Concert de l'Orchestre symphonique tunisien pour jeune public, dimanche dernier, à la maison de la Culture Ibn-Rachiq Dans un décor «halloweenien» fait de toiles d'araignée, d'araignées décoratives, de vampires et de petits monstres suspendus au fond de la scène, l'Orchestre symphonique tunisien a inauguré ses rendez-vous dominicaux avec le jeune public par un concert aux couleurs «citrouille» de l'automne, au parfum de légendes et au lyrisme débordant. L'Orchestre symphonique tunisien, comme d'habitude, ne cesse de surprendre et de séduire un public fidèle et toujours nombreux. En effet, la relation que le chef d'orchestre et ses musiciens sont parvenus à établir avec les auditeurs leur permet d'oser une programmation inventive et diversifiée. Une programmation qui vise également le jeune public à travers l'organisation de concerts accessibles à un public jeune et un public non habitué à la musique symphonique. D'après les organisateurs de ces concerts, «l'objectif est de faire découvrir d'une manière ludique la musique symphonique sous toutes ses formes en éveillant la sensibilité des jeunes spectateurs et leur curiosité. Ces concerts sont commentés pour guider le spectateur non averti dans l'univers de la musique.» Les organisateurs ont pris, également, soin de remettre aux spectateurs un document pédagogique, divertissant et enrichissant, afin d'initier le jeune public à l'ensemble des œuvres programmées, aux différents instruments utilisés et aux diverses formes musicales. Vêtus en noir et ayant divers déguisements : squelette, chapeaux de sorcière, masques de vampires, etc., les membres de l'orchestre ont pris place devant un public enthousiaste et ravi. L'idée du concert, c'était donc cette fête de laquelle est bannie toute morosité, où le sourire, l'humour, le mélange savoureux des genres font tomber les barrières qui, trop souvent, séparent les artistes de leur public. La Danse macabre, ce poème symphonique composé en 1874 par Camille Saint-Saëns, d'après le poème d'Henri Cazalis Egalité-Fraternité, tiré des Heures Sombres — quatrième partie de son recueil L'Illusion paru en 1875 —, a ouvert le bal. Il s'agit d'un ouvrage d'une grande profondeur et originalité. Les mélodies s'enchaînent, entraînant le spectateur dans l'univers lyrique et impressionnant de Saint-Saëns. «Minuit sonne. Satan va conduire le bal. La Mort paraît, accorde son violon, et la ronde commence, presque furtivement au début, s'anime, semble s'apaiser et repart avec une rage accrue qui ne cessera qu'au chant du coq. Le sabbat se dissout avec le lever du jour.» Alors que la musique coule à flots, des projections vidéo à thème défilent suivant les partitions. Et l'une des membres de l'orchestre assure de temps à autre la lecture des poèmes qui ont inspiré Saint-Saëns dans la composition de ses œuvres. Après une interprétation, toujours sur le même thème «halloweenien», de la bande originale du film La famille Addams, changement d'ambiance avec Le Carnaval des animaux, une œuvre attachée au nom de Saint-Saëns depuis toujours, prometteuse de joies simples. Une œuvre qui montre tout l'humour et la drôlerie dont est capable le compositeur. C'est une suite musicale de quatorze pièces, composée en 1886, une «fantaisie zoologique», comme l'a qualifié Saint-Saëns lui-même. Le maestro Hafedh Makni a su faire jaillir de l'orchestre les incroyables beautés instrumentales dont Saint-Saëns a coloré cette partition. Elle a été dignement interprétée par les solistes de l'orchestre : la marche royale du lion au piano, cordes et fanfare, les poules et les coqs aux cordes aiguës, au piano et à la clarinette, les hémiones aux deux pianos, les tortues aux violoncelles et aux altos, l'éléphant au piano et à la contrebasse, etc. Cette dernière œuvre conclut dans l'allégresse un vrai moment de bonheur et de convivialité. Le public a été plus que ravi!