Ouverture mardi soir du festival international du film des droits de l'homme avec le film «Lost in Tunisia». C'est au Rio qu'à été donné le coup d'envoi de cette 4e session du festival international du film des droits de l'homme. Une session qui, d'après sa programmation et son organisation, semble avoir acquis un peu plus de maturité dans son parcours tout en habituant en quelque sorte le public tunisien à une culture des droits de l'homme véhiculée par le grand écran. Rappelons que cette manifestation est organisée chaque année par l'association Actif présidée par Elyes Baccar, l'initiateur de ce festival. Mais cette année, Elyes Baccar a cédé sa place de directeur du Festival à l'universitaire et critique de cinéma, Kamel Ben Ouanès, pour occuper le poste de directeur artistique. Un festival qui a également développé l'idée de travailler en réseau et c'est pour cela qu'on retrouve dans son catalogue la présentation du réseau arabe des festivals des films sur les droits de l'homme (Anhar), le Festival Karama et One world festival en république Tchèque qui constitue l'un des plus grands festivals spécialisés dans les films des droits de l'homme. Le moins qu'on puisse dire, c'est que la programmation de cette année est à la hauteur de ce travail en réseau et de cette ambition de se mettre au diapason du niveau international. Après le mot de bienvenue, Elyes Baccar présentera succinctement son film. «Ce film rend hommage à la femme tunisienne mais aussi reflète les questions que je me suis posées sur la nouvelle Tunisie de l'après-14 janvier déclare-t-il, une Tunisie que je ne reconnais parfois pas et où j'ai l'impression d'être perdu» dit-il. Suivra la projection de «Lost in Tunisia». En voici le synopsis «Après les élections qui ont suivi la révolution en Tunisie, ainsi que les violences qui ont secoué le pays, un auteur cherche à faire un film sur la question de la femme dans son pays. Il fait de son questionnement l'objet de son film et se met à la recherche des thématiques de son sujet». Le film dure 70 minutes et propose un sujet intéressant dans la mesure où il repose la question des droits de la femme après la révolution et à un moment où tous ses acquis sont menacés par les courants islamistes qui ont pignon sur rue après le départ de Ben Ali. Le film, tout en errant entre les campagnes et les villages du sud et du nord, tente d'interroger également l'imaginaire tunisien (à travers des rencontres avec des enfants et des adultes) sur le rapport qu'il entretien avec la femme. Un film d'ouverture qui s'inscrit dans les objectifs de l'édition 2016 qui s'articule autour de deux sujets : le terrorisme et les moyens d'y faire face et la condition de la femme toujours sous la menace des courants obscurantistes. À la question de savoir quelle est l'utilité d'un tel festival en Tunisie aujourd'hui, Kamel Ben Ouanès a répondu : «C'est un festival d'une grande utilité, d'abord, parce qu'il montre que les valeurs qu'on scande tout le temps, à savoir tolérance, droit à la différence entre autres ne sont pas creuses et qu'elles ont une assise culturelle. À mon sens, ces valeurs doivent être cristallisées dans des œuvres artistiques. Ce genre de festival permet, également, au public de savoir lire un film d'une certaine manière. C'est-à-dire trouver cette articulation entre un message humaniste et un langage cinématographique de qualité. Ça devrait pousser le public à se poser la question suivante : qu'est ce qu'un film des droits de l'homme ? Selon le classement de la critique, il n'y a pas de genre appelé les films des droits de l'homme. C'est un festival de cinéma qui traite de ces valeurs mais ces valeurs trouvent leur ancrage dans une œuvre d'art».