Organisée jeudi dernier à l'Agora, l'Urban Session, dans son édition première, est une véritable réussite ! Performances, organisation, public... tout était parfait à l'image de la Tunisie qu'on aime. Rien à dire, la pérennisation et le développement de cet événement-concept s'imposent de facto... Pari relevé haut la main pour l'Urban Session, organisée pour la première fois dans le cadre du Festival International de Carthage cette année. Hymne aux cultures urbaines tunisiennes, cet événement-concept et laboratoire de surcroît, a affiché complet jeudi dernier. Il a mis sous les projecteurs quatre projets artistiques d'une grande qualité, disons-le d'emblée. Des projets initiés et exécutés par des jeunes issus de la sphère underground, venus tout droit de nos quartiers. Des jeunes pétillants de vie et de créativité, des jeunes avec l'Art qui coule dans les veines et avec un esprit aussi ancré dans sa tunisianité qu'il est ouvert sur les cultures d'ailleurs. Au mode alternatif... Le format de cette édition est de 45 minutes de spectacle et 15 minutes de débat. L'occasion était pour le public, très conquis d'ailleurs, de savourer différentes facettes du street art à travers une formule originale. Les performances au mode alternatif étaient fortes en émotion avec, souvent, un brin d'humour, beaucoup même. Des performances fort accrocheuses qui véhiculent toutes un message, expriment des réalités bien ancrées dans notre quotidien. Nos coups de cœur : la création chorégraphique d'Art Solution dansant entre hip-hop et théâtre ainsi que Ciné'Slam alliant musique, slam et projection de courts-métrages («Rouge et noir» de H. Jomini, «Bobby» de M. Barsaoui, et «Pousses de printemps» de I.Belaid). Deux approches décalées fort prometteuses (et pourquoi pas porteuses), sortant des sentiers battus et s'émancipant des étiquettes souvent collées aux arts de la rue. Du reste, si le groupe El Fann Sleh a donné le coup d'envoi en douceur, nous berçant avec les airs des guitares acoustique et électrique, du oud et d'autres instruments, El Banda a bouclé la boucle en allumant les feux tout en rap ! Un jeune, des jeunes... Finalement, Urban Session a eu le mérite d'offrir une visibilité et peut-être même un tremplin à des jeunes mordus d'Art. Des jeunes qui ont choisi une voie autre que celle de l'extrémisme ou de la délinquance. Et c'est loin d'être un discours condescendant ! La balle est maintenant dans le camp des producteurs et programmateurs artistiques pour promouvoir ces talents. Car l'avenir de la Tunisie viendra, en grande partie, des «hors-circuit», nous en sommes convaincus ! Si Urban Session est une réussite, c'est, il faut le dire, grâce au professionnalisme de Kerim Bouzouita, initiateur-directeur artistique — et plus — de cette édition. Un autre jeune talentueux aux multiples casquettes (musicologue, universitaire, guitariste, journaliste, chroniqueur...) parmi ceux qui font notre fierté. L'histoire a, en effet, montré que lorsqu'on confie une responsabilité à des jeunes compétents, le succès se trouve toujours au tournant ! Nous l'avons vu avec Radhi Sioud, directeur artistique du Centre des musiques arabes et méditerranéennes, et avec bien d'autres qui évoluent loin des projecteurs et dans des univers différents. Quant à Urban Session : Parole de femme : petit événement sera certainement grand festival !