D'évidence, la plénière est marquée par le sceau de l'urgence. Sans quoi les textes de loi auraient été examinés au cours de la future session ordinaire. Pourtant, entre l'ordre du jour prévu et la pratique, il y a eu hier un fossé qui paraissait infranchissable. S'agissant de la session extraordinaire entamée mardi 6 septembre qui court jusqu'au 30 du mois, s'est tenue hier la première plénière de ladite session au palais du Bardo. Le perchoir était au grand complet avec le président Mohamed Ennaceur épaulé des deux vice-présidents. L'ordre du jour initial étant l'examen du projet de loi promulguant le code d'investissement ; ainsi que la ratification de la convention de prêt conclue le 14 juillet dernier entre le gouvernement tunisien et la Banque africaine de développement. Deux membres du gouvernement étaient présents : Fadhel Abdelkéfi, ministre du Développement et de la Coopération internationale, et Iyed Dahmani, ministre chargé de la relation avec le Parlement. Moins des deux tiers des parlementaires ont fait le déplacement, le tableau a affiché 135 présents au démarrage. Le nombre n'a cessé cependant de baisser à mesure que la séance avançait. Informations de taille, quatre femmes ont fait leur entrée d'un coup à l'hémicycle : Hager Ben Cheikh Ahmed, Faten Weslati, Karima Dagguess et Lamia Dridi. Représentant respectivement les formations politiques Afek Tounès, Al Joumhouri, Ennahdha, et le Bloc social-démocrate. Ce dernier a été dissous, puisque ne comptant plus que 6 parlementaires. Les nouvelles recrues ont prêté serment sous les applaudissements de leurs collègues. Suspicions de corruption D'évidence, la plénière est marquée par le sceau de l'urgence. Sans quoi les textes de loi auraient été examinés au cours de la future session ordinaire. Pourtant entre l'ordre du jour prévu et la pratique, il y a eu hier un fossé qui paraissait infranchissable, avec les revendications non réalistes, les provocations électoralistes et les passes d'armes sans fins entre les élus. Résultat, toute la matinée s'est écoulée entre les cris et les accusations, et le bruit du marteau du président. Des députés ont demandé la parole pour évoquer les événements de Fernana et le décès de Wissem Nasri qui s'est immolé et a succombé à ses blessures dimanche dernier. La ville étant sous haute tension comme d'ailleurs la plupart des régions intérieures. Cette tragédie remet à l'ordre du jour, comme c'était prévisible, les problèmes endémiques dont souffre l'intérieur du pays et pourquoi pas tout le pays. L'indice de développement en berne, le taux de chômage qui flambe, l'état défectueux des infrastructures, quand il y en a, et les lourdeurs bureaucratiques. Ce qui n'arrange pas les choses, il y a presque toujours des suspicions de corruption et de détournement de fonds publics qui planent sur les autorités qu'elles soient locales ou centrales. C'est encore le cas, hélas, dans cette tragique affaire. Le héros malgré lui Mais il a fallu qu'un député, habitué à cet exercice, mette en avant ses exploits et s'érige en héros. Lui, Faycel Tebbini (Parti de la voix des agriculteurs), qui a su aller au cœur de la tempête, braver la peur et la colère de la population pour la calmer enfin, lui le messager de tous les damnés et des habitants de Fernana. Il a accusé ses collègues de se dérober de leurs responsabilités, le gouvernement d'oublier une partie de la Tunisie, en s'attribuant le beau rôle et annihilant d'un revers de la main les actions des autres élus, particulièrement ceux qui représentent la région du Nord-Ouest. Se sentant attaqués frontalement, d'abord les députés concernés, ensuite tous les autres, ont demandé la parole, et la liste des noms s'est allongée à volonté. Toutes les interventions qui ont suivi ont adopté cependant la même démarche. Attaquer le premier intervenant, se défendre ensuite en détaillant faits et gestes en faveur de Fernana et des régions dites marginalisées, moyennant des appels au gouvernement, des lamentations et des cris de colère. La séance publique tenue en session extraordinaire pour examiner le nouveau code des investissements et justement faire avancer les choses tourne au pugilat. Rien n'a pu arrêter le flux de paroles. Si ce n'était le point d'ordre de la députée Monia Brahim qui a alors appelé la présidence, puisque c'est ainsi, à modifier l'ordre du jour de la séance ! Rien ne fut fait, et les interventions ont continué sur la même lancée. Ceci étant dit, tant que pèseront sur le pouvoir et sur ceux qui le représentent des soupçons de corruption et de malversation, tant que le déficit de confiance sera cultivé, les adversaires de l'Etat et de la stabilité du pays auront du grain à moudre. Les derniers soulèvements le montrent. Les Tunisiens sont à bout de leurs forces et de leur capacité d'endurance. Ce sont des solutions pratiques pour exécution immédiate qu'il faut et des responsables intègres et volontaires. Les paroles ? Autant verser dans un tonneau troué. Les nouveaux députés prêtent serment Le président de l'Assemblée des représentants du peuple, Mohamed Ennaceur, a annoncé, hier, que les sièges vacants des députés, nommés membres du gouvernement, ont été comblés. Les nouveaux députés ont prêté serment en vertu de l'article 24 du règlement intérieur de l'ARP. Il s'agit de Hager Ben Cheikh Ahmed (Afek Tounès), Lamia Dridi (Alliance démocratique), Karima Tazzek (Ennahdha) et Faten Oueslati (Al-Joumhouri). Ces derniers remplacent respectivement Riadh Mouakher, Mehdi Ben Gharbia, Saïda Lounissi et Iyad Dahmani. Le président du parlement a, également, annoncé, à l'ouverture de la plénière consacrée au parachèvement de l'examen du Code de l'investissement, la démission du député Tahar Fedhil du groupe parlementaire de l'Union patriotique libre et la dissolution du groupe social-démocrate qui ne compte plus que six membres. Selon le règlement intérieur de l'ARP, le groupe parlementaire doit être constitué d'au moins sept membres.