L'analyse de la Banque centrale de Tunisie de l'évolution des échanges commerciaux, durant le premier semestre 2016, n'est pas rassurante. Les différents indicateurs enregistrés jusque-là sont justement peu convaincants. Selon l'analyse de la BCT, certains éléments conjoncturels au double niveau national et international expliquent, en bonne partie, ces résultats décevants. Il s'agit surtout de la baisse des cours internationaux des produits pétroliers de 30,9%, de la régression de la production de l'huile d'olive durant la campagne actuelle comparativement à la récolte exceptionnelle de l'année précédente, et de la chute spectaculaire des exportations du secteur de l'agriculture et notamment de l'agroalimentaire. Face à cette conjoncture, le rapport de la BCT retient une détérioration de la balance commerciale avec un déficit de 368 MD contre 314 MD seulement durant la même période de l'année précédente, une forte baisse des exportations de l'huile d'olive (443 MD contre 1.288 MD, une année auparavant), le fléchissement, d'une manière générale, des exportations et aussi des importations respectivement de 1,3% et 1,5%, alors que le taux de couverture a enregistré une légère amélioration de 0,2 point pour se situer ainsi à 70, 3%. Mais l'élément le plus inquiétant reste sans aucun doute l'aggravation du déficit commercial de 149,4 MD à 3, 6 milliards de dinars. Meilleure orientation des exportations Et il faut reconnaître qu'en plus de l'effet conjoncturel, la timidité des indicateurs enregistrés au cours du premier trimestre de l'année 2016 s'explique également par l'absence d'une politique commerciale extérieure agressive et efficace, ce qui justifie toujours cette incapacité inquiétante de bien se positionner sur les nouveaux marchés porteurs. Ce qui permet encore une fois à l'Union européenne de préserver sa position en tant que premier marché des exportations tunisiennes, notamment pour les industries manufacturières, alors que sur d'autres marchés, au niveau des pays de l'UMA ou encore asiatiques, la présence est encore timide. L'on estime d'un autre côté que le cadre réglementaire de nos échanges commerciaux impacte directement nos indicateurs. L'analyse de la BCT montre que pas moins de 66% du capital sont détenus actuellement par des non résidents, financés par un apport en devises et pas moins de 50% des ventes sont orientés vers l'export. On précise dans ce même contexte que 75% des sociétés non résidentes opèrent sous le régime off-shore, ce qui leur permet de bénéficier d'avantages financiers et fiscaux très importants. Pour ce qui est des sociétés résidentes, la situation n'est pas totalement avantageuse, notamment en termes d'importations, ce qui explique d'ailleurs un déficit énorme et qui s'est situé au premier trimestre de 2016 aux alentours de 5 milliards de dinars. Cette situation peu confortable exige aujourd'hui la mise en application de nouvelles approches commerciales qui soient en mesure de mieux orienter nos exportations, de mieux les positionner sur les marchés porteurs et surtout de mieux gérer les importations. Ces nouvelles approches doivent tenir compte d'une meilleure implication du secteur privé à travers surtout l'élimination de toutes les entraves qui l'ont empêché jusque-là de s'exprimer pleinement.