Notre peintre a laissé de côté ses rêves pour «faire plaisir» à ses parents. Mais rien à faire, l'appel de la peinture était trop fort. Des études d'architecture d'intérieur, un mastère, Olfa Jomaâ devient professeur assistante, juste pour entrer dans le moule de la société, notre peintre a laissé de côté ses rêves pour «faire plaisir» à ses parents. Mais rien à faire, l'appel de la peinture était trop fort. «Je me suis libérée des exigences de la société». Le pinceau libre, débarrassée des entraves sociétales, Olfa a commencé à s'évader au gré d'un imaginaire tumultueux. Le pinceau avide de couleurs a désaltéré sa soif d'expressionnisme dans la douleur intérieure de la femme. Les peintures de Olfa Jomaâ sont vêtues d'un halo de lumière qui perce le mal-être vécu par les femmes. Elle défie les tabous quitte à choquer les plus rigides. La femme est représentée dans ses simples apparats. Elle est nue. Il ne s'agit pas de la nudité corporelle, il s'agit plutôt de sa nudité la plus cachée, son mal-être. Le pinceau effronté, le peintre n'a pas peur de matérialiser la souffrance. Son moyen d'expression est un abstrait jalonné de figuratif. Zoom sur les yeux. Les regards sont tristes. Une femme noie son désespoir dans l'alcool, affalée. Oui, nous dit le peintre, la femme intériorise plus que l'homme. Elle subit et ça se lit dans ses yeux. Notre artiste dépeint la sensualité. Le corps devient une prison, jeux de couleurs, jeux d'ombres et de lumières affrontent les balises d'une vie structurée. Mais la femme est aussi l'élégance. Majestueuse même dans la douleur, elle est représentée dans toute sa beauté. La voilà étendue sur un canapé, à la recherche de «ce je ne sais quoi, ce je ne sais qui», affirme Olfa Jomaâ. La voilà seule délaissée après une nuit torride, abandonnée à ses démons : «J'observe beaucoup», nous dit l'artiste. C'est ainsi qu'elle a pu déshabiller la femme des limites érigées par la société. La femme est vidée de ses sentiments. Le jouet du destin... Elle n'est plus que corps, que désir... Un élément que Olfa a banalisé. Elle est un cri étouffé, que le pinceau de notre peintre exprime à travers des couleurs fortes et dynamiques. La voilà trucidée par des traits noirs, telles des barres de fer fluide et en mouvance. De quelle liberté parle-t-on? L'amour est-ce une illusion? Notre artiste a laissé vaguer son imaginaire dans les fluctuations d'une société qui ne pardonne pas. Un pinceau libre, prisonnier de la vie intérieure de la femme. La voilà en prison, recherchée par la police. Ou la pointe des doigts, et elle s'incline. Avec le temps, sa beauté est flétrie. La voilà vieille. «C'est le Deuxième sexe, comme l'a écrit Simone de Beauvoir», nous dit Olfa Jomaâ. La femme n'est plus désirable, d'ailleurs, l'artiste ne peint qu'un visage figé, sillonné par les marques du temps... Femmes, libérez-vous, poursuivez vos rêves. La douleur est un ogre qui engloutit la beauté et ensevelit la personnalité. Olfa Jomaâ a possédé un pinceau qui touche les abysses, il est aussi poésie et il va loin, très loin dans le non-dit. Il personnifie une souffrance qui a la bénédiction de la société. Libre, la femme sera jugée rebelle, elle aura mauvaise réputation. Prisonnier derrière des barreaux ataviques qui cachent sa solitude, elle sera acceptée par une société sans merci. Olfa Jomaâ a dévoilé la femme, elle est partie à la conquête de son âme. Pour ce faire, elle s'exprime à travers des techniques mixtes acryliques, encre de Chine et elle utilise même le style pour étaler sa poésie au milieu de quelques tableaux.