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Collecteurs des déchets en plastique: Le «maillon fort», voué à l'informel !
Publié dans La Presse de Tunisie le 23 - 07 - 2023

Collecteurs de plastique, c'était dans l'air ! Maintenant, ils en font un métier, même s'ils ont du mal à gagner de quoi subvenir à leurs besoins et gérer les économies de leur foyer.
Ils se comptaient sur les doigts de la main. Les collecteurs des déchets en plastique ont commencé à servir cette cause environnementale, il y a plus d'une décennie, non pas par souci naturel, mais par nécessité matérielle. Depuis, la précarité a gagné du terrain à un rythme accéléré, mettant bon nombre de Tunisiens dans l'obligation de dénicher, dans les poubelles, une matière grotesque pour la vendre et gagner leur pain quotidien. La cherté de la vie, l'érosion du pouvoir d'achat, les faibles perspectives d'embauche notamment, pour les personnes illettrées et sans formation professionnelle, sont autant de facteurs qui ont rendu cette solution ultime. Ce travail informel se prolifère à vue d'œil, en disant long sur la fragilité économique d'une tranche sociale marginalisée, vivant en dessous du seuil de la pauvreté. Il est 11 h00, en ce jeudi 20 juillet 2023. Mohamed Lâaouini, 31 ans, père de famille, sillonne l'avenue Bourguiba au Bardo, un gros sac rempli de bouteilles en plastique à la main. Ayant quitté l'école à l'âge de dix ans, il ne dispose pas d'un niveau scolaire à même de lui garantir les chances d'un bon job. Sans métier ni formation, il n'a pas trouvé d'autres alternatives que de collecter les emballages en plastique, —notamment les bouteilles d'eau minérale, de boisson, les bidons de détergents et autres—et les vendre aux intermédiaires, de quoi manger, au jour le jour. «Cela fait cinq ans que je travaille comme collecteur de plastique. C'est probablement la seule solution pour quelqu'un comme moi. A vrai dire, les offres d'emploi n'abondent pas et j'ai besoin d'assurer le minimum pour ma femme et mon fils âgé de deux ans. Le plus important pour moi, c'est de ne pas courir après l'argent sale et gagner mon pain quotidien avec dignité», indique-t-il. Mohamed est à mi-parcours, pour cette journée de travail.
Même pas les besoins d'un chat !
A 11h00, sous un soleil de plomb, tout déplacement devient difficile. Et pourtant, cet homme poursuivra sa quête, fatigué certes, mais déterminé. «Si vous me voyiez le soir, vous seriez surprise par la taille du sac que je traînerai sur mon dos. Je serai à peine visible par rapport à mon fardeau que je vendrai contre une vingtaine de dinars », renchérit-il. En dépit de sa hardiesse, il ne compte pas continuer dans ce boulot informel. «On m'a proposé de travailler dans une usine de recyclage de plastique, soit de 8h00 à 17h00 contre une paie qui n'excède pas les 17 dinars, ce qui ne m'arrange pas. Libre, je peux gagner plus», ajoute-t-il.
Si Mohamed anticipe sur l'avenir et aspire à améliorer sa situation et celle de sa petite famille, ce n'est point le cas d'un sénior qui ne cherche plus que des solutions d'ici maintenant. Un peu plus loin, à l'abri d'un arbre, Khalifa Hamadi Majri, 64 ans, a pris place au pied d'un mur sur le trottoir. Croisant les bras sur les genoux, y posant la tête, il s'est adonné au sommeil, épuisé. Après des années de travail comme ouvrier dans les chantiers, sa santé ne lui permet plus d'être en contact avec la poussière. «Ma santé oculaire a fini par être fragilisée par tant de poussière. Je me suis trouvé dans l'obligation de changer de créneau. J'ai opté pour ce travail depuis dix bonnes années. Je prends le métro pour me faciliter la tâche et je continue, à pied, pour collecter le maximum de bouteilles en plastique », indique-t-il. Khalifa habite chez sa sœur. Incapable de subvenir aux besoins de sa famille, il a quitté son domicile, allégeant ainsi la charge de sa femme et de son fils...Ce boulot ne lui garantit que de quoi manger au jour le jour. «Croyez-moi, avoue-t-il, ce que je gagne durant la journée ne suffit pas aux besoins d'un chat...Néanmoins, je remercie Dieu pour chaque sou gagné avec dignité».
