Tosca suivie par les inégalables frères Mraïhi qui ont mis le feu sur une scène qui s'est dérobée sous un souffle d'émotions. Sur scène, une femme tout de noir vêtue. Elle est accompagnée de contrebasse, de piano et de guitare classique qui vont porter haut et fort sa voix. Il s'agit de Tosca, une chanteuse des plus originales. Elle a commencé sa carrière en chantant dans les bars, c'est là qu'on l'a dénichée. Depuis, elle est star dans son pays, l'Italie. Sur un rythme langoureux, obéissant à un tempo lent et doux, la chanteuse sème une chaleur enrobée d'une voix des plus sensuelles... Elle offre à un public ravi une variation sur un même thème «L'amour»... Peu importe la langue : français, italien... L'interprète chante avec ses tripes... Ses mots s'éclatent sur une scène où règne la poésie... A chaque chanson correspondent quelques vers du poème d'amour.Tosca dit d'une voix suave les fluctuations de la mer et fait danser les étoiles...puis nous emporte dans un rythme entaché de mélancolie. La voix perçante, telles des flèches d'Eros, touche les cœurs... Puis, le rythme s'affole... un rythme entraînant... Tosca sort son grain de folie... Le tempo est plus speed et rythmé. Dans un élan lyrique, sa voix monte crescendo. Un petit swing jazzy va donner du peps à son rythme. Puis, l'interprète replonge dans ses lieux de prédilection : la mélancolie servie à travers une voix voluptueuse. Le clou de la soirée, c'est l'interprétation par Tosca de la chanson de Abdelhalim Hafedh «Ahwak»... La diction est presque parfaite et la voix est envoûtante. Elle fait participer un public admiratif. Somme toute, la chanteuse a brillé de tout son éclat sur scène. Puis la scène accueille le célébrissime duo composé par les frères Mraïhi... Amine et Hamza sont revenus en Tunisie à l'occasion de jazz à Carthage après cinq ans d'absence et de tournées à travers le monde. Leur musique éparpille des émotions intenses sur une scène qui se dérobe sous un rythme transcendant... C'est le nirvana... On est transporté loin vers le septième ciel... De vrais virtuoses, leurs instruments parlent et disent des mots d'amour portés au plus haut par chaque note... Qanûn (cithare) et luth se mêlent et s'entremêlent pour offrir généreusement un rythme suave, parfois même une complainte... La musique de Amine et Hamza tourbillonne et bouillonne tel un derwiche tourneur. Elle se noie dans une délicieuse émotion que la nostalgie exacerbe puis remonte à la surface sur un rythme chaud. On tape des mains. Nous sommes loin du son oriental. Il s'agit d'une rencontre, une symbiose entre Orient et Occident très dynamique et non moins envoûtante... La musique est transportée par le violon, la percussion et la clarinette toujours plus haut telle une courbe ascendante. Le luth chaud et puissant fait tandem avec le qanûn. Cet instrument révèle des secrets insoupçonnés. L'habileté de l'exécution confère à cet instrument une belle légèreté. Une invitée de marque : la chanteuse Marwa Kriaa à la voix chaude et douce fait vibrer les instruments... et adoucit le rythme. Les morceaux interprétés par Amine et Hamza sont un véritable baume au cœur... tous exécutés dans une joie de vivre contagieuse. Standing ovation pour ces précurseurs d'un rythme nouveau, chaud et volubile. Najette KACEM