La soirée du 25 juillet du Festival de Carthage était aux couleurs tunisiennes. La présence du public était réduite mais le programme présenté était à la hauteur de l'événement du point de vue de la qualité des prestations des deux troupes proposées. Sonia Mbarek, ministre de la Culture, et Mohamed Zine El-Abidine, directeur du Festival de Carthage, ont assisté à ce spectacle de bout en bout. La première partie a été animée par l'excellent Orchestre national de musique sous la houlette du maestro Mohamed Lassoued. Après une «wasla» en guise de préambule, la talentueuse chanteuse Shahrazed Hellal, qui a pu se constituer un répertoire personnel avec des chansons qu'elle a elle-même composées, a démarré son tour de chant avec un refrain patriotique, événement oblige, «Bledi Laâziza» dont elle a composé la musique, puis un cocktail de chansons personnelles et du patrimoine tunisien, «Ya hmama tiri» ainsi qu'un hommage dédié à l'artiste Naâma dont elle a interprété la mélodie «Twassemt fik el-khir». Shahrazed Hellal a précisé qu'elle consacre son cachet au Fonds National de lutte contre le terrorisme. Elle est suivie par Olfa Ben Romdhane qui, avec sa voix suave et sa présence agréable, a également offert un bouquet de chansons bien rythmées dont «Salem», «Ya Tounes», «Khalina nkoun asshab», «Yoktel Hobi» puis un morceau classique du patrimoine tunisien «Assir wal Kamoun». Les spectateurs ont chanté et dansé sur ces refrains qu'ils ont l'air d'avoir bien appréciés. Puis, ce fut le tour de Mohamed Jebali de présenter les plus belles chansons de son répertoire, dont «Khalini Bjanbek», «Inti Lkol fil Kol», «Ach Essir Ellifik», «Y Hnayen», «Ya Kmar», «Chouk Hak Ezzine», «Yezik», «Haya weld Bledi», ainsi qu'une chanson qu'il a composée pour Soulef, «Lila Aid». Une variété de refrains légers qui ont animé comme il se doit la première partie de ce spectacle de circonstance. La deuxième partie a été confiée au groupe Fellaga dirigé par Nasreddine Chebli. Il s'agit d'un spectacle complet composé de musique, de chant, de danse et de séquences vidéo dont le principal protagoniste est Nasreddine Chebli. Comme son nom l'indique bien, le groupe chante les Fellagas qui ont combattu dans les montagnes arides pour libérer le pays du colonialisme. Fort de son Tanit de Bronze qu'il a remporté lors des dernières Journées musicales de Carthage, Fellaga s'appuie essentiellement sur les percussions et la chanson du terroir du Sud tunisien. Le premier chanteur a épaté l'assistance avec sa voix envoûtante et son interprétation impeccable proche de celle d'Ismaïl Hattab. Une prestation hors pair qui lui a valu les applaudissements nourris du public. Tabla, darbouka, cornemuse et autres instruments occidentaux, une association d'instruments bien structurée et surtout un orchestre de trente musiciens dirigés de main de maître par Nasreddine Chebli, qui a fait ses premiers pas dans la direction des percussions dans El hadhra de Fadhel Jaziri. Le spectacle a libéré les énergies certes mais a aussi montré que malgré l'association de plusieurs genres musicaux et les efforts d'artistes venus de différents univers, Carthage reste un espace trop grand, vu l'hostilité du public qui boude la musique tunisienne.