L'Alliance de la société civile contre le projet de loi sur la réconciliation économique et financière a observé, hier, un sit-in devant l'Assemblée des représentants du peuple (ARP) en protestation contre la réconciliation économique et financière. Elles s'est réunie, hier, pour empêcher l'adoption du projet de loi de réconciliation, a déclaré à la presse Raoudha Grafi, présidente de l'Association des magistrats tunisiens (AMT). Selon elle, ce projet de loi est contraire aux dispositions de la Constitution et à la transition démocratique car il ne permet pas réellement de « rompre avec la corruption et n'évoque nullement la question des victimes de la corruption, fondement de la justice transitionnelle». « Il n'y a aucun intérêt économique à en tirer», a affirmé la présidente de l'AMT, indiquant que « le projet repose uniquement sur les déclarations des auteurs de la corruption au milieu d'une absence totale d'un quelconque mécanisme de contrôle». Grafi a, en outre, critiqué le fait de leur accorder l'amnistie sans reddition de comptes et de les maintenir en poste, ce qui, a-t-elle estimé, « ouvrira la voie à la reproduction d'un même système corrompu». La présidente de l'AMT a, par ailleurs, appelé la présidence de la République, auteur de l'initiative, à retirer le projet de loi de réconciliation économique et les députés à y faire face. Kamel Garbi, président du Réseau tunisien pour la justice transitionnelle, a pour sa part réclamé de retirer ce projet de loi et de ne pas le présenter en plénière pour « anticonstitutionnalité et incompatibilité avec la justice transitionnelle». Par sa volonté de faire passer ce projet, « le président de la République a divisé les Tunisiens». L'Alliance fera tout ce qui sera en son pouvoir pour faire face à l'adoption du projet de réconciliation, a-t-il souligné, annonçant que cette dernière soumettra à l'ARP un dossier contenant les preuves nécessaires contre ce projet de loi. L'Alliance de la société civile contre le projet de loi sur la réconciliation économique et financière regroupe une trentaine d'associations dont l'AMT, l'Observatoire tunisien de l'indépendance de la magistrature (Otim), le Réseau tunisien pour la justice transitionnelle et le Pôle civil de développement et des droits de l'Homme.