Le PDL, Parti destourien libre à référence bourguibienne, voit le jour sur les ruines du Mouvement destourien. Son bureau politique est composé de 23 membres Trois jours après sa désignation à la tête du Mouvement destourien, succédant ainsi au Dr Hamed Karoui, son président fondateur sortant de son plein gré, et coordinatrice du Mouvement destourien, Mme Abir Moussi, ex-secrétaire générale adjointe du RCD dissous, a donné, hier matin à Tunis, une conférence de presse au cours de laquelle elle a révélé les tenants et les aboutissants du congrès constitutif qui s'est tenu samedi dernier à l'ancien siège du PSD avant d'être rebaptisé, en 1988, Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), en concomitance avec la fête de la Femme. Une date, certes, symbolique pour un vieux parti foncièrement ressuscité, se mettant, alors, dans la peau d'un mouvement à obédience bourguibienne, née dans le giron de la révolution du 14 Janvier. « Nous revenons, sans retenue, dans l'arène politique avec beaucoup de courage, de fermeté et de réalisme... », annonce Mme Moussi devant les médias. Pari sur l'héritage bourguibien Ainsi le Mouvement présidé par Mme Moussi s'impose comme une nouvelle force politique qui pourrait changer la donne. D'autant plus qu'il est fier, à ses dires, d'être de « pur-sang destourien » et bourguibien de souche dont les racines puisent dans un legs historique presque centenaire. Mais, quoi de neuf après son congrès constitutif ? Presque rien. A moins que les congressistes se cherchent une nouvelle virginité. Outre le fait de s'accorder, à l'unanimité, sur le choix de Mme Abir Moussi pour la présidence du Mouvement, il a été aussi convenu d'introduire des amendements sur son statut, à même de procéder à des modifications de taille. Le Mouvement a ainsi changé de nom pour devenir, tout bonnement, le Parti destourien libre (PDL), en référence au Néo-Destour fondé le 2 mars 1934 par le leader Bourguiba, suite au fameux congrès de Ksar Helal qui fut, alors, dissident du parti de Abdelaziz Thâalbi constitué en 1920. Quatre-vingt deux ans après, l'héritage bourguibien fait encore débat et tient bon. Fausse copie du RCD Tout en gardant la même structure propre au parti-Etat de Ben Ali, à quelques modifications près, le PDL subit certaines retouches d'identité visuelle : le même flambeau porté par deux jeunes, une fille et un garçon, signifie que le principe de parité homme-femme est consacré et que l'action participative ne cesse de progresser, ainsi décrit-on le nouveau logo du parti. Sa devise en dit aussi long, sur fond d'un slogan qui paraissait creux et trop consommé : « Maintien de l'engagement et continuité de la mission ». «Nous sommes disposés à traduire dans les faits cette parité, au sens vertical et horizontal, d'une manière plus efficace et tangible tendant à faire des destouriens des acteurs politiques aussi agissants que crédibles», confie-t-elle. Autre reconfiguration, le remplacement du bureau exécutif par celui politique « Addiwen assiassi ». Le comité central sera désigné par la structure issue du congrès national. Ont été supprimées la cellule et la fédération. Nouveau bureau politique D'après Mme Moussi, entourée des membres du nouveau bureau politique issu dudit congrès, cette restructuration du parti est due essentiellement à l'autocritique du mouvement. L'objectif, a-t-elle ajouté, est de permettre une large représentativité des compétences destouriennes, mais aussi d'une prise de décision partagée, dans un climat de démocratie participative. Il est aussi question de miser sur le rajeunissement et d'élargir le cercle des dirigeants politiques au sein du parti. Il y a aussi intention de constituer des structures consultatives, d'une académie politique et d'un conseil national des résistants et militants. N'est-ce pas une copie de l'organigramme du RCD ? Et de conclure : « Le nouveau Parti destourien libre demeure ouvert à toutes les compétences du pays et à tous ceux qui désirent le rejoindre... ». Il s'agit, somme toute, d'un « bond qualitatif » dans l'exercice politique, tout en s'inspirant du modèle bourguibien basé sur la politique de communication directe. A noter que le bureau politique issu du congrès constitutif du 13 août dernier se compose de 23 membres, y compris la présidente. M. Hatem Lâamari est désigné secrétaire général. A ses côtés œuvre une équipe de six secrétaires généraux adjoints choisis sur le principe de la parité, et dont chacun aura à sa charge un dossier à suivre.