Les joueurs stadistes jouent leur saison. Mais, ils ont les épaules solides. La tête aussi. Dans le football, tout va très vite. C'est un cliché, et comme tout cliché qui se respecte, il a tendance à être non seulement vécu, mais tout particulièrement assumé. Le Stade ne joue pas seulement sa saison. Il joue toute l'histoire récente et l'avenir proche et lointain du club. Après les derniers faux pas, il ne se remettra pas d'une autre déconvenue. Ce qu'il y a d'étonnant avec le Stade, c'est que même quand il ne gagne pas, il continue toujours de faire parler de lui. Pour ce qui est du terrain, ce n'est plus la joie. Ou presque. Le plaisir de jouer, il ne l'a pas beaucoup connu cette saison. Sèchement résignés, les hommes de Kanzari enchaînent les déconvenues. La faute est partagée entre les différentes parties prenantes. Mais elle incombe surtout à tout un environnement contraignant et défavorable. Le contrat est désormais le suivant : il n'y a pas d'autre solution pour échapper au purgatoire que de gagner tous les matches à domicile et espérer un exploit dans ceux qui auront lieu en déplacement. A commencer par le match de cet après-midi face au Stade Gabésien où il est condamné à abattre sa dernière carte pour essayer de quitter la zone dangereuse en cette fin de saison. Il a certainement une énorme envie de s'imposer et il doit s'imposer. Ce serait vraiment réconfortant de prendre trois points. On ne sait pas s'il y arrivera, mais il jouera de toute évidence sa chance jusqu'au bout. Ce n'est qu'à ce prix que les joueurs pourront entretenir la flamme. Ils lisent, ils entendent et ils en voient de toutes les couleurs, de tous les jugements. Nous avons envie, pour notre part, de voir leurs actes. Et ils devraient être prêts pour cela. Il devrait y avoir une unité de tout le groupe, ceux qui jouent, ceux qui jouent moins et ceux qui ne jouent pas du tout. Il faut s'habituer à croire que l'histoire du ST n'est jamais un long fleuve tranquille. Il est imprévisible. Ses joueurs le sont encore davantage. Ils ont plus que jamais besoin d'un peu plus de normalité et surtout de saisir l'opportunité d'accomplir une ultime ligne droite décisive. De relever la tête car personne ne leur interdira de croire jusqu'à l'impossible, de faire pas seulement ce qu'ils peuvent, mais aussi ce qu'ils veulent. Mais en dépit de la rigueur et les moyens de lutte que l'on se donne, on sait que derrière toute action de remise en cause se cachent toujours des dangers. Il y a bien des choses qui ne rassurent pas sur l'avenir du ST. Cela dépasse largement le débat autour d'une équipe et d'un club en décadence. Mais c'est aussi le devoir de pointer ce que nous considérons comme des erreurs, ou des dérives. Si l'on sait comment tout cela a commencé, l'on sait encore moins comment cela va finir. On a fait du club quelque chose de désincarné, qui perd du sens, et qui n'est plus qu'un moyen de déchirement, de division et même de démoralisation. Rouid et Jelassi de retour Le plus important reste cependant lié à tout ce qui a rapport avec l'immédiat et le quotidien. L'opération de sauvetage devrait prendre le dessus sur toutes les autres considérations. Parfois, les difficultés permettent d'avancer. Le Stade ne devrait en aucun cas céder aux aléas d'un contexte et d'une situation dénaturés. Entre l'essentiel et l'accessoire, la manière d'alterner temps de jeu, formules et raisonnement, il y a l'impératif d'une mobilisation et d'une adhésion inconditionnelle à tout ce qui pourrait sauver l'équipe. Kanzari et ses joueurs savent pertinemment que pour s'imposer cet après-midi, il faut sortir le grand jeu, revendiquer une nouvelle ligne de conduite sur le terrain, une nouvelle raison d'être. Du jeu, de l'inspiration, mais aussi de la rigueur. Il devrait profiter du retour du défenseur, Hamdi Rouid, et du milieu de terrain, Mohamed Sghaier Jelassi. Un retour susceptible d'assurer l'équilibre et les automatismes du jeu, ce qui faisait défaut lors de la suspension des joueurs en question. En attaque, l'entraîneur stadiste pourrait compter sur le joueur mauritanien, Soudani, en l'absence du Malien Cheikh Touré. Jusque-là, le rendement des joueurs n'est pas en adéquation avec les aspirations et les ambitions nourries. L'on n'insistera jamais assez sur la nécessité de favoriser à toute l'équipe les meilleures conditions d'épanouissement. Il s'agit d'une option irrévocable, dans la mesure où tout ce qu'elle est censée entreprendre est destiné à valoriser le rendement d'un ensemble condamné à se donner à fond.