Par M'hamed JAIBI Après s'être recroquevillée sur elle-même jusqu'à l'isolement le plus inquiétant, la direction de Nida Tounès issue du congrès controversé de Sousse, avec à sa tête Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj, vient de ramasser les dividendes du départ de l'ancien président du groupe parlementaire et l'élection à une forte majorité du nouveau, pourtant bel et bien des leurs, puisqu'il est membre dudit Comité politique qui dirige actuellement le parti. Paradoxalement, les dividendes sont recueillis a contrario des positions annoncées et des alliances présupposées, ce qui laisse à de virtuoses acteurs de l'ombre le bénéfice de la performance. Donné pour proche tantôt de Caïd Essebsi junior tantôt de Belhaj, le député Sofiène Toubel ne correspond nullement aux attentes du groupe des «57» ayant appelé à la reconstruction du mouvement, ni à celles des 34 députés mécontents conduits récemment par Khemaïes Ksila et Leïla Chettaoui. De plus, il a été élu, samedi à Hammamet, par les 48 députés présents du groupe parlementaire, alors que les journées parlementaires tenues à Sousse — dans un hôtel de Zohra Driss — avaient décidé de reporter le remplacement de Ben Omrane à l'automne. Et il affiche désormais clairement des attitudes et positions qui n'étaient pas les siennes ni à Kairouan ni à Djerba ni à Sousse, comme sa détermination à agir à rassembler de nouveau le groupe parlementaire historique issu des élections et à rétablir le bureau exécutif. Au moment même où il n'est plus question de s'allier à Ennahdha pour les municipales et où la coordination avec le chef du gouvernement se fait maintenant par le biais du groupe parlementaire lui-même, indépendamment des trois autres partis de la coalition, voire du Comité politique de Nida. Député élu à l'âge de 40 ans dans la circonscription de Gafsa, le nouveau président du groupe parlementaire de Nida présente un profil jeune issu des régions qui lui donne des atouts indéniables dans les enjeux des batailles cruciales pour la relance, le développement et contre le chômage. Avec son élection de manière démocratique, un verrou a sauté. Celui des coulisses, des consignes et des arrangements. Est-ce pour autant qu'un véritable processus de construction démocratique du parti du président de la République est en marche? Ce serait fort utile si l'on estime toujours que notre échiquier politique a besoin d'un équilibre durable.