Après avoir été reconnue, en 1996, comme étant une spécialité médicale à part entière, la néonatologie vient, tout récemment, de rassembler les professionnels œuvrant dans la prise en charge médicale et paramédicale des nouveau-nés sous un chapeau associatif: la Société tunisienne de néonatologie vient, enfin, de voir le jour, après des années de travail en solo, en équipes éparses placées le plus souvent sous la tutelle de la pédiatrie-mère. Il s'agit d'une association scientifique, à but non lucratif, qui vise un défi principal, à savoir la lutte des professionnels pour faire baisser le taux de mortalité chez les bébés âgés de 0 à 28 jours. Un projet de taille qui implique la conjugaison des efforts des néonatologues, des sages-femmes, du cadre paramédical œuvrant pour la prise en charge de cette catégorie infantile ainsi que les chercheurs et scientifiques à même d'apporter le plus pour des naissances sans deuil. La création de la Société tunisienne de néonatologie est susceptible de donner à cette spécialité un nouvel élan et de consolider les efforts fournis depuis les années 90 afin de doter les nouveau-nés des soins médicaux et paramédicaux appropriés à la première étape de leur existence. Le Pr Zahra Marrakchi, présidente de l'association et chef de service de néonatologie au CHU Charles-Nicolle, se souvient de la genèse de cette spécialité dans le paysage médical tunisien: «Dans les années 70 et 80, le taux de mortalité infantile — c'est-à-dire le nombre d'enfants décédés au cours de la première année de leur existence pour 1.000 naissances — était important, soit 120 sur mille naissances. Celui en revanche de la mortalité néonatale, notamment le nombre des nouveau-nés décédés et âgés de 0 à 28 jours, était alors insignifiant. Cependant, avec la sensible baisse de la mortalité infantile, qui se situe actuellement entre 17 et 18 décès pour mille naissances, une réalité a interpellé les professionnels: la mortalité néonatale accapare les deux tiers de la mortalité infantile. De nos jours, son taux s'élève à 12 décès pour mille naissances, alors que dans les pays développés, il est inférieur à 5 décès pour mille naissances». Pour doter la néonatolgie de l'intérêt qu'elle mérite et assurer aux bébés une meilleure prise en charge, la politique sanitaire avait implanté six services de néonatologie dont trois à Tunis, un à Sfax, un à Sousse et un autre à Monastir. Ainsi, cette spécialité a réussi enfin à sortir du cocon de la pédiatrie-mère pour agir avec plus de performance et plus de confiance en soi. Un drame évitable Aujourd'hui, la création de la Société tunisienne de néonatologie traduit l'ancrage de cette spécialité dans le domaine sanitaire. Elle vise ainsi la promotion de la recherche scientifique et des compétences tunisiennes en la matière afin d'optimiser les prestations destinées aux nouveau-nés âgés de 0 à 28 jours dans l'optique de faire baisser le taux de mortalité néonatale et d'atteindre ainsi les taux enregistrés dans les pays développés. «La mortalité néonatale est un drame évitable, étant donné qu'il est souvent le résultat de pathologies mal traitées, de mauvaises conditions de prise en charge, etc. La Société tunisienne de néonatologie est ouverte à toutes les compétences œuvrant dans ce domaine et ayant un rapport direct avec la prise en charge de cette catégorie infantile», renchérit la présidente de l'association. Et d'ajouter que l'ONG envisage de démarrer ses actions d'information et de sensibilisation à partir de septembre 2013; des actions qui comporteront des ateliers d'information, des conférences et des débats pour la sensibilisation des autorités sur les mesures et interventions nécessaires à l'amélioration des prestations néonatales, ainsi que des rencontres et actions pour la promotion de la recherche scientifique. Par ailleurs, l'association a déjà noué des relations internationales avec des ONGs similaires en vue d'établir des partenariats fructueux, à même de servir cette cause de santé publique. Parmi les partenaires, on cite les sociétés de néonatologie égyptienne, libanaise, jordanienne, émiratie et marocaine. Un contact a été également établi avec les néonatologues algériens. Soulignons également que l'association a réussi à obtenir un parrainage lui permettant de devenir membre de l'Académie internationale de néonatologie. Pour ce qui est de l'aspect organisationnel, le bureau fondateur de l'association, présidé par le Pr Marrakchi, envisage l'organisation d'une assemblée générale élective du bureau exécutif, qui aura lieu probablement en juin 2013.