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Cultiver le dialogue et corriger les concepts
Société civile et violence
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 05 - 2016

La ville d'Hammamet était, la semaine dernière, le théâtre d'une rencontre intéressante entre des jeunes venant des deux rives de la Méditerranée, dans le cadre du Programme international d'échange culturel, organisé par Free Sight Association, intitulé «Volontaires contre la violence». Les débats théoriques autour de la définition, l'origine et les manifestations de la violence ont été enrichis par l'apport de l'expérience de chacune des associations participantes.
Pour rappeler la teneur des discussions au sein des ateliers qu'il a animé, l'expert Houcine Rehili a fait remarquer que la violence n'est pas, seulement, physique ou verbale, mais aussi symbolique. Le champ d'action de ce type de violence, qu'on qualifie aussi de douce, est aussi varié qu'élargi.
Machisme
La violence est présente à l'école, où les enfants étudient des matières religieuses malgré leur volonté, comme dans les traditions, où les parents imposent entre autres leur religion à leurs descendants, la publicité, les infos, dont l'instrument par excellence est la démagogie. Elle prend, donc, une forme douce tout en produisant des effets aussi néfastes que les autres types de violence, sinon plus. Et c'est là que le bât blesse, car celui qui la subit n'a, pratiquement, aucun recours. Il est dans l'obligation de digérer ses souffrances en silence, sous peine d'en subir davantage et d'être mis au ban de la société, pour apostasie ou autre cause non moins grave et puisée toujours dans le même registre, celui de la morale religieuse.
Dans les sociétés arabo-musulmanes, la violence est ainsi normative et normalisée. L'une des manifestations de cette violence sociale, c'est le sexisme et ses corollaires, le machisme et la misogynie, les caractéristiques des Orientaux, mais aussi de la civilisation ibéro-américaine. En effet, le nombre des femmes victimes de cette violence masculine est très impressionnant dans les pays du Maghreb, d'après les différents témoignages. Néanmoins, même celles des pays de la rive nord de la Méditerranée n'en sont pas épargnées. L'exemple effrayant en la matière a été présenté par de jeunes filles marocaines résidant en Italie. Il s'agit d'une certaine Barbara, une mère italienne de trois enfants sauvagement agressée et complètement défigurée par son amant jaloux, parce qu'elle s'est permise de prendre un café avec un collègue de travail. Le pire c'est qu'il n'a écopé que de quatre mois de sursis pour un crime qui doit être, normalement, puni de vingt-cinq ans de prison, suivant la législation italienne en vigueur. Les deux jeunes témoins estiment que cette complicité des autorités instaure une violence purement politique à l'encontre de la femme.
Les causes de cette violence perpétrée contre celle-ci sont aussi et surtout d'ordre matériel, en ce sens que les difficultés financières sévissant dans certains foyers nécessiteux provoquent une attitude hostile à son égard de la part du conjoint qui use de la violence pour la pousser à lui rapporter de l'argent par n'importe quel moyen. Pour contrecarrer ce comportement machiste et y faire face efficacement, des associations féministes marocaines assurent une assistance sociale et une formation juridique aux femmes afin qu'elles soient à même de se défendre sur le plan de la loi. Certaines d'entre elles recourent à des radios locales pour essayer de conscientiser les femmes, les accompagner psychologiquement, les soutenir financièrement et dénoncer les abus dont elles sont victimes. Les autres maillons faibles de la société et qui sont, donc, autant exposés à la violence, ce sont bien évidemment les enfants et les jeunes. Le moyen le plus efficient pour assurer leur protection contre la violence, c'est de les responsabiliser, comme on peut le constater à travers les différentes expériences présentées par les participants à ces ateliers.