Epuisée, mais sereine
La collecte des déchets en plastique intéresse de plus en plus les femmes ! Ces dernières s'adonnent à ce travail qui exige patience, persévérance et beaucoup d'effort. Aziza en est une. Elle a 38 ans. Divorcée, ayant sa mère à sa charge, cette jeune femme a travaillé comme aide-ménagère depuis qu'elle était toute petite.
Après avoir trop enduré, elle a fini par abandonner ce travail qui lui a apporté plus de problèmes que de sous. «On m'a volé mon argent, humiliée, opprimée rien que parce que je devais faire le ménage pour gagner ma vie. J'ai fini par jeter l'éponge, dégoûtée par tant de méchanceté. Depuis un an, je collecte les déchets en plastique pour gagner ma vie. Libre, tranquille, je ne reçois des ordres de personne. Chaque matin, été comme hiver, je commence ma journée de travail à 7h00 et je la termine à 17h00. Je préfère peiner que de mendier ou demander l'aumône», souligne Aziza. Elle gagne, en moyenne, dix dinars par jour. Pour ce, durant l'été, elle doit redoubler d'effort pour préserver cette somme modique vu que le prix d'un kilo de déchet en plastique a chuté d'un cran. En effet, si le kilo était vendu à 1.500 en hiver, il ne coûte, actuellement, que 400 millimes. «Plus la matière est abondante, plus elle vaut moins cher. En été, la consommation d'eau minérale et de boissons augmente, d'où l'abondante quantité de déchets», explique-t-elle. En dépit de cette contrainte, elle n'a jamais lâché prise. «J'aime ce que je fais. Aussi dur que ce travail puisse paraître, il m'apporte la tranquillité dont j'ai toujours rêvé », avoue-t-elle, sereine.
Les vingt-cinq bouteilles à 400 millimes !
Tous ces collecteurs, qui se comptent par centaines ou plus, font partie de tout un circuit. Ils en sont même le pilier ! La collecte des déchets en plastique fait nourrir des familles et contribue à la dynamique de toute une chaîne. Mohamed Moncef Ben Mbarek dispose d'une unité de collecte des déchets en plastique, située à Ras Tabia au Bardo 2. Il juge que l'activité a chuté dernièrement, impactée qu'elle est par la baisse du prix du kilo de plastique. «Je ne reçois pas plus de cinq collecteurs de plastique par jour alors qu'en hiver, j'en reçois une douzaine. La chute du prix du kilo ne les arrange pas, ce qui est compréhensible. Pourquoi donc fournir autant d'effort pour ne gagner que deux ou trois dinars tout au plus ! », indique-t-il. En effet, pour obtenir un kilo, il faut collecter pas moins de 25 bouteilles en plastique d'une capacité d'un litre et demi chacune. En hiver, Mohamed Moncef côtoie des collecteurs de tout âge. Même les enfants s'adonnent à la tâche. Le kilo de plastique qu'achète Moncef à 1d200, il le vend à deux dinars aux usines de tri et de recyclage. En été, il l'achète à 400 millimes pour le vendre à 600 millimes.
« Chaque semaine, un gros camion vient jusqu'ici pour tout ramasser. Il existe deux usines spécialisées à cet effet : l'une est située à Douar Hicher, l'autre à Mornaguia », indique-t-il. Dans ces usines, le plastique qui était de trop refait peau neuve pour servir à nouveau, à d'autres fins. Entre-temps, les collecteurs continuent à fournir le même effort pour acquérir en autonomie financière, quoique frêle et atrocement éphémère...


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