Tout en suivant ce qui se passe au Palais de Carthage sur la constitution du prochain gouvernement, l'attention sera focalisée d'ici fin juillet sur trois dossiers essentiels : la finalisation officielle de la réforme éducative, le dialogue national avec les jeunes et la réforme de la sécurité sociale Depuis l'avènement de la révolution de la liberté et de la dignité, il y a aujourd'hui près de six ans, s'est incrustée dans l'esprit des Tunisiens une idée selon laquelle la politique se fait presque exclusivement aux palais de Carthage, de La Kasbah et du Bardo, à Montplaisir, aux Berges du Lac, ou accessoirement dans la rue quand certains partis de l'opposition y recourent ou quand certaines structures syndicales en mal d'accord avec un ministre ou même un P.-d.g. décident de faire arbitrer la rue. Et cette idée de se renforcer davantage à la faveur de la consultation nationale qu'abrite le Palais de Carthage depuis début juin dernier sur la formation d'un gouvernement d'union nationale (demain on entame la discussion sur la structuration du gouvernement après la signature par les participants du document-synthèse, programme commun du prochain gouvernement) au point que plusieurs événements de dimension nationale prévus au cours de la saison estivale en cours passent inaperçus et ne retiennent pas l'attention des médias qui leur consacrent quelques lignes, tout au plus une dépêche informative produite par l'agence TAP. Parallèlement à ce qui se passe au Palais de Carthage dans le but de dénicher un remplaçant à Habib Essid ou de le confirmer dans son poste en lui imposant d'exécuter un programme à l'élaboration duquel il n'a pas pris part et dont il découvre le contenu sur les journaux comme n'importe quel citoyen, les Tunisiens vivront, d'ici fin juillet, trois événements dont l'issue décidera, dans une large mesure, de l'avenir à court et à moyen termes de leur pays. D'abord, le congrès national de la jeunesse qui sera précédé, dans les jours à venir, d'une grande consultation des jeunes aux quatre coins de la République (voir l'article de Kamel Ferchichi dans La Presse du samedi 9 juillet). Ce congrès devrait aboutir à la conclusion du Pacte de la jeunesse. Et c'est la raison pour laquelle le chef du gouvernement insiste «pour que ce congrès soit réellement représentatif et mette à contribution l'ensemble des jeunes du pays, tous âges et catégories sociales confondus».Et ce dialogue, qui intervient six ans après la révolution faite par les jeunes et pour les jeunes, devrait être couronné par la mise au point «d'une stratégie nationale de promotion et d'encadrement des jeunes» que les autorités seront appelées à exécuter avec la participation des jeunes eux-mêmes écartés jusqu'ici des postes de décision et qu'on considère toujours comme ayant besoin d'encadrement, de suivi et d'accompagnement.Considérés par l'article 8 de la constitution du 27 janvier 2014 comme «une force agissante au service de la construction du pays», on attend toujours comment l'Etat va permettre aux jeunes «de développer leurs capacités, d'épanouir leur énergie, d'assumer leurs responsabilités et d'élargir leur participation au développement social, économique, culturel et politique». En tout état de cause, le processus est enfin lancé et on verra les résultats auxquels aboutira la consultation des jeunes à travers le pays d'ici fin juillet et ce que le Congrès national des jeunes programmé pour le 12 août prochain va produire (au cas où il aurait lieu puisqu'on ne sait pas si le prochain gouvernement va le maintenir ou non). Ensuite, la conférence nationale sur la réforme éducative qui se tiendra les 15 et 16 juillet à l'initiative des trois partenaires du dialogue national sur la même réforme (ministère de l'Education, Ugtt et Institut arabe des droits de l'Homme). La conférence est censée parachever le dialogue entamé depuis plusieurs mois, adopter les rapports des différentes commissions techniques et examiner la stratégie d'information ou de promotion de la réforme éducative. A lire le communiqué sur la conférence en question, on découvre que les informations relayées ces dernières semaines sur ce que la rentrée scolaire 2016-2017 va connaître (le temps scolaire, la suppression de l'enseignement professionnel, le nombre des jours d'enseignement effectif qui atteindront 190 jours selon les ministres, le recyclage des enseignants professionnels, etc.) ne sont en réalité que des ballons d'essai et qu'on doit attendre la publication officielle de la nouvelle loi d'orientation scolaire pour savoir ce qui va changer effectivement. Néanmoins, il demeure une question que se posent les éducateurs, les parents et les élèves aussi : et si le prochain ministre de l'Education ou le superministre du pôle éducation, enseignement supérieur et formation professionnelle avait une autre approche qu'il voudrait appliquer ? Enfin, le symposium qu'organisent les 12 et 13 juillet à Hammamet, la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (Cnrps), la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) et la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) sur «La réforme des régimes de retraite et de l'assurance maladie : les problématiques et les défis». Les résultats attendus de ce symposium seront d'autant plus déterminants (à condition qu'ils soient pris en considération par les députés au moment où ils voteront la réforme) que c'est la première fois que la parole est donnée à ceux qui vivent quotidiennement les problèmes de la sécurité sociale et qui savent pourquoi et comment ces caisses sont devenues déficitaires. Jusqu'ici, on a attendu le ministre des Affaires sociales, les syndicalistes et les experts qui savent tout comme d'habitude. Cette fois, ce sera le tour de ceux qui sont en contact direct et quotidien avec les affiliés, qui reçoivent chaque jour les formulaires de remboursement et sont susceptibles de dévoiler les anarques ou de les laisser passer. Et pour conclure, il est permis de dire que ces trois événements (le dialogue avec les jeunes, le parachèvement de la réforme éducative et la réflexion sur la réforme de la sécurité sociale) ne manqueront pas à condition que les Tunisiens soient informés sur tous leurs détails à temps par le biais de déclarations officielles en bonne et due forme (non à travers Facebook et Twitter), de restaurer un tant soit peu la confiance du citoyen en les pouvoirs publics et de permettre à ce même citoyen de savoir où va la barque Tunisie.