Voilà l'exemple d'une manifestation culturelle dont l'objectif est d'épargner à la jeunesse l'ignorance et ses dérives. Résister à travers la culture, c‘est étendre les limites de la tolérance officielle, en adoptant une ligne considérée par les autorités comme idéologiquement suspecte. En Europe, et à l'époque des régimes communistes, cette forme de résistance a été considérée comme utopique. Mais elle permettait aux écrivains et aux artistes de contourner la censure sans aller tout droit vers la confrontation politique ouverte. La résistance culturelle, ou intellectuelle ou à travers l'esthétique, est une forme d'anticonformisme dont le but est de combattre une puissance dominante. Cette pratique est aussi vieille que l'histoire. Mais c'est, aujourd'hui, qu'on a donné un nom à cette révolte « discrète ». « Résistance par la musique » était le thème du festival « Assalamalekoum » qui s'est tenu du 1er au 3 juin à Nouakchott, capitale de la Mauritanie. Il s'agit d'une sensibilisation à une conscience positive, une conscience collective. En Afrique, le jeune a toute sa place. Mais ce continent a du mal à le contenir. Il ne semble pas lui offrir ce qu'il y a de meilleur. Pourtant, sa ressource principale est cette jeunesse créative et fougueuse. Dans le cadre d'une conférence, organisée par Artwatch Africa (un projet qui a pour but de défendre et de promouvoir les droits de l'artiste), les jeunes mauritaniens ont débattu longuement avec les artistes Didier Awadi et Lexxus Legal. De son vrai nom Alex Dende, ce dernier est un rappeur congolais et membre du groupe PNB (Pensée Nègre Brute), groupe Kinois créé en 1999, figure emblématique du hip-hop congolais. Il impose son rap sur les scènes congolaise et internationale, revendiquant les droits du peuple face à ses gouvernants. Outre son statut de rappeur et sa carrière d'artiste, Lexxus Legal est le pilier du style hip-hop au sein de son organisme Racine Alternative et crée des événements tels que la sélection du Gabao Hip-Hop et de Festivals Mimi Sud et Cœur d'Afrique. Didier Awadi, quant à lui, est le pionnier du mouvement rap au Sénégal et plus largement an Afrique de l'Ouest. Il a fondé en 1989 le groupe Positive Black Soul (PBS) avec son ancien rival, le rappeur Doug-E-Tee. Le chômage, la responsabilité citoyenne, le radicalisme et tant d'autres maux et faits que vivent bon nombre de jeunes, sont les thèmes qui ont été évoqués lors de cette conférence. Par la même occasion, les jeunes ont appris à s'exprimer sans discriminer et sans dénigrer. Les intervenants ont également insisté sur les remèdes que sont la créativité et l'imagination et dont la jeunesse devrait faire preuve afin de ne pas se laisser happer par les groupes terroristes qui leur font miroiter des avantages imaginaires. «Résistance par la musique», c'est aussi s'unir et s'ouvrir. A travers les récits de Lexxus Legal, les jeunes ont découvert un exemple, un autre regard à travers ses voyages, ses rencontres et ses aventures. Car dans le monde d'aujourd'hui si malléable et si furtif, seule l'éducation peut éviter l'ignorance et ses dérives. « Assalamalekoum » est donc un événement qui présente cette jeunesse à travers ses rimes et ses beats. Une jeunesse qui veut faire entendre ses aspirations et faire résonner ses désirs d'un lendemain meilleur. Souad BEN SLIMANE Source : journal d'Arterial Network, un réseau dynamique composé d'ONG, d'institutions, d'entreprises du domaine de l'économie créative, de festivals, ainsi que d'artistes individuels et d'acteurs et actrices du secteur culturel africain.