Cinéma de la paix ? C'est bien de poser la question parce que le cinéma n'aime pas la paix. La plupart des films du monde penchent plutôt pour les conflits de société, économiques ou politiques. La guerre à l'écran est beaucoup plus représentée et plus appréciée que la paix. Pourtant, le Club de Tunis de la Fédération Tunisienne des ciné-clubs, qui cherche un rôle à jouer dans le paysage audiovisuel, défend mordicus cette thématique en se posant toujours la question de ce cinéma de la paix. Existe-t-il vraiment ? Intéresse-t-il le public ? De quelle paix s'agit-il ? La question a été débattue au cours de la conférence de presse organisée, hier à la Maison de la Culture Ibn Khaldoun en présence de deux ou trois journalistes. Les protagonistes de la manifestation ont dû attendre plus d'une demi-heure l'éventuelle arrivée des représentants des médias mais ont du déchanter. Le sujet en question ne semble pas attirer du monde sans compter que l'affiche de cette 12ème session est d'une brutalité et d'une vulgarité pour le moins repoussantes. « Cette session est une grande brèche pour donner un éclairage sur un cinéma alternatif », indique l'un des intervenants et d'ajouter qu'il « n'existe pas un modèle de paix qui résout les problèmes même les Nations Unies n'ont pu trouver une issue ». « Le cinéma de la paix ? » est la plus importante manifestation cinématographique de la FTCC. La première session en 2000 a été une réussite. La 2ème a connu des aléas à la suite de la projection d'un film de Néji El Ali. Résultat, le festival, qui se tenait à la maison de la culture Ibn Rachiq, a dû se déplacer au Teatro. « Malheureusement, cette année, nous n'avons pas pu reconquérir la Maison de la Culture Ibn Rachiq alors nous nous sommes dirigés vers la Maison de la Culture Ibn Khaldoun », avoue l'un des organisateurs. Tourné vers l'homme beaucoup plus que vers l'art pour l'art, le festival opte pour les films d'auteurs. « Notre Fédération tend à développer la notion de cinéma non commercial en continuité en développant la thématique esthétique et humaine » explique-t-il. Cette 12ème édition a été organisée grâce au soutien financier du Ministère de la Culture qui a accordé, pour la première fois depuis que le festival existe, une subvention de 7000 mille dinars. Les autres organismes ayant contribué au soutien du festival sont : la Fondation Friedrich Ebert Stiftung ; Goethe Institut, Institut français de Tunisie, Institut culturel italien, la FTCA et l'UGTT. Le menu comprendra à l'ouverture, le 19 mars, une performance artistique dans la rue avec l'association Tanitarts, suivie d'une projection avec débat du film »Teza » de Hailé Gerima. L'immigration clandestine avec l'exode de jeunes vers Lampedusa en quête de rêve avorté qui a eu lieu depuis le 14 janvier. « Il y a des films tunisiens sur la question mais qui ne sont pas encore prêts. Cependant, des rushs d'un film tunisien seront montrés » a promis l'un des organisateurs. Mais ce qui est à peu près sûr c'est que le 20 mars, le thème de l'immigration clandestine sera au centre du film italien « I nostri anni migliori » de Matteo Calore et Stefano Collizzolli. Une table ronde sera organisée à cette occasion et réunira le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux avec la participation des cinéastes ayant travaillé sur ce thème. La question de l'environnement sera abordée le 21 mars avec la projection du film « Recipes Desaster » de John Webster accompagné d'un débat sur la contribution de l'audiovisuel dans la promotion de la cause environnementale. Le jeudi 22 mars, projection d'une nouvelle production du Burkina Faso d'après un fait réel qui a eu lieu en 2003 en Côte d'Ivoire. Il s'agit du film « Bayiri , la patrie » de S. Pierre Yameogo. Un atelier sur « l'éducation à l'image et les outils de communication » animé par Bartolome Woznica alimentera la thématique des Droits de l'homme. Les 23 et 24 mars seront consacrés au « Cinéma de la paix pour enfants ». Cette 2ème session rendra hommage à Saida Chérif ex-présidente de cette section et pariera sur les jeunes de la FTCC et les animateurs. Le cinéma tunisien sera honoré grâce à une dédicace aux ancêtres du cinéma classique. Un atelier d'histoire du cinéma sera proposé ainsi que du cinéma d'animation, une projection du film français « Les Choristes », du documentaire mexicain « Los Herederos » de Eugénio Polgovski et une série de courts métrages tunisiens dont un film réalisé par Fatma Skandrani qui sera présente au débat. Vivre avec l'autre rendre un hommage aux enfants de la Palestine dont la vie est différente des autres enfants, un atelier de graffiti initiation pour les enfants, telles sont les autres activités de cette section enfantine. D'autre part, le critique de cinéma Kamel ben Ouanès animera une séance d'analyse filmique autour des œuvres du cinéaste français Jacques Tati. Sans oublier également les ateliers nocturnes à l'auberge de la jeunesse atour du « langage cinématographique et techniques d'animation d'un débat » animé par Nacer Sardi ainsi qu'une initiation au support 16mm dirigée par Ridha Gdissa. La clôture sera sous le signe de la Palestine avec la projection de « L'attente » de Rachid Masharoui et un concert de musique alternative des groupes : « Kif el Kef » et Slam avec Anis Zgarni. Cinéphiles non résistants s'abstenir !