Pour le détenteur de la Coupe de Tunisie, cette compétition est un besoin qui peut se transformer en coup de fouet salvateur. Aussi déroutant que cela puisse paraître, le bail de Bertrand Marchand au CA a été entamé avec beaucoup d'ambitions face aux grands, puis s'est transformé en chemin de croix face au «menu fretin». En croisant le fer avec quelques gros clients, le CA s'est sublimé et s'est imposé. A tel point que les observateurs l'ont flanqué de l'étiquette de meilleure équipe de la phase retour... jusque-là. Et au bon élève de la Ligue 1 de se saborder par la suite sur la scène nationale. De quoi donner le sentiment d'avoir tout vécu en matière d'émotions, mais de prendre le risque de terminer sans rien ! Cette tendance à ne pas savourer complètement une belle remontée suivie de trois revers forcément amères, les supporters la vivent sans la comprendre. Manque de profondeur du banc, absence de jus, doublures pas toujours au rendez-vous. Et puis, il y a la Khelifa-dépendance. Quand le buteur clubiste est en verve, tout va bien. Quand Saber-Goal est absent, le CA n'existe pas ! Bref, le Club Africain carbure au rythme de son détonateur. Et ce dernier sera de retour à Menzel Abderrahmen face au CAB dans le cadre du dernier carré de Dame Coupe. Ce faisant, la coupe et le championnat, ce sont deux choses différentes. Dans l'idéal, il faut réussir dans les deux, car sans un bon classement national, tu ne peux pas totalement savourer un parcours abouti et accompli en Coupe de Tunisie. Sauf que pour ce CA-là, les priorités changent au gré des résultats. A mi-chemin, la primeur était accordée à la course aux places d'accessit. Et le sentiment que le championnat passe en priorité avant la Coupe de Tunisie s'est encore accentué au rythme de la remontée au classement de L1. Il faut comprendre par là que l'enchaînement des matchs en championnat intègre un calcul mathématique qui empêche les joueurs de se projeter dans d'autres projets. Un constat qui doit forcément être relativisé maintenant que l'objectif principal est de sauver sa saison. Ça tombe bien, le CA, détenteur de la Coupe de Tunisie, est encore en lice pour succéder à lui-même ! Il doit y croire, ne serait-ce que pour espérer clore la saison en beauté. Pour le CA, la Coupe est un besoin qui peut se transformer en coup de fouet salvateur. En clair, la Coupe permettrait tout simplement au CA de sauver les meubles, mais aussi de tenir les supporters en haleine jusqu'à la fin de la saison. Et en cas de réussite, l'histoire se souviendra essentiellement des exploits plus que des échecs clubistes ! Garnir le palmarès On dit souvent qu'une Coupe de Tunisie ne remplace pas forcément un titre de champion. Le titre récompense le travail de toute une saison. Sauf que la Coupe, c'est unique, puisqu'elle génère des émotions que la routine de notre championnat ne peut offrir ! La Coupe, c'est humainement fort pour les joueurs, mais aussi superbe à vivre pour les supporters. Et c'est dire combien le CA est actuellement partagé entre couronner sa saison ou la sauver tout simplement ! Martyrisé sous l'ère Marco Simone, puis retrouvé un temps sous les commandes du tandem Kolsi-Marchand, le Club Africain a une chance unique d'effacer ses dernières avanies en championnat. Le salut passe par le gain du match face au CAB, un sérieux client qui a malmené le CA a deux reprises cette saison. Cependant, nous n'irons pas jusqu'à dire que tous les indicateurs penchent plutôt vers une victoire cabiste dimanche prochain. Non, les jeux sont loin d'être faits, même si cette saison, le CAB a déjà pris un ascendant sur le détenteur du trophée. Aujourd'hui, le compte à rebours à débuté. Le CA doit préparer son périple à Menzel Abderrahmen sans compter sur le moindre laisser-aller. Face au CAB, une victoire clubiste écrirait une incroyable conclusion à une saison atypique avec des changements d'entraîneurs, des crises à répétition et de l'agitation à la direction. Et c'est dire combien le CA a une chance unique de tout sauver par un final haletant ! Les supporters, quant à eux, y croient pour la plupart. Tel le songe d'un homme éveillé, le souhait est le même pour tout les membres de la Curva Nord : et si, au terme de cette saison, les Clubistes garnissaient leur palmarès ? Ce n'est pas gagné d'avance. Mais pour y arriver, ce CA-là doit tout d'abord retrouver sa philosophie de jeu, son fonctionnement tactique et sa cohésion d'ensemble. Car le contraste est saisissant entre le CA d'avant-trêve et d'après-trêve. Depuis peu, et à l'exception du choc face au CSS, l'équipe a été incapable de produire du jeu. La donne est donc claire : battre le CAB et se hisser en finale. C'est une occasion unique de faire oublier une saison de galère, la plupart du temps.