Le combat ne fait que commencer pour organiser, normaliser, valoriser et reconnaître le métier comme une profession autonome Devant le siège du ministère de la Santé, elles étaient, hier, plus d'une soixantaine de sages-femmes venues de toutes les régions du pays, pour revendiquer, encore une fois, leur droit à la promulgation d'un statut juridique spécifique à la profession et l'inclusion de la catégorie sages femme dans l'article 2 de la loi 112 de 1983, concernant le statut général des agents de l'Etat, des collectivités et des institutions publiques à caractère administratif. Ce sit-in organisé par l'Union syndicale des sages-femmes de Tunisie n'est pas le premier du genre et ne sera peut-être pas le dernier. « Nous luttons depuis quatre ans pour alerter les autorités sur les défaillances du secteur dans le but de les corriger. Après moult tentatives vaines de résolution du problème, nous avons décidé de porter le brassard rouge — depuis un mois déjà — pour protester contre le silence des autorités, avant de passer à la grève générale en cas de non -satisfaction de nos revendications», déclare Nour El Houda Essassi, membre de l'Union syndicale des sages-femmes de Tunisie et présidente de l'Association sages-femmes de Tunisie-horizons et défis. Ces professionnelles de l'un des métiers les plus anciens et les plus populaires appellent à l'adoption d'un statut organisant enfin la profession. En effet, le ministère de la Santé ne considère pas la profession de sage-femme comme une spécialité médicale à part entière. « Contrairement aux normes mondiales, le travail de la sage-femme n'est pas valorisé dans notre pays et n'est pas reconnu comme un métier indépendant. On nous considère comme des techniciens supérieurs alors que la profession de sage-femme est une spécialité médicale à part entière », renchérit Souad Conbass, secrétaire générale de l'Union nationale des syndicats de sages-femmes de Tunisie. Valoriser le métier En décrétant le 5 mai jour de colère, date correspondant à la célébration de la Journée mondiale des sages-femmes, les protestataires donnent de la voix à leur lutte contre la marginalisation de la profession et à la défense de l'identité professionnelle et juridique de la sage-femme, d'autant que le ministère de la Santé semble avoir l'intention d'intégrer les sages-femmes dans le corps des infirmières spécialisées. La situation des sages-femmes en exercice, surtout dans les régions rurales, est lamentable. Marginalisé, le secteur souffre de plusieurs défaillances : « Une sage-femme prend en charge 10 naissances par jour, alors que les normes internationales ont été fixées à 2 naissances par jour », expliquent encore Majda Zemmit et Jamila Hammami de l'association suscitée.