Responsabiliser les jeunes
Parmi eux, Amel Abassi, vice-présidente du Forum des jeunes marocains pour l'échange culturel et la recherche scientifique (Fjmcs), qui nous fait part d'une expérience tant originale qu'instructive. Partant du constat selon lequel le maillon le plus faible c'est l'élève et le maillon le plus fort c'est la femme, cette association, implantée à Marrakech, a organisé, dans un premier temps, des activités au sein des établissements scolaires, et puis, elle a réalisé une émission de radio locale sur la violence scolaire, où elle invitait l'élève et la mère. Là, les deux parties ont commencé à mieux se représenter le phénomène. Celle-ci a réalisé ses défaillances, et s'est mise à dépasser les sentiments de la mère pour évoluer vers ceux de l'être humain qui doit assumer une fonction d'encadrement. Et l'élève, de son côté, a commencé à mieux comprendre l'espace public d'où il vient, les pressions qu'il subit, l'école ainsi que le rôle qu'il est appelé à jouer en son sein. Ce phénomène s'est élargi, ce qui a permis à la mère, qui est écoutée à la radio par des auditeurs, de se valoriser. Cette interaction traduit, en fait, la mission dont devraient se charger les médias dans la réforme de l'établissement scolaire, notamment en ce qui concerne le phénomène de la violence et de l'abandon scolaire. Et bien entendu c'est toute la famille qui se trouve impliquée dans ce programme, par le biais de la mère. La responsabilisation des jeunes est aussi illustrée de la plus belle des manières, par une expérience vécue en Espagne par un jeune issu de l'immigration, Nizar. Il est question de la médiation en milieu scolaire où les conflits et antagonismes entre les jeunes sont désamorcés par eux et entre eux, dans le cadre de cellules installées au sein de l'école où on apprend à écouter l'autre et à se mettre à sa place. A travers cette justice juvénile, les jeunes apprennent à cultiver le dialogue et à corriger les concepts. De plus, cette horizontalité suscite en eux la coopération, l'assimilation et l'initiative. Enfin, le projet pilote en matière de résilience des jeunes face à la violence et l'extrémisme religieux, qui recrute ses adeptes parmi cette tranche d'âge, est celui réalisé par «Free Slight Association», dans le cadre du projet «Tunisian leaders for human security». Ce projet d'un an et demi, qui a démarré en janvier 2016 et qui prend fin au mois de juin 2017, consiste à sélectionner douze jeunes des six gouvernorats frappés par le terrorisme. Deux mentors, âgés de 18 à 26 ans, sont chargés au niveau de chaque gouvernorat d'encadrer douze jeunes, appartenant à la même région, dont l'âge se situe entre 11 et 16 ans, et lesquels deviendront, à leur tour, des mentors et auront, donc, à accomplir la même tâche que leurs aînés, dans deux ans et avec le même nombre de jeunes, et ainsi de suite, ce qui permettra d'élargir, à l'infini, la plateforme des jeunes mentors impliqués dans ce projet.
Projet pilote à Siliana et Médenine
Deux expériences phares ont été présentées. Celle des binômes Olfa Dridi et le très dynamique et très dévoué Oussama Ayachi, à Siliana, et celle du duo Sarra et Issam Chammakh, à Médenine. Parmi les deux, cette dernière demeure la plus délicate, en raison des difficultés du terrain qui s'expliquent par la proximité de la Libye, mais aussi par le conservatisme des gens du sud. Ce qui veut dire que convaincre les parents de laisser leurs enfants s'engager dans un tel projet n'était pas une affaire aisée, comme l'a expliqué Sarra. Cependant, il a suffi d'engager la discussion avec eux, d'être réceptif vis-à-vis de leurs soucis et de leurs suggestions et d'amorcer le projet, pour que ces parents acquiescent à la demande et pour que les jeunes mentors s'y engagent passionnément. Leur implication de cette manière permet de les responsabiliser, puisqu'on leur offre l'opportunité de participer à corriger les concepts, les propager et les ancrer chez les autres jeunes. Donc, en attendant que l'Etat tunisien se décide à organiser son congrès national contre le terrorisme, nos jeunes tunisiens ont décidé de se prendre en charge eux-mêmes, avec le grand apport de Free Slight Association, pour lutter contre l'extrémisme par l'apprentissage et la propagation de la culture de l'antiviolence, dont les ingrédients sont la bienveillance, la tolérance et la cohabitation pacifique.


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