Par M'hamed JAIBI En lançant l'idée alléchante d'un «gouvernement d'union nationale», le président de la République semble mû par la ferme volonté d'élargir et de consolider le consensus gouvernemental actuel, lequel pourra s'adosser alors à une majorité parlementaire plus confortable et à un projet national mieux partagé. En attendant, il a admirablement réussi à relancer le débat national et rouvert les portes de l'espoir. Hachmi Hamdi, chef du gouvernement ? Cette initiative présidentielle tranche avec celle de la «réconciliation nationale» par l'ampleur de l'éventail des prédispositions favorables déjà exprimées en l'espaces d'à peine quelques petites heures, et donc par la probable éventualité d'un large ralliement autour d'elle. Ce qui rehausse le président dans sa fonction de rassembleur de tous les Tunisiens et de garant de la Constitution et des objectifs nationaux majeurs. Deux courants d'opposition radicale ont d'ores et déjà réagi positivement à la déclaration de BCE : Hachmi Hamdi, qui se dit prêt à assumer des responsabilités au sein d'un tel gouvernement et même à en être le chef, et Mongi Rahoui, qui indique que le Front populaire ne verrait pas d'objection quant à une participation à un gouvernement d'union nationale. Ennaceur et Essid bien disposés Mais il s'agit d'abord de recenser les réactions au sein de la majorité gouvernementale et auprès des deux autres «présidents». Mohamed Ennaceur estime que l'idée d'un gouvernement d'union nationale est une excellente idée qui peut sortir le pays de la crise actuelle, précisant que le problème n'est pas imputable au gouvernement actuel mais à la vision des différents partis, qui manque d'harmonie. Habib Essid a affirmé qu'il était prêt à démissionner «si l'intérêt du pays l'exige», indiquant que l'association des centrales patronale et syndicale au gouvernement s'imposait. Les «quatre» seraient de la partie Du côté de la coalition quadripartite, même si Afek Tounès ne s'est pas clairement exprimé, la partie semble bel et bien acquise. Le mouvement Ennahdha a salué l'initiative du président de la République pour la formation d'un gouvernement d'union nationale, estimant que cette démarche s'inscrit dans la continuité du choix de la voie de la conciliation nationale et de la stratégie de collaboration entre les différentes parties politiques et sociales... Quant à la direction officielle de Nida Tounès, elle a, malgré de nombreuses absences, approuvé et salué l'initiative du chef de l'Etat. Enfin, l'UPL a, par la bouche du ministre du Commerce, Mohsen Hassen, rendu hommage à l'initiative. Mais le gouvernement d'union national est une occasion inespérée pour battre le rappel des différents groupes de destouriens et d'indépendants, et de très nombreux technocrates aujourd'hui en perte de repères. Manquent à l'appel l'attitude de Mohsen Marzouk et celle des nidaïstes critiques, mais tout porte à croire que ces deux composantes du Nida Tounès historique sont naturellement acquises aux initiatives du fondateur de ce parti malgré son arbitrage jugé quelque peu partial lors des conflits internes. Le modèle social et de développement L'idée du président de la République semble d'abord d'amener les principaux partenaires sociaux, Ugtt et Utica, à siéger directement au gouvernement et à concilier leurs attitudes en un compromis sur le modèle social et de développement, lequel agite déjà les partis de l'actuel gouvernement. Car la contestation persistante des syndicalistes et les critiques discrètes mais réelles des chefs d'entreprise retardent constamment les velléités de relance de l'économie et du développement. Restent les différents partis se réclamant de la social-démocratie : Al Joumhouri, Ettakatol, Attayar... et les partis marzoukistes. Et rien n'interdit leur ralliement à l'initiative. Une idée qui pourrait enfin souder le projet national et rétablir l'autorité de l'Etat et l'efficacité du modèle démocratique.