Par Jawhar CHATTY L'événement est historique. Il ne fallait tout naturellement pas moins de trois ministres pour le cristalliser. Ce vendredi donc, le ministre de l'Energie et des mines présidait la cérémonie de signature du contrat d'acquisition par l'Etap des titres d'hydrocarbures revenant à la société PA Resources en Tunisie en présence du ministre de l'Industrie et du ministre chargé des dossiers économiques auprès du chef du gouvernement. Le contrat de cession portait, excusez du peu, notamment sur le permis Zarat, la concession Didon et les concessions Douleb, Semmama et Tamesmida. «Une première pour cette entreprise qui accède au rôle d'opérateur d'hydrocarbures au niveau de la production, et se hisse ainsi au rang des acteurs du secteur pétrolier», souligne un communiqué du ministère de l'Energie et des mines. L'Etap, entreprise tunisienne d'activités pétrolières, est une entreprise publique à caractère non administratif qui a été créée par la loi 72-22 du 10 mars 1972, « dans le but de permettre à l'Etat d'accroître son contrôle et sa participation active et directe dans les différentes activités de l'industrie pétrolière ». Ce petit rappel n'est pas fortuit. Il a au moins le mérite de nous faire prendre conscience que l'Etap a à son actif 44 années d'activité au service de la Tunisie. L'opération qu'elle venait de conclure ce vendredi est une excellente nouvelle. D'aucuns trouveraient sans doute à dire qu'il était pour elle grand temps de le faire, peut-être bien. Il n'empêche, elle a pu acquérir les titres d'hydrocarbures au moment opportun puisque les cours du brut sont actuellement au plus bas. De plus, quelle que soit la décision prise dans le futur pour l'exploitation, ce sera à des conditions plus favorables pour la Tunisie. L'Etap a aujourd'hui 44 ans, l'âge de raison en somme. Mais c'est aussi l'âge et le temps des questions et des bilans. L'entreprise a sans doute un excellent personnel, mais a-t-elle ce qu'il faut pour pouvoir exploiter des champs de cette complexité ? La question mérite d'être posée d'autant plus que, selon un rapport accablant dressé en 2013 à la demande de la Cour des comptes et publié en 2014, l'Etap ne serait pas dotée, s'agissant des ventes de pétrole au profit de l'Etat, «d'un service spécial chargé du suivi et de la coordination des actions des directions chargées de vendre le pétrole brut et le gaz au profit de l'Etat». De même que la société «ne dispose pas d'un guide de procédures référentielles relatives à la vente des hydrocarbures au profit de l'Etat ... ». Dont acte même s'il était impertinent de bouder notre plaisir de voir l'Etap réussir vendredi dernier une belle opération.