Concert mensuel de l'Orchestre symphonique tunisien dirigé par l'invité d'honneur, le maestro Pierre Yves Gronier. Avec à l'affiche les solistes Ichraf Sallem (chant lyrique) et Mohamed Amine Kalai (qanoun/cithare). Encore une fois, le rendez-vous de la musique classique s'est renouvelé la semaine dernière à travers deux concerts assurés par l'Orchestre symphonique tunisien. Le premier a eu lieu à la salle Le Rio à Tunis. Quant au second, intitulé «Musique pour la paix», il a eu lieu au Théâtre municipal de la ville de Sousse. Ce dernier concert fut organisé pour la bonne cause. En effet, l'intégralité des recettes doit servir à l'achat d'un mammographe dans le cadre de l'action du Rotary Club «La prévention et la lutte contre le cancer du sein». Soirée de prestige, donc, assurée comme d'habitude par l'Orchestre symphonique tunisien dont le directeur a cédé, pour la soirée, la baguette au maestro français Pierre Yves Gronier. L'entrée en scène des musiciens déclenche toujours le même enthousiasme du public qui, venu nombreux ce soir-là, a eu sa part du bonheur. Un programme alléchant, soigneusement composé d'œuvres classiques connues ou peu connues, parfois même a permis aux membres de l'Orchestre de déployer toute la palette de leur talent. Chant lyrique de G. Verdi et C. Saint Saëns, Cavalerie légère de H.V.Suppé, Concerto en Ré Majeur de A. Vivaldi, Symphonie N°1(1ermvt) de Sami Ferjani, La belle au bois dormant et des extraits du Lac des cygnes de P.I. Tchaikovsky, un nombre de compositions tunisiennes de M. Makni et Jawher Matamati, ainsi qu'une nouvelle création musicale composée par le jeune Samir Ferjani. Des œuvres classiques et contemporaines d'une poignante beauté dialoguaient parfaitement et subtilement tout au long du concert. Elles ont été livrées avec une clarté bouleversante. Le public a eu droit ensuite à un voyage sonore et émotionnel très subtil à travers «Les préludes» de F. Liszt où le jeu était d'une facture cristalline. Les mélodies remplissaient l'espace, délicates et suaves aux couleurs infinies, lumineuses, poétiques, allant du beau au sublime. «Les préludes» est un célèbre poème symphonique de Liszt. Il a été composé entre 1845 et 1853, inspiré par une pensée de l'écrivain Joseph Autrun: «Notre vie est-elle autre chose qu'une série de préludes à ce chant inconnu dont la mort entonne la première et solennelle note?», une œuvre où Liszt fait appel au procédé de la grande variation pour traduire les états d'âme exprimés par le poète: amour, illusions, consolation de la nature, appel à la gloire. Le public a été conquis d'emblée par le magnétisme et la maturité du jeu des jeunes virtuoses qui se sont produits par la suite, à savoir le soliste Mohamed Amine Klai et la mezzo-soprano Ichraf Sallem dont l'enthousiasme et le tempérament généreux ont réellement comblé l'assistance qui a applaudi longtemps. Avec une voix de velours, Ichraf Sallem a bercé les amoureux de l'opéra à travers une interprétation fluide et distinguée des chants composés par G. Verdi et C. Saint Saëns. La jeune virtuose est titulaire d'un master en musique de l'Isms. Elle enseigne la musique au Conservatoire et au collège. Quant à Mohamed Amine Kalai, il a excellé dans son interprétation originale et saisissante au qanoun d'un nombre d'œuvres de Suppé, de Liszt et de Vivaldi. Le jeune soliste est titulaire du diplôme de musique arabe depuis 2009 et d'interprétation musicale depuis 2011. En 2015, il a participé à la deuxième école d'été de musique ottomane, organisée par l'Université d'Istanbul, et il a atteint 6 niveaux lors du master class avec le virtuose du qanoun et le compositeur turc Göksel Baktagir. Il travaille actuellement sur les formes traditionnelles de la musique tunisienne et essaye de développer une nouvelle méthode de jeux sur le qanoun. Là aussi, les jeunes artistes se sont exprimés avec lyrisme et tendresse multipliant les traits virtuoses et convoquant un paysage musical d'une ampleur et d'une profondeur saisissantes parfaitement soutenus en cela par l'orchestre. Un concert beau et saisissant. Le ravissement et l'adhésion du public n'étaient que justice !