Par Abdelhamid Gmati On savait que le terrorisme n'a pas été éradiqué, malgré les opérations réussies des forces sécuritaires et de l'armée. Et les terroristes eux-mêmes viennent nous le rappeler, avec cette attaque au mont Semmama, dans le gouvernorat de Kasserine, faisant encore des martyrs, morts et blessés, parmi nos soldats. On nous dit que la riposte des forces armées a certainement fait des victimes parmi les assaillants. Cette opération terroriste, la énième depuis ces dernières années, nous amène à quelques interrogations sans se voiler la face. Etre en embuscade et lancer une attaque contre une armée bien structurée et en état d'alerte, suppose un certain nombre de conditions : d'abord, connaître le terrain pour choisir l'endroit propice à l'attaque ; ensuite être au courant des mouvements des militaires pour chronométrer le moment de l'attaque ; pouvoir se déplacer et agir au moment propice sans éveiller les soupçons. Tout cela suppose que les terroristes sont de la région et passent inaperçus ; ou alors, ils ont des complices et des informateurs sur place. Les ratissages effectués par les militaires dans la région ont permis d'établir que les assaillants possédaient des approvisionnements et des équipements tout neufs. Ayant utilisé des lance-roquettes, des grenades et des fusils d'assaut, il y a lieu de se demander comment ils ont pu se mouvoir, s'approvisionner et préparer leur coup sans être remarqués. On se demande aussi où sont passés les gardes forestiers réputés connaître parfaitement ces montagnes. Et d'où viennent donc ces terroristes ? On sait que la frontière avec l'Algérie est pratiquement bouclée par les forces sécuritaires et militaires des deux pays. On nous dit que les défaites de l'organisation terroriste Daech en Syrie, en Irak et en Libye a contraint ses « jihadistes » à fuir vers leurs pays d'origine, les Tunisiens, parmi eux, tentant de rentrer en Tunisie. Certains ont été arrêtés à la frontière, soit par les Libyens, soit par les Tunisiens. Mais il y en a certainement qui se sont infiltrés, probablement grâce à des complicités dans la région et soit avec l'aide de contrebandiers. Habib Essid, l'ex-chef de gouvernement, a affirmé, il y a trois jours, que durant son mandat « 18.000 jeunes tunisiens ont été empêchés de voyager dans les zones de tension, essentiellement la Syrie, la Libye et l'Irak ». Au mois de mai dernier, le ministère de l'Intérieur assurait que « les unités sécuritaires sont parvenues à empêcher environ 1877 Tunisiens d'atteindre les zones de conflits, et ce depuis le début de l'année courante ». Et que « 140 individus, qui assuraient les voyages de ces jeunes, ont été arrêtés ». Il y a une semaine, on nous informait que « quatre individus appartenant à une cellule terroriste ont été arrêtés dans la nuit du vendredi 26 août, alors qu'ils étaient en train d'effectuer des exercices militaire dans le Mont dit Mayana sis à Tébourba (gouvernorat de la Manouba)». Dernièrement, dans une vidéo diffusée par les sites de propagande de Daech, on peut voir 5 enfants, âgés de 10 à 13 ans, en tenues de combat, de différentes origines (un Tunisien, un Britannique, un Egyptien, un Kurde et un Ouzbek) qui exécutent, avec des revolvers, des prisonniers punis pour avoir combattu l'organisation terroriste et lui avoir repris des territoires au nord de la Syrie. Et c'est l'enfant tunisien, surnommé Abou Al-Baraa Ettounsi qui a été chargé de justifier l'exécution des 5 hommes: «Personne ne peut sauver les Kurdes, même s'ils sont soutenus par l'Amérique, la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, ou même tous les diables réunis». On savait que l'organisation terroriste compte des centaines de Tunisiens dans ses rangs. Mais voilà qu'il y a aussi des enfants.Dans une publication de Daech, reprise par le quotidien koweïtien « Al Raï », l'organisation terroriste encourage ses « loups solitaires » à perpétrer le maximum d'actes pour déstabiliser les pouvoirs dans leurs pays de résidence. Ainsi, Daech préconise de mettre de la mort-aux-rats dans les viandes, les légumes et les vins par ceux qui manipulent ces denrées. De même, l'organisation encourage ses loups solitaires à user des feux d'artifice dans les zones de grande affluence pour créer la panique, et à multiplier les fausses alertes à la bombe, le tout pour émousser la vigilance des services de l'ordre. Habib Essid a affirmé, lundi, que la guerre contre le terrorisme que son gouvernement a entamée n'est pas uniquement militaire ou sécuritaire, « il faut combattre le terrorisme à la racine ». Cela a-t-il été fait sérieusement ? Certes les forces de l'ordre démantèlent, régulièrement, des cellules dormantes et arrêtent des terroristes fomentant des attentats. Mais s'attaque-t-on efficacement à ceux qui endoctrinent et recrutent ? Dernièrement dans une école, on pouvait voir des enfants en bas âge brandir des drapeaux d'Ennahdha. Enseigne-t-on aux enfants les rudiments de la lecture et du calcul ou les initie-t-on à la politique. A-t-on réellement « assaini » les mosquées et banni les discours politiques et extrémistes ? Le terrorisme est un phénomène trop sérieux, trop grave, pour être traité à la légère. Quand on est en guerre, il faut qu'elle soit totale. Sinon, on aura encore, et encore, des attentats meurtriers. Et on déplorera encore des victimes.