Tout le monde en convient : la situation économique de notre pays demeure critique et surtout à haut risque. Les experts parlent même d'un « effondrement » imminent de l'économie nationale, du moins de ses principaux fondamentaux. En témoignent un taux d'endettement extérieur de 80% du PIB, une croissance trop timide, une crise de la balance des paiements généralisée, une inflation de plus de 8,5%, une moyenne de chômage avoisinant les 20%, un appareil productif qui tourne toujours au ralenti et des perspectives à la fois sombres et incertaines. Autant d'indicateurs alarmants qui placent notre pays devant l'obligation de réagir vite et de trouver la parade pour rééquilibrer, même progressivement, la donne. A ce stade, l'accord de la Tunisie avec le FMI pour un financement de l'ordre de 1,9 milliard de dollars est un engagement incontournable pour sauver l'économie nationale. Samir Saïed, ministre de l'Economie et de la Planification, n'en pense pas moins. Selon lui, «si la Tunisie ne parvient pas à un accord avec le FMI, la notation souveraine du pays risque d'être encore dégradée». Il faut donc «parvenir à un accord dans les plus brefs délais». Cela est d'autant plus vrai que notre pays ne dispose pas, du moins pour le moment, d'autres atouts pour espérer se «passer» du soutien de l'une des plus importantes institutions financières internationales. Et le recours aux Brics n'est pas encore d'actualité, faute d'un « volume économique » conséquent. Certes, l'adhésion à ce groupe (qui compte environ 40% de la population mondiale, 25% de son PIB et 18% du commerce international) constitue une grande opportunité pour améliorer le niveau «d'accès aux financements, fructifier les échanges et, surtout, bénéficier d'un nouveau système de financement alternatif au dollar», mais son efficacité nécessite au préalable une bonne assise économique. Ce n'est pas encore le cas de la Tunisie. L'adhésion à ce groupe reste, toutefois, une option d'avenir à laquelle il faut penser et surtout bien se préparer. Or, aujourd'hui, la Tunisie se retrouve dans une situation d'urgence absolue et a besoin d'une bouffée d'oxygène immédiate, ce qui signifie, pour nous, l'impératif de préserver nos partenaires stratégiques et améliorer le niveau d'entente avec nos bailleurs de fonds traditionnels. Sans pour autant se soumettre aveuglément et inconditionnellement à certains diktats. Il s'agit plutôt de trouver le juste milieu et consentir certaines concessions sans pour autant hypothéquer, bien entendu, nos fondamentaux humains. Quoi qu'il en soit, l'accord stratégique avec le FMI devrait rester, peut-être bien pour longtemps, clivant et «polémique». Car le choix entre la «survie» de l'économie nationale et la préservation de certains acquis sociaux, notamment des plus démunis, se mue en équation complexe difficile à résoudre.