L'invasion annuelle des moustiques a commencé plus tôt que prévu. Défaite prématurée pour nos municipalités et nouveau calvaire en vue pour les citoyens. Impardonnable ! Ils s'amènent déjà, les moustiques. Ils annoncent, sans plus tarder, leur débarquement. C'est-à-dire plus tôt que prévu. Pas du tout fidèles à leur tradition, ils ont choisi le mois d'avril, au lieu de celui de mai, pour déclencher leur invasion annuelle. Sont-ils pressés à ce point ? Pas besoin d'avoir le cerveau d'Einstein pour le comprendre. La réponse, allez la chercher chez nos honorables municipalités qu'on prenait, faussement d'ailleurs, pour leurs bourreaux, pour leur bête noire, pour leur ennemi juré. C'est que la traditionnelle partie entre le chat et la souris s'est achevée, par la force des choses, par... l'abdication des mairies qui ne savent plus à quel saint se vouer, qui ne comprennent plus rien à ce véritable casse-tête chinois ! Et pourtant, elles ont tout fait pour espérer élucider l'énigme : campagnes de sensibilisation et de propreté, acquisition d'énormes quantités d'insecticides, opérations de curage des oueds, arrosage par voie aérienne des gîtes de reproduction des moustiques, etc. Bizarrement, autant ces mesures préventives sont louables, autant elles sont improductives. Et cela pour au moins trois raisons, à savoir : le manque de coordination entre les municipalités voisines qui lancent séparément leurs campagnes, ce qui permet aux moustiques de réussir leur «évasion» d'une commune en état d'alerte environnemental à une autre qui «chôme», donc plus sûre. La persistance d'un fléau (il en est vraiment un) appelé «terrains vierges», ces périmètres vagues et abandonnés que certains habitants parmi les «anti-écolos» n'hésitent pas à transformer en dépotoirs anarchiques qui font, naturellement, la joie des moustiques, des mouches, des chiens errants et autres ravageurs. Et l'éternel problème des horaires de ramassage des ordures ménagères et détritus. En ce sens que, dans deux communes sur trois, la fréquence de ces opérations de collecte n'est pas régulièrement respectée. Moustiquaires contre moustiquaires... Tout cela se passe alors que nous vivons la saison printanière. Que dire lorsque l'été s'installera, flanqué de ses suffocantes journées de canicule et ses interminables veillées nocturnes. Les municipalités tenteront, alors et comme à l'accoutumée, de limiter les dégâts, en optant pour l'inévitable tactique de rechange qui consiste en la tournée des camions de curage sillonnant les rues des cités. Or, cette tactique, qui a fait son époque et la preuve de son inefficacité, souffre d'inconstance, outre le fait qu'elle ne touche généralement pas toutes les villes. Et la solution, diriez-vous ? Eh bien, il n'y a pas à boire et à manger. Une seule issue de secours : grignoter sur les dépenses familiales du mois pour se ravitailler en insecticides de toutes marques, nettoyer devant sa maison et s'armer de moustiquaires pour permettre aux fenêtres de contrer les raids massifs des moustiquaires, pardon des moustiques. Quitte à évoluer dans un sauna pour ceux, bien entendu, qui ne sont pas en mesure de se payer un climatiseur !! Dur, dur sera l'été 2016, n'est-ce pas nos édiles municipaux ?