331 cas d'abus sexuel à l'encontre des enfants ont été enregistrés en 2014, contre 601 cas en 2015 et 53,5% de femmes ont été victimes d'actes de violence pendant la période de 2011 à 2015 Un point de presse a été organisé conjointement hier par les ministres de la Justice, M. Amor Mansour, et de la Femme, de la Famille et de l'Enfance, Mme Samira Marai, en présence du chef du bureau du Conseil de l'Europe en Tunisie, William Massolin, pour traiter de la problématique de la violence à l'égard des femmes et des enfants. L'opportunité est l'organisation d'un atelier sur «la violence à l'égard des femmes, exploitation et abus sexuels à l'encontre des enfants, traite des êtres humains : cadre juridique et institutionnel tunisien à la lumière des conventions du Conseil de l'Europe». L'atelier, qui traite de la violence à l'égard des femmes, de l'exploitation et des abus sexuels à l'encontre des enfants, vise à sensibiliser les participants aux standards internationaux en la matière, notamment les conventions du Conseil de l'Europe sur cette thématique et un projet de loi sur la lutte contre la traite des personnes. La première séance a été consacrée à une présentation des avancées nationales en matière de lutte contre la violence faite aux femmes : état des lieux et le projet de loi organique relatif à l'élimination de la violence à l'égard de la femme. La seconde partie s'est focalisée sur le thème de l'exploitation et des abus sexuels à l'égard des enfants. Statistiques préoccupantes Des données sur les abus sexuels et la stratégie du ministère de la Femme, de la Famille et de l'Enfance pour combattre toutes les formes de violence et de l'exploitation sexuelle ont été présentées. «La protection des enfants contre les abus et l'exploitation sexuelle est une priorité préoccupante aujourd'hui. Nous avons enregistré au cours de ces dernières années plusieurs cas de femmes violentées. Selon les résultats d'une enquête nationale sur la violence à l'égard des femmes menée en 2010, le taux des femmes ayant subi une forme de violence au moins une fois dans leur vie s'élève à 47,6%. Une autre étude menée récemment par le Centre de recherches, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif) montre que le taux des femmes victimes d'un acte de violence dans l'espace public s'élève à 53,5% dans la période 2011-2015. Pour lutter contre ce fléau, nous œuvrons à mettre en place une stratégie et un projet de loi pour la protection des femmes et des enfants», souligne Mme Samira Marai lors de la conférence. Cet atelier a pour objectif de faire une mise au point sur la situation dans le pays, renforcer les connaissances et développer une approche et un langage commun dans le but de combattre ce fléau, lutter contre la violence et protéger les enfants. Nécessité d'un cadre juridique «Appliquer l'article 21 de la constitution qui prône l'égalité et l'équité entre les humains et l'élaboration d'une loi contre la traite de personnes sont les démarches à suivre pour lutter contre la violence sous toutes ses formes. Notons que, les abus sexuels à l'encontre des enfants sont estimés à 331 cas en 2014 contre 601 cas en 2015», ajoute la ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfance. Approuvé en Conseil des ministres le 6 mai 2015, ce projet de loi a été soumis à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour examen le 8 mai 2015. Le projet de loi organique relatif à la prévention et la lutte contre la traite des personnes se base sur plusieurs volets et chapitres, dont notamment des dispositions générales, la répression dans le cas de la traite de personnes, des procédures spéciales, de l'aggravation des peines... Pour le ministre de la Justice, «il est grand temps de réviser la législation nationale sur la lutte contre la violence à l'égard des femmes, la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels et la traite des êtres humains afin de mieux garantir les droits de ces catégories fragiles ». Quant à William Massolin, chef du bureau du Conseil de l'Europe en Tunisie, il a mis l'accent sur la nécessité d'identifier des solutions communes aux problématiques soulevées par les questions de la violence à l'encontre des femmes et des enfants, mettant l'accent sur la nécessité de décréter des mesures de prévention et de protection. La violence en chiffres Des indicateurs font ressortir un constat glaçant sur les atrocités subies par les femmes tunisiennes. Ils ont été présentés par la responsable de la prévention sociale à la direction de la police judiciaire relevant du ministère de l'Intérieur, Najet Jaouadi. Le nombre de femmes victimes de crimes de violence s'élève, en 2015, à 32.511 cas. La violence conjugale vient en première position affichant une hausse de 20,8% en 2015 par rapport à l'année 2014. S'agissant des cas de violence sexuelle, leur nombre s'élève, en 2015, à 6.054 dont 51% sont des actes de viol. Pour le cas des femmes mineures donnant naissance à des enfants suite à un viol sexuel, leur taux s'élève à 6%. TAP