Ce soir à 22h30, démarre la 49ème session du festival international de Hammamet avec un spectacle inédit de théâtre danse « Eau secours » de Nawel Skandrani. Cette production spéciale, Hammamet, est un hommage à la Palestine et à ses artistes. La création est composée d'une série de séquences de solos, duos et danses de groupe, accompagnée d'une musique originale, de vidéo-scénographies et de textes (récits, dialogues, poésies, chants....). Les différentes personnalités et sensibilités de ces jeunes danseurs servent de base de travail et de source d'inspiration pour le processus de création chorégraphique, musicale et audio-visuelle. En dehors de leurs qualités d'artistes, le choix de danseurs venant de Tunisie, d'Egypte, de Palestine, de France et du Brésil se justifie par le fait que la situation de l'eau dans certains de ces pays est déjà critique et alarmante. Les enjeux liés au pétrole ont caractérisé le XXème siècle et l'on sait déjà que ceux de l'eau caractériseront ce siècle et ceux à venir. L'eau est l'enjeu majeur de demain. Dans notre région le problème est crucial et déjà source de conflits. Artistiquement l'idée est de combiner la danse contemporaine avec les arts visuels, la musique et le verbe pour créer une série de portraits ayant comme protagonistes, 09 jeunes danseurs provenant de Tunisie, de Palestine, d'Egypte, de France et du Brésil, pays où l'eau est déjà le cœur de tous les dangers. « Eau secours » est produite par Nawel Skandrani et d'autres partenaires dont Khaled Elyyan de Ramallah, Palestine. La musique est signée Jawhar Basti, la vidéo Sergio, la lumière Muaz Al-Jubeh et Sabri Atrous et la photographie Ghneim Zaarour. L'équipe de danseurs est composée de Marion Blondeau – France, Ahmed Khemis: Soliste invité – Algérie/Tunisie, Jumana Dabis – Palestine, Larbi Namouchi – Tunisie, Hiba Harhash – Palestine, Mahmoud Rabiye – Egypte, Yasmine Khedhiri – Tunisie, Bruno Serravalle Silva – Brésil, Abdelaziz Touati – Tunisie et Haythem Toumi. Nawel Skandrani a commencé la danse à l'âge de cinq ans. Cette passion devient pour elle une véritable discipline qu'elle perfectionnera grâce à une solide formation au sein du Conservatoire National de Musique et de Danse de Tunis. A peine 17 ans, elle est lauréate du premier prix d'études chorégraphiques. Après avoir obtenu le troisième prix d'études pédagogiques de l'Académie Internationale de la Danse de Paris, elle entame sa carrière professionnelle d'abord en Italie puis se fait engager au Berkeley Ballet Theater aux Etats Unis. Elle croyait ne jamais revenir en Tunisie puisqu'au-delà du conservatoire, rien n'était programmé dans le visage culturel pour l'épanouissement de sa carrière et surtout de sa passion. Un concours de circonstances, favorisé par Mohamed Driss, directeur du Théâtre National Tunisien la pousse alors à retourner dans son pays en 1988. Elle avait alors à peine trente ans. Pendant quatre années au Théâtre National, elle met en place une formation non seulement pour les danseurs dans le cadre de l'académie « Studio danse- théâtre » mais aussi pour les acteurs encore en méconnaissance de l'importance du travail sur le corps. En 1992, elle est désignée par le Ministère de la Culture pour fonder le Ballet National Tunisien, institution qu'elle dirigera jusqu'en 1996. Sous sa direction, cette institution produira en quatre ans, 13 créations signées par des chorégraphes nationaux et internationaux. Elle créera également trois pièces pour le BNT, « De la porte à la mer », « Didon-Elyssa », « D'encre et de sang ». A partir de 1997, elle entame une carrière de chorégraphe indépendante et réalise des pièces telles que « A la recherche du centre perdu », « Les gosses du quartier », « Corps complices », « Les étoiles filantes meurent en silence », « La feuille de l'Olivier », « ARTcè/seuLement » ainsi que les chorégraphies de « Soirée particulière », « Grand ménage », « Jûnun/Démences) » et « Khamsoun/Corps otages ». Le célèbre metteur en scène Fadhel Jaïbi, avec qui elle a travaillé lors de la réalisation de ces œuvres, la surnomme « l'artiste citoyenne ». Depuis 2008, elle est directrice artistique du Studio Bambou, résidence d'artistes située dans la ferme Fourati (Boukrime – Cap Bon). Nawel Skandrani est aussi membre fondateur du bureau tunisien de l'Institut International du Théâtre, membre fondateur du Syndicat tunisien des Arts Scéniques, membre des conseils d'administration du Young Arab Theatre Fund et du Fonds Roberto Cimetta. Voulant savoir ce qui régénérait sa passion, la question lui fut incongrue. En effet pour elle la danse est une évidence. Selon elle, il n'y a pas un art plus noble qu'un autre, il n'y a que l'émotion et le travail dans un espace où la frontière n'existe pas pour créer une œuvre authentique. Sa décision de revenir en Tunisie a été la cause d'une estimable valeur ajoutée - presque rare - dans le domaine de la danse en Tunisie et une véritable source d'inspiration à ses fans avertis.