tunisien». En plus clair, les milliards de dollars que les caisses de l'Etat s'apprêtent à recevoir ne serviront pas à payer les salaires des fonctionnaires, à supporter les augmentations salariales qui n'en finissent pas. Ils seront, plutôt, destinés aux régions du Sud et de l'Ouest considérées comme marginalisées et dites officiellement les régions prioritaires mais qui sont toujours boudées par les investisseurs tunisiens et étrangers. Et quand la Banque mondiale décide de s'en occuper, on doit s'attendre à ce que les entraves administratives disparaissent puisque les experts de la Banque mondiale suivront eux-mêmes les projets et ne laisseront pas un petit col blanc avorter des projets qui vont offrir de l'emploi aux jeunes de ces régions. Pour une solution politique en Libye De son côté, le SG de l'ONU, Ban Ki-moon, réaffirme le soutien de la communauté internationale à la Tunisie suite aux attaques terroristes dont elle vient d'être la cible, plus particulièrement celle perpétrée début mars contre la ville de Ben Guerdane. Hier, il a rencontré le président Béji Caïd Essebsi, le chef du gouvernement Habib Essid et le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, et leur a indiqué que l'ONU «travaille pour une solution politique en Libye car cela reste la seule façon pour mettre fin à la crise et stabiliser le pays et la région». Il ajoute : «L'ONU reconnaît l'impact de la situation en Libye sur la Tunisie au niveau sécuritaire et économique». Une déclaration qui rejoint la position de la Tunisie qui ne cesse de répéter son opposition à une intervention militaire en Libye et qu'il est temps que la communauté internationale assume pleinement ses responsabilités en matière d'appui au gouvernement libyen de consensus dirigé par Fayez Sarraj. La visite de Ban Ki-moon enregistrera une première : le SG de l'ONU assistera à la conférence nationale sur l'emploi et rencontrera «les jeunes qui me parleront en personne de leurs craintes et du type d'aide ou de soutien dont ils ont besoin». Il conclut : «L'ONU est prête à poursuivre sa collaboration avec le gouvernement tunisien pour élaborer des programmes créateurs d'emplois et réduire les inégalités».