L'Afrique, en témoignent tous les experts, dispose d'un potentiel remarquable, toutefois, toujours en mal d'exploitation. Et c'est ce même potentiel qui a permis au continent de se doter d'une large capacité de résilience, pour résister à une conjoncture internationale totalement défavorable et limiter significativement les dégâts. Aujourd'hui, enjeux internationaux obligent, l'Afrique doit repenser son positionnement et son statut. Elle doit, pour ainsi dire, passer d'un stade plutôt défensif à un autre totalement offensif. En plus clair, voir grand et avoir de l'ambition. Reste que pour réussir une telle orientation et surtout mettre en place une stratégie de développement économique durable, l'Afrique a besoin de se doter d'une politique de financement solide. Ainsi, l'on peut dire que l'engagement de tout un plan de lutte contre les financements illicites, c'est-à-dire la corruption , l'évasion fiscale, et les détournements d'argent, qui minent sérieusement les économies africaines, procède de ce souci stratégique. Cette question est d'autant plus prioritaire que le coût de ces pratiques graves ne cesse d'atteindre des seuils inédits. D'ailleurs, selon une étude de la Banque africaine de développement, entre 2000 et 2009, près de 30,5 milliards de dollars ont fuité hors du continent. Cela entend que pour chaque dollar d'aide au développement perçu, les pays africains en perdent dix. Question de responsabilisation Ce plan, ou plutôt ce partenariat sur le financement illicite, PIF, a été préétabli depuis le sommet des leaders Amérique-Afrique, en juillet 2014. Et cela a été dicté par ces pratiques frauduleuses qui continuent à absorber à un rythme accéléré les ressources du continent, à perpétuer sa dépendance à l'égard de l'aide et à compromettre sa capacité à élaborer un programme de développement qui reflète ses propres réalités et ses propres priorités. Ce plan a été renforcé encore, à l'occasion des assemblées annuelles de la BAD, qui a signé d'ailleurs, le 23 mai 2016, un partenariat relatif à cette question avec les Etats-Unis d'Amérique. L'objectif de ce partenariat serait donc de mettre en œuvre des actions communes pour aider à prévenir et répondre à ces pratiques pénalisantes. Mais ce qui est encore plus important, c'est que cette lutte contre les financements illicites devrait reposer, en grande partie, sur la promotion de la transparence dans la gestion des affaires publiques. Il est question surtout d'élargir le champ couvert par l'information budgétaire au traitement des données relatives aux autres organismes publics, de traduire les données budgétaires dans un langage simplifié, et de mieux renforcer la communication financière. Il s'agit aussi de doter les services compétents de moyens humains et matériels appropriés pour bien conduire leurs tâches, de consolider le cadre juridique pour élargir la coopération et l'échange entre les différents acteurs nationaux, et de créer une structure fiable et efficace de recouvrement et de gestion du produit du crime. Il s'agit d'un autre côté de proroger le délai de prescription de certaines infractions telles le blanchiment de capitaux et le financement de terrorisme, de multiplier les structures de veille et de supervision, de mettre un terme à cette politique d'impunité qui encourage encore plus les pratiques illicites, de renforcer la coopération avec les pays leaders en la matière, les USA entre autres. Mais ce qui est encore plus important, c'est que ce plan entend accroître la responsabilisation des gouvernements et surtout la garantie de leur implication dans cette lutte stratégique.