Redoutant «l'espionnite», le sélectionneur libérien a malicieusement brouillé les cartes lors du test de mercredi dernier face au Maroc. A 49 ans, George Weah se prend toujours pour un joueur du Lone Star. Sa passion et son engagement pour la sélection du Liberia l'ont amené à venir à Monastir pour suivre la prestation décisive de ses héritiers, aujourd'hui contre la Tunisie. Vendredi, il s'est même entraîné avec les hommes de James Debbah à l'annexe du stade Ben Jannet pour la première séance «tunisienne» des «Bleu et Rouge». Le sélectionneur actuel a fait partie de la sélection conduite par Mister George qui a failli barrer la route du Mondial 1998 aux Aigles de Carthage. C'est dire l'esprit de famille qui marque la sélection d'Afrique de l'Ouest qui a souvent manqué d'organisation, de logistique et de structures, Weah suppléant ces carences pour payer les billets, rassembler les joueurs éparpillés aux quatre coins du globe et parfois même pour les entraîner. Star planétaire ayant évolué à Monaco, au PSG, à l'OM, à Milan, à Chelsea, à Man City..., Ballon d'Or 1995, il était resté accroché à ses racines et très proche de la sélection de son pays avec laquelle il disputa une soixantaine de rencontres, inscrivant 22 buts. Son ancien coéquipier James Salinsa Debbah tient aujourd'hui les rênes de la sélection. Très attaché à Weah qu'il appelle affectueusement «cousin», il a, lui aussi, évolué au plus haut niveau (PSG, Monaco, Nice, Lyon...) et connaît par conséquent la chanson. Cet ancien avant-centre à l'efficacité redoutable (42 buts en 72 sélections, meilleur buteur de tous les temps en sélection) a compris mercredi dernier qu'il ne lui fallait pas découvrir ses armes à l'occasion du match amical disputé à Fès par ses joueurs contre la sélection marocaine des joueurs locaux. Il brouilla les cartes de peur que l'émissaire envoyé par la fédération tunisienne pour espionner le Lone Star ne prenne le pouls des siens. Résultat: les jeunes Marocains l'ont emporté (4-2). Glay Dirkir (41') et Emile Damey (80') ont réussi les deux buts libériens. L'invité du président fédéral Le Liberia va chercher ce soir à Monastir sa troisième qualification en phase finale de Coupe d'Afrique des nations. Lors de ses deux seules CAN, en 1996 et en 2002, il ne réussit pas à passer la phase des poules. Ce soir, un nul peut suffire à son bonheur, mais Debbah se veut mesuré: «La Tunisie reste une très bonne équipe quand bien même elle n'est pas actuellement à son meilleur niveau, observe-t-il. C'est toujours un match de foot où tout peut arriver. De notre côté, nous sommes très fatigués par le long voyage effectué». Les cadres habituels William Jebor, Theo Weeks, Anthony Laffor, Teah Dennis et Dioh Williams seront tout à l'heure au rendez-vous. De son côté, décrit comme étant une machine à marquer des buts, Francis Grandpa Forkey Doe , qui évolue en Malaisie, a été convoqué par... le président de la fédération (LFA), Musa Bility. A l'insu du sélectionneur Debbah ? C'est aussi cela, le foot libérien: une «anarchie créatrice» où chacun peut faire ce qu'il veut et marcher sur les platebandes d'autrui.