La scénographie figurant un décor hybride extérieur/ intérieur; le privé et le public se confondent comme pour faire écho à cette idée d'abnégation de soi La salle du 4e Art à Tunis fêtait la Journée mondiale du théâtre le 27 mars. Depuis le 26 mars, une pièce est proposée au public chaque soir; dans le cadre de la semaine de la Journée mondiale du théâtre et cela se poursuit jusqu'à aujourd'hui, 1er avril 2016. Lancée par l'Institut international du théâtre (ITI) en 1961, cette journée est célébrée par la communauté théâtrale mondiale, à travers de nombreux événements culturels. Chaque année, une éminente personnalité écrit à l'occasion un texte sur le thème du théâtre et de la paix, traduit dans une vingtaine de langues et lu devant les spectateurs de tous les pays célébrant l'événement. Pour l'histoire, la Journée mondiale du théâtre a été créée par l'Institut international du théâtre (ITI) en 1961. Elle est célébrée le 27 mars par les Centres ITI et la communauté théâtrale dans le monde entier. De nombreuses manifestations, nationales et internationales, sont organisées pour fêter l'occasion. Mais l'événement le plus important de la journée est certainement la diffusion du «Message international de la Journée mondiale du théâtre», dans lequel une éminente personnalité des arts vivants est invitée à partager ses réflexions sur le thème du théâtre et de la paix entre les peuples. Jean Cocteau était l'auteur du premier Message international en 1962. Arthur Miller ou Dario Fo se sont livrés, également, à cet exercice. Cette année, ce fut le tour du metteur en scène russe Anatoli Vassiliev de livrer ses réflexions aux spectateurs du monde entier. Le Théâtre national tunisien a programmé à cette occasion plusieurs œuvres tunisiennes et internationales, ponctuées par un hommage; le mercredi 30 mars ; à l'homme de théâtre Ezzeddine Gannoun disparu il y a un an. Le programme, qui a drainé un bon public, comportait deux pièces du Théâtre national tunisien («Violences» et «Bis»); une production du Centre des Arts Dramatiques et Scéniques du Kef; «Terre des papillons» de Sami Nasri; une pièce allemande «Clowns 2 1/2» de Roberto Ciulli et Mathias Flake (Theater an der Ruhr ) et «Une tempête» qui est la restitution finale de l'atelier animé par Jean-Michel d'Hoop et Héloïse Meire (Point zéro / Belgique). La danse a figuré, également, dans cette semaine de célébration avec un spectacle qui s'inscrit dans l'école de la danse-théâtre ou théâtre chorégraphie. Il s'agit de la pièce «Nullwert» (La valeur du zéro) cosignée par le Tunisien Seïfeddine Manai et le Suisse Marcel Leeman (Le physical danse theater) et produite par la compagnie Brotha from anotha Motha. «Nullwert» de Seïfeddine Manai et Marcel Leeman Le texte de présentation de la pièce annonce ce qui suit: «L'homme est un «zéro» puisqu'il doit faire «abnégation volontaire» de soi, il n'existe que comme la partie d'un tout: «une multitude d'un million divisé par un million» et doit être au service du tout. La révolution n'a que faire de la morale: «le seul critère moral est l'utilité sociale», la seule «éthique politique» est «la fin justifie les moyens». Les «valeurs de la vie sont l'utile et la logique aux dépens de l'humain et du juste». La scénographie figurant un décor hybride extérieur/ intérieur; le privé et le public se confondent comme pour faire écho à cette idée d'abnégation de soi. Sur scène, les danseurs et interprètes Wael Mansour, Marion Castaillet Dhomps, Youssef Chouibi, JI-IN Gook, Oumaima Manai, Seïfeddine Manai luttent contre cette emprise sociale; tantôt dansant en chœur; à l'unisson avec des gestes synchronisés ( l'être humain comme automate social ou simulacre d'être) et tantôt essayant de sortir du lot; libérés un tant soit peut; s'adonnant, chacun, à ses propres mouvements, sa propre danse, tenter de s'affirmer et résister à ce commun imposé pour ne pas tomber. L'on finit quand même par s'essouffler; s'épuiser et tomber; un maillon finit par céder dans cette infernale chaîne... La musique proposée par Malek Ben Saleh et Zein Abelkhalek dessine à merveille l'évolution de la courbe scénique. Dans le travail de danse, l‘on retrouve l'empreinte de la culture du «street B-boying» qui implique plus de physicalité et qui amène la danse contemporaine à d'autres pratiques du corps et c'est ce que fait l'originalité du travail de cette compagnie; créée par Seïfeddine Manai et basée en France : «Brotha from another Motha».