Pour jeter la lumière sur le travail réalisé par la société civile dans la lutte antiterroriste, La Presse a pris contact avec Arbia Jebali, présidente de Free Sight Association, une association qui travaille actuellement sur le « Tunisian Leaders for Human Security », un projet pour la résilience des jeunes Tunisiens embarqués dans le radicalisme et l'extrémisme violent Arbia Jebali a été invitée, en janvier dernier, dans le cadre du partenariat de son association avec Human Security Collective, une ONG hollandaise, par la Commission permanente des Pays-Bas auprès des Nations unies, pour présenter les efforts accomplis par son association dans ce domaine, en tant que société civile tunisienne. Il importe de savoir que ce projet tuniso-hollandais est mis en œuvre conjointement à Delft, à Amsterdam, et en Tunisie, dans six régions à risque : Médenine, Kasserine, Le Kef, Siliana, Tunis et Ben Arous. Objectif : éviter aux jeunes d'être manipulés par les réseaux terroristes et faire d'eux des citoyens et des leaders de changement positif dans le pays. Ce projet pilote est financé par le ministère des Affaires étrangères hollandais. Dans son intervention, Arbia Jebali a exposé le travail réalisé par son association dans la prévention contre l'extrémisme violent. Et pour mieux en appréhender l'ampleur et la profondeur, elle a passé une vidéo illustrant les différentes activités accomplies sur le terrain par douze jeunes Tunisiens, six filles et six garçons, qui lançaient des messages de paix dans les six régions suscitées. Les responsables de l'ONU ont salué la prise de conscience vis-à-vis de cette problématique, la compétence et la détermination de la jeunesse tunisienne à mener jusqu'au bout sa rude besogne. Manque d'études stratégiques C'est donc à travers ces formations et ces rencontres entre jeunes de tous bords que cette approche culturelle peut donner le résultat escompté, particulièrement dans les quartiers et les zones rurales frontalières à risque, selon la présidente de Free Sight Association. Pour plus d'efficience, cette dernière collabore avec les associations locales qui souhaitent apporter leur contribution à ce projet qui est l'affaire de tout le monde et qui nécessite le concours de tous. Et c'est dans ce cadre que FSA a établi plusieurs conventions de partenariat avec la société civile locale. Néanmoins, et en dépit de tous les efforts consentis par ses jeunes membres, de leur bonne volonté et de la coordination établie avec celle-ci, Jebali éprouve un grand besoin d'une réelle collaboration avec l'Etat pour donner plus de consistance à son action. Ceci veut dire travailler ensemble et être consultés à propos de la stratégie antiterroriste, afin d'être des partenaires efficaces et durables dans cette lutte, des acteurs qui soient capables d'agir sur cette situation et de la changer. Arbia Jebali rappelle que son association était invitée par l'Etat tunisien à deux workshops onusiens. Le premier, au mois de novembre 2015, sur la prévention contre l'extrémisme violent, dans le cadre de l'application des résolutions 1624 (2005) et 2178 (2014) du Conseil de sécurité, et en partenariat avec l'Icct (International center for counter-terrorism-La Haye) et le ministère des Affaires étrangères qui se charge de l'élaboration de la stratégie nationale contre le terrorisme. Le second, en janvier 2016, sur les poursuites judiciaires, en partenariat avec l'UE et l'Icct. Un troisième atelier sera organisé, prochainement, en Tunisie, dont ni la date, ni la thématique ne sont encore déterminées. Il est souhaitable de promouvoir la participation de la société civile à ces actions dans toutes les démarches entreprises à ce niveau, ce qui constitue la base même d'une démocratie naissante qui se veut concrète et solide. Tous ces efforts et toutes ces réussites pourraient être meilleurs s'il existait des études scientifiques sur le phénomène du terrorisme, fait remarquer la présidente de FSA. Depuis l'élaboration de leur projet, vers la fin de 2015, ils n'ont trouvé aucune étude qui soit susceptible de les aider à concevoir le profil d'un terroriste, les signes permettant son identification, les causes, etc. Elle explique que les études faites sur la Tunisie à ce sujet sont réalisées par des étrangers, alors que c'est à nos experts tunisiens qu'il appartient de procéder à de telles recherches, étant donné qu'ils connaissent mieux le phénomène, en plus du fait qu'ils sont les premiers concernés par cette question. Jebali se demande pourquoi on ne procède pas comme notre voisin le Maroc, où le Centre des études stratégiques de Rabat, qui a été agrémenté tout dernièrement, a réussi à élaborer sa première étude sur le terrorisme, d'autant plus que ce ne sont pas les compétences qui manquent en Tunisie, pour fournir une base de données en la matière à toutes les parties travaillant sur ce sujet crucial.