Une voix entraînante et enivrante, douce et profonde a illuminé la septième soirée de Mûsîqât. Cette voix est celle de Mariana Montalvo, artiste chilienne qui fait revivre la tradition de son pays et celle de toute l'Amérique latine dans une joie de vivre teintée de mélancolie et de nostalgie délicieuses. Pour sa cinquième édition, Mûsîqât et le Centre des Musiques arabes et méditerranéennes ont invité une artiste accomplie, une ambassadrice de l'outre Atlantique pour un moment de partage sous le haut signe de la musique… Mariana Montalvo et ses compagnons de scène se sont produits dans la salle des concerts d'Ennejma Ezzahra, lui conférant des couleurs venues d'ailleurs ; couleurs du Chili, de Cuba etc. Pendant près d'une heure et demie, l'artiste a décliné son talent en chansons et en musique. En effet, la performance vocale était accompagnée par un jeu habile et envoûtant d'instruments à cordes. Les rythmes étaient entraînants, incitant à entrer dans la danse ; tantôt, ils étaient empreints d'une mélancolie où le souvenir du pays se laisse deviner au détour d'une note, à la vibration de la voix. Les textes chantés s'ancrent dans la société, l'amour en est le thème principal, l'exil et la perte progressive de l'identité en constituent une complainte. Qu'ils soient de Neruda ou de Storni ou de Jodorowski, les textes sont des ballades ou une célébration de la vie car comme le dit Mariana Montalvo, rien n'est plus important que la joie de vivre et le bonheur en préambule à « Gracias a la vida » (Merci à la vie) de la chanteuse Violeta Parra. Le répertoire interprété était hétéroclite allant du folklore aux reprises, en passant par les compositions personnelles de Mariana Montalvo. L'énergie déployée sur scène a gagné le public dans le rappel. En effet, en chantant « Igual que usted » (nous sommes tous égaux), l'artiste a invité les spectateurs à reprendre en chœur le refrain de la chanson traduit en arabe. Cette traduction met dans la connivence le public qui, à plusieurs reprises, a vivement applaudi l'artiste et ses acolytes. Ainsi, sous des airs latinos, la soirée du mardi 12 octobre fut celle de la rencontre entre deux mondes. Mariana Montalvo a remercié les organisateurs de l'avoir invitée et surtout de la qualité de l'accueil qu'ils lui ont réservé. Le concert était un moment de découverte d'un nouveau son, d'une voix unique au timbre profond, à la sensualité enjouée où tout se réinvente et s'évanouit à travers la note et le mot, le tempo de la percussion et le pincement d'une corde…