Sur les thèmes de la paix et des droits de l'Homme. Encore une initiativede la société civile à saluer. Ce fut un temps, en Tunisie, où l'élève vivait au lycée, avec tout ce que le mot vivre comporte comme valeurs fondamentales à l'épanouissement. A part les obligations scolaires, il avait droit à des activités culturelles et sportives. Les lycéens de toute la république se rencontraient souvent dans le cadre de tournois et de compétitions. Il y avait même un festival national du théâtre scolaire qui attirait autant de monde que les JCC ou les JTC (Journées cinématographiques ou théâtrales de Carthage). A l'époque, le progrès et la modernité étaient au cœur du projet de société. La politique était concentrée sur l'éducation et la santé. Tout a changé vers la fin des années 80. Pour soumettre le peuple, le nouveau régime en place devait commencer par «abrutir» ses jeunes, et ce, par le biais d'un nouveau système d'éducation. Le rêve a cédé la place à la désillusion, l'activité à l'inertie, et la joie de vivre au malaise. Aller au lycée était devenu un calvaire. Le cartable pesait désormais des kilos, alors que le cerveau devenait de plus en plus paresseux. Ce qui nous a inspiré toute cette littérature n'est autre que l'évènement qui vient d'avoir lieu à Sfax. Il s'agit du FILAS, Festival International Lycéen des Arts Scéniques. Encore une initiative de la société civile pour sauver la Tunisie et les Tunisiens de l'obscurantisme. Car, aujourd'hui, dans l'état actuel du pays, où tout est à refaire, la balle est dans le camp de ceux qui croient en l'importance de la culture et de l'éducation, et de la jeunesse en tant que citoyenne du monde. Des groupes et des œuvres Le FILAS, organisé autour du thème des droits de l'homme, vise à développer la communication entre nos jeunes et ceux des pays participants, à savoir la France, la République tchèque, la Macédoine et la Slovénie. Encadré et dirigé par des professeurs accompagnateurs, chaque groupe d'élèves a présenté un spectacle théâtral, auquel ont assisté les délégations des autres pays, entourées d'un public nombreux de jeunes lycéens, de professeurs et de parents d'élèves. Le programme comporte, également, la projection de courts métrages, un spectacle de danse et un défilé de costumes traditionnels, ainsi que des expositions, des ateliers communs et des rencontres au sein des établissements scolaires. Les élèves tunisiens ont donné deux représentations théâtrales signées par Mouna Jamoussi, dans le cadre de la section « Théâtre de la Paix ». La première pièce était interprétée par des élèves du Collège Pilote. Quant à la deuxième, elle mettait en scène ceux du Lycée Pilote. Ateliers et échanges Des ateliers communs, organisés les 9, 10 et 11 de ce mois, sous la direction du professeur Lassaad Jamoussi, assisté par une équipe d'animateurs tunisiens et européens, ont permis de faire fusionner les travaux des différents groupes européens et tunisiens sur les thèmes de l'égalité et de la prévention de la torture. Ainsi préparés, chaque groupe d'élèves est allé dans un collège ou un lycée. Ils ont échangé leurs expériences dans le cadre de Workshops communs permettant de brasser les prestations des groupes européens et celles de leurs hôtes. Ces ateliers, réalisés grâce au soutien de l'Observatoire de la Jeunesse et du programme Agora, ont donné lieu à un travail collectif qui a engagé tous les participants dans un espace troglodyte à Matmata, dans la matinée du 13 décembre. Le 7 décembre, les élèves ont été invités à l'Ecole des Beaux- Arts, pour créer, sous l'égide de l'Alliance Tunisienne des Designers, des affiches, portant sur le festival et sur les valeurs qu'il prône. Les travaux sélectionnés serviront à la promotion des sessions futures du festival. « Outre l'ouverture de la jeunesse tunisienne et européenne sur les expériences de transition démocratique, avec ses limites et ses succès, d'un pays à l'autre, cette rencontre vise à intérioriser les Valeurs de Libertés et de Droits Humains dans leur acception universelle », écrit Lassaâd Jamoussi, initiateur de cette manifestation. L'assimilation de telles valeurs passerait mieux, en effet, par un traitement artistique, basé sur l'imaginaire et le ressenti.