Tandis que l'actualité politique bat son plein, mêlant guerres et vacarmes, les réseaux et associations culturelles, plus inspirés que jamais, s'activent pour la parole libre. En ce mois d'août 2014, le programme Artwatch Africa d'Arterial Network, a organisé une série de formations, où journalistes, militants des droits de l'Homme et acteurs culturels se sont réunis pour discuter de l'état de la liberté d'expression créative sur le continent. Rappelons qu'Artérial est un réseau de la société civile, des artistes, des militants culturels, des ONG, des entreprises et des institutions actives dans les secteurs créatifs et culturels en Afrique. Tandis qu'Artwatch Africa, lancé par Artérial Network et Mimeta (fonds de coopération pour le développement de la culture et des arts) est un projet de surveillance de la liberté d'expression créative dans tous les pays d'Afrique. Il vise à faire respecter l'article 27 de la déclaration universelle des droits de l'Homme qui stipule que «toute personne a le droit de prendre part librement à la vie culturelle de la communauté, de jouir des arts...», et l'article 19 qui déclare que «tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit». Etant donné que ces droits fondamentaux de l'Homme sont souvent influencés par des facteurs politique, sociaux, culturels, religieux ou autres, Artwatch Africa s'est donné pour objectif de faire ressortir le non-respect (la contravention) de ces droits de l'Homme et de soutenir des artistes qui en sont les victimes. Ce même programme vient d'organiser une série de formations où journalistes, militants des droits de l'Homme et acteurs culturels se sont réunis pour discuter de l'état de la liberté d'expression créative sur le continent. La première formation a eu lieu au Nigeria du 15 au 17 août. Représentatifs de tout le secteur, les artistes issus des plus grandes associations artistiques n'ont pas hésité à partager leurs frustrations avec leur ministère de tutelle, et aussi leur incompréhension des décisions prises par la Nigerian Broadcasting Commission, représentée par son directeur général. Selon la newsletter d'Artérial, des débats parfois houleux ont permis une meilleure compréhension du droit artistique et culturel et une meilleure perspective de l'avenir. Car, écrit-on, même si la définition de la culture est comprise de tous, les droits rattachés à l'artiste n'en sont pas aussi évidents. Cette formation intensive de 3 jours aura permis à redonner un nouveau départ à la scène culturelle et artistique au Nigeria, basé sur la solidarité. Au Zimbabwe, du 20 au 22 août, la formation nationale Artwatch Africa a été conduite par Simone Andrade, consultante externe de la « Swedish Foudation of Human Rights » (fondation suédoise des droits de l'Homme). C'était une occasion pour les 17 participants de découvrir les droits de l'Homme sous un autre angle et avoir une meilleure lecture du contexte zimbabwéen. Ce fut aussi, une plateforme de partage d'expériences entre ces jeunes très actifs et engagés dans leur pays pour la liberté d'expression artistique et les représentants des chapitres nationaux d'Arterial Network en Afrique du Sud, Swaziland et Mozambique. Un enrichissant mélange de profils et d'expériences qui a mis en lumière les failles du secteur artistique dans un pays comme le Zimbabwe où les artistes, notamment les femmes, ont longtemps subi des répressions. Certes, souligne-t-on, de nombreux changements ont été enregistrés au cours des dernières années, mais la liberté de l'artiste n'est pas encore garantie dans toute son intégralité. Le cycle de formation a été bouclé au Burkina Faso du 25 au 27 août. On nous apprend que dans ce pays, également, les droits artistiques sont un combat permanent. De nombreux efforts ont été faits au cours des dernières années en matière de Droit d'auteur, et d'industries créatives. Mais, malheureusement, certains artistes font encore face à des marginalisations, des répressions de la part du gouvernement, de la société et souvent, d'eux-mêmes (autocensure). Toujours d'après les informations que nous avons reçues de la part des communicateurs d'Artérial, un autre point a été évoqué dans cette formation et qui représente un challenge pour la majorité des artistes présents et en Afrique en général : c'est celui de défendre l'artiste dans son environnement culturel. Une cause qui reste encore en cours de développement ... Mais qu'en est-il de la Tunisie ? Nous savons que notre pays, et ses acteurs culturels sont représentés dans le réseau Artérial et que ce programme Artwatch nous concerne autant que les autres. Comment cela se fait que ne soyons pas de la partie ? Nous y reviendrons pour de plus amples informations.