Une explication sur fond de litige qui résonne ces derniers temps. Aujourd'hui, Chebbiens et Clubistes se croisent, mais s'écharpent aussi sur un débat anodin, avec pour les uns des arguments bien pesés, et pour les autres une rhétorique claire qui prend pour l'adversaire des allures de tempête dans un verre d'eau. Cet après-midi, loin du rendu final de la commission d'appel, avant de s'en remettre au TAS, il s'agira, tout d'abord, pour le CA et le CS Chebba d'en découdre sur le terrain, en visant par la même le dernier carré de Dame Coupe. Un trophée aussi prestigieux que la Coupe de Tunisie, ça n'a pas de prix. Et c'est pour cela que les deux formations fouleront la pelouse de Radès aujourd'hui, «à couteaux tirés», comme on dit. Oui, sans donner du grain à moudre à tous les adeptes de sensations fortes et de lutte sans merci, au-delà du contexte et de l'atmosphère pesante en l'état, un quart de finale reste un rendez-vous à part dans une saison. Le genre de match qui mobilise tout un public, deux villes même et deux vestiaires, sans oublier les puristes qui se délectent déjà en attendant le régal. Dès aujourd'hui donc, le Croissant Sportif Chebbien, préoccupé par ses recours et ses pourvois, s'apprête cependant à tout donner face au Club Africain. Quand bien même les Chebbiens ont laissé quelques plumes en championnat (rétrogradation). Pourquoi cet engouement, à défaut de ferveur pour les raisons citées ci-haut ? Parce que la Coupe n'est pas encore pleine et cette même Coupe n'est en rien une consolante, mais bel et bien un trophée sollicité par tous, un titre qui, une fois tombé dans l'escarcelle, ne peut que redonner ses lettres de noblesse à son détenteur. Et puis, et ce n'est pas peu de le rappeler, il faut aussi mesurer le chemin accompli quand on avance dans le tableau. En clair, ce tournoi incontournable de la saison, tremplin pour une place d'accessit continental, enchante aussi avec son lot de périlleux déplacements et longs périples qui forgent à raison les meilleurs souvenirs. Bref, il faut vaincre et convaincre avant d'atteindre ce stade avancé de la compétition. Et comme dit le dicton : «Pour se permettre de dénigrer une compétition en la prenant de haut, il faut d'abord la gagner, histoire de prouver qu'on mérite effectivement mieux. Question de légitimité». A ce titre donc, la Coupe ne déroge pas à la règle et ces effluves constituent toujours un parfum unique très prisé par les puristes. De l'émotion, mais sans prétention Après avoir quelque peu traité le sujet de l'ambitieux outsider chebbien, abordons maintenant celui du colosse clubiste. Aujourd'hui, le Club Africain ne peut plus se contenter de «ferrailler» pour les places d'honneur, mais doit monter à terme sur la plus haute marche du podium, même si le CA se situe actuellement dans une saison de transition avec l'avènement d'une nouvelle génération aux côtés de certains «résistants» qui n'ont d'ailleurs pas manqué de tirer leur épingle du jeu à chaque sollicitation, Zouheïr Dhaouadi par exemple. Bref, sans faire offense aux Chebbiens qui vivent cette compétition comme un «Mondial», le CA est lui dans son élément, et son standing et autres standards ne peuvent que lui commander d'aller plus haut et d'atteindre le point culminant. Cependant, en dehors du standing, les Clubistes auraient tort de ne pas se montrer pragmatiques : ne pas penser au dernier carré, mais tout d'abord tout donner dès aujourd'hui face au challenger. Les hommes de Adel Sellimi doivent garder en tête que l'objectif numéro un est la qualification aux demi-finales, le temps d'un match dont le scénario n'est pas écrit. De l'émotion qu'elle suscite, la Coupe transcende, valorise, trace les épopées et galvaude souvent les ambitions des prétentions et autres écuries condescendantes qui oublient qu'en face, il y a un adversaire qui défendra crânement ses chances. Bref, l'orgueil, c'est bien, mais l'arrogance, c'est malsain ! Aux joueurs clubistes, donc, de s'adapter à un adversaire forcément transporté, et d'appliquer avec rigueur les principes de jeu introduits par Adel Sellimi. Sur le papier, la mission semble dans les cordes, mais la victoire n'interviendra qu'à la sueur du front !
