Le chef de l'Etat a accordé, hier, une interview matinale, de 7h30 à 9h00, à la Radio nationale et deux radios privées, Mosaïque FM et Radio Med, dans laquelle un large tour d'horizon a été fait sur la situation générale du pays, la diplomatie tunisienne et le terrorisme La Tunisie ira mieux, a promis Béji Caïd Essebsi, qui se veut optimiste en s'exprimant hier lors d'une émission radiophonique d'une heure et demie sur les questions économiques, sociales, politiques et internationales. Invité de 7h30 à 9h à la matinale de la radio publique «Radio nationale », et des deux radios privées « Mosaïque FM » et «Radio Med », le président de la République a déclaré : « J'ai été élu président pour faire sortir la Tunisie d'une situation difficile, et ce dans le respect des attributions qui m'ont été confiées dans la Constitution ». S'exprimant sur le rendement du gouvernement, le chef de l'Etat a affirmé qu'il évalue quotidiennement l'action du gouvernement compte tenu de la responsabilité qui lui incombe envers le peuple tunisien dans l'amélioration de la situation du pays et la protection de ses intérêts. « La situation en Tunisie est en voie de s'améliorer », a-t-il assuré, estimant que le chef du gouvernement n'a pas manqué à ses devoirs. « On ne peut pas juger le rendement du gouvernement qui a pris ses fonctions il y a un an et qui a hérité d'une situation difficile et complexe », a-t-il soutenu. Amendement de la Constitution, pourquoi pas ! « Il faut évaluer le rendement du gouvernement en tenant compte de données objectives », a-t-il argumenté, affirmant être prêt à endosser l'entière responsabilité en cas d'échec du pouvoir actuel (exécutif et législatif). Rappelant que le chef du gouvernement, Habib Essid, était le candidat à ce poste de Nida Tounès qui avait remporté les élections législatives de 2014, Caïd Essebsi a précisé qu'il avait bénéficié de la confiance de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) à deux reprises. « Le système politique actuel ne permet pas de démettre le chef du gouvernement de ses fonctions. Cela n'entre pas dans mes attributions », a-t-il justifié. Sur l'amendement de la Constitution, Béji Caïd Essebsi a estimé que cela pourrait effectivement contribuer à l'amélioration de la situation, précisant qu'il ne serait pas contre toute initiative dans ce sens. « Le peuple tunisien est pour un régime présidentiel...et la situation dans le pays pourrait s'améliorer avec l'amendement de la Constitution », a-t-il dit. Au sujet de la relation de la présidence de la République avec l'ARP, Béji Caïd Essebsi a évoqué la correspondance qu'il avait adressée au Parlement concernant le retard enregistré dans l'installation des instances constitutionnelles. Cela s'inscrit dans mes attributions constitutionnelles. Le règlement intérieur de l'ARP ne peut s'opposer aux dispositions de la Constitution», a-t-il expliqué. Les forces armées sont prêtes Volet sécuritaire, le président de la République a déclaré que les forces armées sont prêtes à affronter le terrorisme, précisant que la riposte « cruelle » et « rapide » à l'attaque terroriste de Ben Guerdane du 7 mars dernier en « constitue la meilleure preuve ». Il a affirmé que des équipements nécessaires seront fournis aux forces armées. Plusieurs pays soutiennent la Tunisie dans sa lutte contre le terrorisme dont les Etats-Unis d'Amérique et des pays européens, a indiqué le président de la République, ajoutant que le projet de sécurisation des frontières par un système électronique sera réalisé au courant de l'année avec le soutien des USA et de l'Allemagne. Caïd Essebsi a, dans ce contexte, déclaré que la Tunisie « accepte le soutien étranger pour combattre le terrorisme », soulignant l'importance de l'aide qui sera apportée par l'Arabie Saoudite consistant en des avions F5. Par ailleurs, le président de la République a affirmé qu'« il n'y a pas de forces étrangères en Tunisie sauf dans le cadre de la formation des forces armées nationales». « La Tunisie s'attache à la préservation de ses frontières, surtout face au développement de la situation en Libye », a encore indiqué Caïd Esssebsi. Le chef de l'Etat a estimé que la solution à la crise libyenne « doit être interlibyenne sous l'égide de l'ONU », précisant que la Tunisie a œuvré à rapprocher les points de vue entre les protagonistes libyens pour trouver une solution pacifique dans ce pays. L'opposition n'est pas objective Le président de la République Béji Caïd Essebsi a déploré hier le fait que l'opposition ne reconnaisse pas toute action positive entreprise par le gouvernement. Béji Caïd Essebsi était critique à l'égard du Front populaire qui, selon lui, « ne représente pas toute la Tunisie ». Il a rappelé les positions de cette coalition regroupant des partis nationalistes et de gauche au sujet du projet de la loi de réconciliation économique, des alliances de la Tunisie dans le cadre de la guerre contre le terrorisme et de l'endettement extérieur. Caïd Essebsi s'est dit surpris de la décision du Front populaire de boycotter la cérémonie officielle, au palais de Carthage, marquant la célébration du 60e anniversaire de l'Indépendance. « Les positions du Front populaire ne sont pas fondées sur des données précises », a-t-il regretté. « Je demande au Front populaire de ne pas exercer le terrorisme intellectuel à mon égard et de s'acquitter de son rôle en tant qu'acteur politique d'opposition au sein du Parlement et non pas dans la rue ». Il a réaffirmé son attachement au projet de réconciliation économique en tant qu'issue pour faire sortir la Tunisie de la situation économique difficile qu'elle connaît, estimant que l'endettement extérieur était incontournable au regard de la situation prévalant dans le pays. Pas de normalisation avec Israël Il a également critiqué « l'obsession » et l'«instrumentalisation» par les différentes sensibilités de l'opposition de la question de la normalisation, affirmant que la Tunisie n'a pas l'intention de normaliser ses relations avec Israël et qu'elle demeure l'un des principaux pays qui soutiennent la cause palestinienne. La présidence de la République n'est pas en conflit avec le Front populaire, a-t-il toutefois tenu à préciser. Elle entretient des relations avec toutes les sensibilités politiques. La relation avec le mouvement Ennahdha repose sur une alliance dictée par les résultats des élections législatives, a-t-il justifié. Au sujet de la position de la Tunisie envers le parti Hezbollah libanais, Béji Caïd Essebsi a déclaré que la Tunisie soutient ce « parti patriotique dans sa lutte pour recouvrer les territoires libanais occupés par Israël », précisant que la position de la Tunisie se limite à ce niveau et n'englobe pas les positions de ce parti au sujet d'autres questions dont il ne donne pas des précisions. Rappelant le contenu de la déclaration dans laquelle la Tunisie clarifie sa position sur cette question après la réunion des ministres arabes de l'Intérieur tenue début mars, Béji Caïd Essebsi a affirmé que la politique extérieure de la Tunisie est « équilibrée » et est fondée sur des constantes définies par l'Etat tunisien depuis Bourguiba en termes de non-ingérence dans les affaires internes des pays et de non-soumission aux pressions extérieures.