Le comité directeur des JTC et les gens du secteur font le bilan de la précédente édition des Journées théâtrales de Carthage, en pensant à la prochaine qui aura lieu du 18 au 26 novembre 2016. « Quels sont les acquis de la précédente édition des JTC et quels peuvent être les obstacles à la réussite de la prochaine ? » Telle a été la question posée par Lassaâd Jamoussi, directeur des Journées théâtrales de Carthage, pour ouvrir le débat, lors d'une rencontre qui a eu lieu mardi dernier, à Ennajma Ezzahra (Centre des musiques arabes et méditerranéennes), réunissant le comité directeur, avec la presse et quelques personnalités du secteur théâtral, dans l'intention de faire le bilan de la précédente édition et de promouvoir la prochaine. Mais avant de donner la parole à ses invités, Lassaâd Jamoussi a rappelé que l'édition 2015 a été basée sur la décentralisation. Une pré-ouverture a eu lieu à Matmata avec un spectacle tuniso- italien. Et à propos de coproduction, le directeur affirme que cette nouvelle option des JTC a donné ses fruits ; un des spectacles coproduits est encore en tournée en France, a-t-il dit. Et pour finir d'évoquer les bons côtés de la précédente édition, Lassaâd Jamoussi a communiqué à l'audience quelques chiffres : 260 représentations ont été données entre Tunis et les régions, dont des pièces de théâtre qui ciblent le jeune public. Il a ajouté que 30.000 étudiants de la capitale et de l'intérieur de la république ont compté parmi les festivaliers. Mais ces chiffres ne semblaient pas impressionner l'auditoire qui s'est empressé de faire le bilan, et de poser les bonnes questions : que veut-on faire de ce festival ? Quelle est son identité aujourd'hui ? Quels sont les moyens matériels et techniques mis à sa disposition ? Quelle infrastructure pour une manifestation qui se veut d'envergure internationale? Les artistes présents ont vite fait d'évoquer certaines lacunes de la session 2015. Côté programmation, il y a plus de quantité que de qualité. Les spectacles étaient trop nombreux et se chevauchaient dans les horaires. Le public désireux de voir un maximum de pièces de théâtre est resté sur sa faim. Les spectacles étrangers qui dépendent du bon vouloir des ambassades laissent souvent à désirer. Concernant la « Com », il n'y avait pas assez d'informations sur les spectacles programmés. Pour ce qui est du programme parallèle aux représentations, il y a, par exemple, le marché qui est censé aider à la diffusion des spectacles, mais qui s'est avéré balbutiant. Le festival n'a pas les moyens techniques et humains pour assurer le bon déroulement des représentations. De toute façon, il n'existe pas assez d'espaces pour toute cette boulimie festivalière. Malgré quelques tensions et malentendus, le débat a abouti aux propositions suivantes : Une sélection plus rigoureuse des pièces candidates pour les JTC est souhaitable. Il faut miser sur la qualité plutôt que sur la quantité et opter pour une programmation plus aérée. Il faut, également, choisir le meilleur de ce qui se fait à l'étranger. Une meilleure coordination sur le plan technique est nécessaire. Et pourquoi ne pas penser à former des responsables de la programmation ? Il faudra, désormais, accorder plus d'espace et d'importance au théâtre pour enfants. Il est important, également, de revoir la façon de négocier les contrats des artistes. Le fait de créer un espace de rencontre avec les invités du festival et des personnalités de renommée internationale permettrait, au jeune public, surtout, d'en savoir plus sur cet art si fondamental et fondateur qu'est le théâtre. Il faudra, par la même occasion, renouer avec la vieille tradition des débats. Une meilleure coordination avec les délégations culturelles régionales assurera un bon accueil des spectacles et un bon déroulement des représentations. Il faut prévoir un minimum de deux représentations pour un spectacle tunisien. L'idée du Marché du théâtre est à revoir et corriger pour que les artistes aient plus de chances de rencontrer les tourneurs, et les programmeurs. Pour plus d'efficacité en matière de communication, il faudra mettre en place une bonne stratégie de Com, rééditer le bulletin quotidien, et faire, entre autres, une mise à jour de la programmation sur facebook pour entretenir l'intérêt du public... Tout cela est bien beau. Mais que faire avec un budget de un milliard cinq cent mille dinars dont la moitié s'évalue en prestations de services? Que faire avec ce peu de liquidité ? Pourquoi ne pas raccourcir les journées (4 jours au lieu de 9) et limiter au maximum le nombre de spectacles et de manifestations parallèles ? Autrement dit, pourquoi rêver si grand quand on n'a que l'amour du théâtre à s'offrir en partage ? Nous y reviendrons.